Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
marches et s’engagea dans une
large galerie.
    Cette galerie s’étendait sur toute la longueur du corps de
bâtiment où ils se trouvaient en ce moment. Tout un côté était
occupé par de minces colonnettes dans le style mauresque, reliées
entre elles par un garde-fou qui était une merveille de mosaïque et
de sculpture.
    Cela constituait une longue suite de larges baies par où la
lumière entrait à flots. Le côté opposé était percé, de distance en
distance, de portes massives : cellules sans doute.
    Sur le seuil de la galerie, une dizaine de moines, qui
paraissaient les attendre, les entourèrent silencieusement.
Pardaillan remarqua la manœuvre. Il remarqua aussi que ces moines
étaient taillés en athlètes.
    – Bon ! songea-t-il avec un mince sourire, nous
approchons du dénouement. Mais diantre ! il paraît que ce que
M. d’Espinosa veut faire ne laisse pas que de l’inquiéter,
puisqu’il me fait garder de près par ces dignes révérends qui me
paraissent taillés pour porter la cuirasse et la salade plutôt que
le froc. Sans compter ceux qui, sans avoir l’air de rien,
sillonnent cette galerie et me font l’effet d’être placés là pour
m’empêcher d’approcher de la balustrade. Tenons nous bien,
mordieu ! c’est le moment critique.
    En effet, la galerie, comme l’avait remarqué Pardaillan, était
sillonnée, en tous sens, par une infinité de moines qui
paraissaient surtout garder les baies.
    D’Espinosa s’arrêta devant la première porte qu’il
rencontra.
    – Monsieur le chevalier, dit-il d’une voix sans accent, je
n’ai personnellement aucun sujet de haine contre vous. Me
croyez-vous ?
    – Monsieur, dit froidement Pardaillan, puisque vous me
faites l’honneur de me le dire, je ne saurais en douter.
    D’Espinosa opina gravement de la tête et reprit :
    – Mais je suis investi de fonctions redoutables, terribles,
et quand je suis dans l’exercice de ces fonctions, l’homme que je
suis doit s’effacer, céder complètement la place au grand
inquisiteur, c’est-à-dire à un être exceptionnel, inaccessible à
tout sentiment de pitié, froidement implacable dans
l’accomplissement des devoirs de la charge. En ce moment, c’est le
grand inquisiteur qui vous parle.
    – Eh ! morbleu ! monsieur, ce que vous avez à
dire est donc si difficile ! Que redoutez-vous ? Je suis
seul, sans armes, à votre merci. Grand inquisiteur ou non, videz
votre sac un bon coup et n’en parlons plus.
    Ceci était dit avec une ironie mordante qui eût fait bondir tout
autre que d’Espinosa. Mais il l’avait dit lui-même : il
n’était pas un homme, il était la vivante incarnation de la plus
effroyable et la plus implacable des institutions. Il reprit donc,
sans paraître s’émouvoir :
    – Vous avez insulté à la majesté royale. Vous êtes
condamné. Vous devez mourir.
    – À la bonne heure ! Voilà qui est franc, net,
catégorique. Que ne le disiez-vous tout de suite ? Je suis
condamné, je dois mourir. Peste ! il faudrait être
d’intelligence fort obtuse pour ne pas comprendre ! Reste à
savoir comment vous comptez m’assassiner.
    Avec la même impassibilité, d’Espinosa expliqua :
    – Le châtiment doit être toujours proportionné au crime. Le
crime que vous avez commis est le plus impardonnable des crimes.
Donc le châtiment doit être terrible. Il faut aussi que le
châtiment soit proportionné à la force morale et physique du
coupable. Sur ce point, vous êtes une nature exceptionnelle. Vous
ne vous étonnerez donc pas que le châtiment qui vous sera infligé
soit exceptionnellement rigoureux. La mort n’est rien, en
elle-même.
    – C’est la manière de la donner. Ce qui revient à dire que
vous avez inventé à mon intention quelque supplice sans nom.
    Pardaillan disait ces mots avec ce calme glacial qui masquait
ses émotions lorsqu’elles étaient, comme en ce moment, à leur
paroxysme et qu’il méditait quelque coup de folie comme il en avait
tenté quelques-uns dans sa vie si bien remplie.
    Fausta, qui le connaissait bien, ne s’y serait pas trompée.
D’Espinosa, si observateur qu’il fût, devait s’y laisser prendre.
Il ne vit que l’attitude, qu’il admira d’ailleurs en connaisseur,
et ne soupçonna pas ce qu’elle cachait de menaçant pour lui. Il
répondit donc, sans ironie aucune :
    – J’ai, du premier coup d’œil, reconnu votre haute
intelligence. Je ne suis donc pas étonné de la facilité

Weitere Kostenlose Bücher