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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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avec
laquelle vous savez comprendre à demi-mot. Pourtant, en ce qui
concerne le supplice dont vous parlez, je dois à la vérité de dire
que j’ai été puissamment aidé par les conseils de
M me  la princesse Fausta, laquelle, je ne sais
pourquoi, vous veut la malemort.
    – Oui, je le savais, gronda Pardaillan d’une voix blanche.
J’espère bien avoir, avant de mourir, la joie de lui dire les deux
mots que j’ai à lui dire. Mais vous, monsieur, savez-vous que vous
êtes un dangereux reptile ? Savez-vous que l’envie me démange
furieusement de vous étrangler, pendant que je vous
tiens ?
    Il avait abattu sa main sur l’épaule d’Espinosa, et d’une voix
basse il lui jetait ces paroles menaçantes dans la figure.
    Le grand inquisiteur ne sourcilla pas. Il ne fit pas un geste
pour se soustraire à son étreinte. Ses yeux ne se baissèrent pas
devant le regard ardent du chevalier, et sans rien perdre de son
impassibilité, comme s’il n’eût pas été en cause :
    – Je le sais, dit-il simplement. Mais vous n’en ferez rien.
Vous devez bien penser que je ne suis pas homme à m’exposer à votre
fureur sans avoir pris mes petites précautions. Si j’avais cru
avoir quoi que ce soit à redouter de vous, vous n’auriez pas les
mains libres.
    Pardaillan jeta un coup d’œil rapide autour de lui et il vit que
le cercle des moines s’était resserré autour de lui. Il comprit
qu’en effet il n’aurait pas le temps de mettre sa menace à
exécution, la meute des frocards serait à l’instant sur lui et le
réduirait à l’impuissance. Une fois encore il serait écrasé par le
nombre. Il secoua furieusement la tête et, sans lâcher prise,
appuyant plus lourdement sa main sur l’épaule de son
ennemi :
    – Je vous entends, dit-il d’une voix sifflante. Ceux-ci
tomberont sur moi. Mais je puis en courir le risque. Et puis, qui
sait si…
    – Non, interrompit d’Espinosa sans rien perdre de son
calme, ce que vous espérez ne se réalisera pas. Avant que vous ayez
pu me frapper, vous serez saisi par les révérends pères. Remarquez,
je vous prie, qu’ils sont assez nombreux et assez robustes pour
vous réduire à l’impuissance. Vous en assommerez quelques-uns, je
l’admets volontiers, mais moi, vous ne m’atteindrez pas et ils se
laisseront assommer passivement sans vous rendre le coup que vous
souhaitez, parce qu’il faut que vous soyez livré vivant au supplice
qui vous est réservé. Savez-vous ce que vous gagnerez à la
tentative désespérée que vous méditez ? C’est que je serai
contraint de vous faire enchaîner. Bien que ce procédé me répugne
parce qu’il est inutile, je m’y résoudrai cependant si vous m’y
obligez.
    Par un effort surhumain, Pardaillan réussit à maîtriser la
colère qui grondait en lui. Les moines qui l’entouraient n’avaient
pas fait un geste. Les yeux fixés sur le grand inquisiteur, ils
attendaient, immobiles et muets, qu’il leur donnât, d’un signe,
l’ordre d’agir. Et cette impassibilité absolue dénotait clairement
la confiance qu’ils avaient en leur force – la force du nombre – et
aussi leur soumission passive aux ordres de leur supérieur.
    En un éclair de lucidité, Pardaillan entrevit tout cela, il
comprit les conséquences irréparables que son geste pourrait avoir
et qu’il était à la merci de son redoutable adversaire. Les mains
libres, il pouvait encore espérer. Couvert de chaînes, c’en était
fait de lui.
    Il lui fallait donc conserver à tout prix la liberté de ses
mouvements, puisque cela seul lui permettrait de mettre à profit la
chance si elle se présentait. Lentement, comme à regret, il
desserra son étreinte et gronda :
    – Soit, vous avez raison.
    Les moines n’avaient toujours pas bougé. Quant à d’Espinosa, il
montra le même calme indifférent qu’il avait montré devant la
menace. Comme s’il eût jugé l’incident définitivement clos, il se
tourna vers la porte devant laquelle il s’était arrêté, et cette
porte s’ouvrit à l’instant même.
    À l’instant même aussi, les moines se reculèrent, agrandirent
leur cercle, comme s’ils avaient compris que leur intervention
devenait inutile. Mais, de loin comme de près, ils surveillaient
attentivement les moindres gestes du grand inquisiteur, sans perdre
de vue pour cela leur prisonnier.
    La porte qui venait de s’ouvrir donnait accès sur une étroite
cellule. Il n’y avait là aucun meuble et la petite pièce

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