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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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ordres donnés en vertu de ce parchemin.
    – Où t’es-tu procuré cela ?
    – Peu importe. L’essentiel est que je l’ai. Je sais ce que
je voulais savoir. Je vais te quitter. Il ne faudra dire à âme qui
vive que tu m’as vu en possession de ce parchemin.
    – Pourquoi ? Que veux-tu en faire ?
    – Ce que je veux en faire ! Je n’en sais rien encore.
Je cherche. Et à force de chercher je finirai bien par trouver.
Pourquoi ? Parce que je compte me servir de ce blanc-seing
pour délivrer le seigneur de Pardaillan. Tu comprends, Juana, si on
savait que cet ordre ne m’appartient pas et qu’il a été rempli
arbitrairement, ce serait ma mort certaine, ce qui ne tirerait pas
à bien grande conséquence, je le sais. Ce serait aussi la perte de
M. de Pardaillan, et ceci est beaucoup plus important.
Voilà pourquoi je te prie de me garder le secret le plus absolu. Il
y va du salut de celui que nous voulons sauver tous les deux.
    Il se donnait bien du mal pour lui faire comprendre qu’elle
devait se taire pour l’amour de Pardaillan. Il ne se doutait pas
qu’il avait donné la meilleure de toutes les raisons en
disant : « Ce serait ma mort certaine », et qu’il
eût pu se dispenser d’ajouter un mot de plus.
    Juana avait frémi. Mais ce qui l’impressionna le plus
douloureusement, ce fut le ton désabusé, le ton d’amertume à peine
voilée sur lequel il avait dit que sa mort, à lui, était sans
importance.
    Pourquoi lui disait-il ces choses horribles ? Il voulait
donc mourir, Seigneur Dieu ? Comment ne pensait-il pas à la
peine affreuse qu’il lui faisait ? La gorge serrée par
l’émotion qui la poignait, elle murmura en joignant les mains dans
un geste implorant.
    – Tu peux être tranquille. L’on me tuera plutôt que de
m’arracher une parole sur ce sujet.
    Doucement, sans dépit, avec un pâle sourire :
    – Oh ! je sais, dit-il. Tu garderas le secret.
    Et, très las, écrasé par l’effort qu’il faisait pour se
contenir, il s’inclina devant elle et murmura :
    – Adieu, Juana !
    Et, sans ajouter un mot, sans un geste, il se dirigea vers la
porte.
    Alors son cœur, à elle, éclata. Comment, il s’en allait ainsi,
sans un mot d’amitié, après un adieu sec et froid, un adieu
sinistre qui semblait sous-entendre qu’elle ne le reverrait
plus ! Pâle et défaillante, elle se dressa toute droite sur
son grand tabouret de bois, et l’esprit chaviré, un seul mot, un
nom jaillit de ses lèvres frémissantes, comme un appel
éperdu :
    – Chico !
    Ce nom ainsi lancé, c’était un aveu.
    Remué jusqu’au fond des entrailles, il se retourna brusquement.
Dans un geste machinal, elle lui tendait les deux mains. Elle avait
à peu près perdu conscience de ses actes. Si le Chico s’était jeté
sur ses mains pour les baiser, elle l’eût certainement saisi dans
ses bras, l’eût soulevé et pressé sur son cœur, et c’eût été enfin
le dénouement radieux de cette fantastique idylle.
    Mais sous son apparence frêle, il faut croire que le nain
cachait une volonté de fer ; à son appel, il s’arrêta et fit
deux pas vers elle. Mais il n’alla pas plus loin. Il ne dit pas un
mot, ne fit pas un geste, et, impassible, il attendit qu’elle
s’expliquât.
    Elle passa sa main sur son front brûlant, comme si elle eût
senti sa raison l’abandonner, et les yeux noyés de larmes, elle
balbutia machinalement :
    – Tu t’en vas ?… Tu me quittes ? Ainsi ?…
N’as-tu donc rien d’autre à me dire ?
    Et comme ses yeux parlaient en posant cette question ! Il
fallait être aveugle et fou comme le Chico pour ne pas voir et ne
pas comprendre. Brusquement, il se frappa le front comme quelqu’un
qui se souvient tout à coup.
    – Et la Giralda ? s’écria-t-il.
    Du coup, elle sentit la colère l’envahir. Quoi ! pas un
mot, pas un geste ? Toujours la même indifférence
glaciale ? Il pensait à tout le monde, hormis à elle. C’en
était trop. Ses bras, qu’elle tendait vaguement vers lui,
s’abaissèrent lentement, son œil se fit dur, un pli amer arqua sa
lèvre pourpre, et elle gronda, agressive :
    – Tu t’intéresses bien à elle !… T’aurait-elle dit
aussi des choses que nulle ne t’a dites ?
    Il la regarda d’un air étonné, et gravement :
    – C’est la fiancée de don César ! dit-il. Ne suis-je
pas le page du Torero ?
    Elle comprit le sens de ces paroles. Elle eut honte de son accès
de jalousie, et elle baissa la tête

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