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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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dis-je. J’attends votre retour avec confiance. Votre réponse
ne peut pas ne pas être conforme à mes désirs. Allez.
    Et d’un geste doux et impérieux à la fois, elle le congédia sans
qu’il eût pu dire ce qu’il avait à dire.
    Le Torero parti, Fausta réfléchit longuement. Elle avait très
bien compris ce qui s’était passé dans l’esprit du Torero. Elle
avait vu dans son esprit que si elle le laissait parler, il allait
proclamer hautement son amour pour la petite bohémienne : mis
en demeure de choisir entre l’amour et la couronne qu’elle lui
faisait entrevoir, le prince, sans hésiter, eût refusé la couronne
pour conserver son amour. Fausta avait senti cela, et c’est en
pensant à cela qu’elle avait dit : « N’accomplissez pas
l’irréparable ».
    Elle restait à sa place, très soucieuse. L’entrevue n’avait pas
tourné au gré de ses désirs. Le prince lui échappait. Tout n’était
pas perdu cependant. Le seul obstacle venait de la Giralda :
elle supprimerait l’obstacle, voilà tout. La Giralda morte,
disparue, enlevée, déshonorée, elle ne doutait pas qu’il ne vînt à
elle, soumis et obéissant.
    Elle allongea la main et frappa sur un timbre.
    À son appel, Centurion, dégrimé, ayant repris sa personnalité,
parut avec son sourire obséquieux.
    Fausta eut un long entretien avec lui au cours duquel elle lui
donna des instructions détaillées concernant la Giralda, ensuite de
quoi le bravo s’éclipsa sans doute pour procéder à l’exécution
immédiate des ordres reçus.
    Fausta demeura encore une fois seule.
    Elle alla droit à un cabinet de travail merveilleux, ouvrit un
tiroir secret et en sortit un parchemin qu’elle considéra
longuement avant de le cacher dans son sein en murmurant :
    – Je n’ai plus de raisons de garder ce parchemin. Le mieux
est de le remettre à M. d’Espinosa. Je fais ainsi d’une pierre
deux coups. D’abord, je me concilie l’amitié du grand inquisiteur
et du roi. S’ils ont des soupçons au sujet de cette conspiration,
je les endors. Je trouve sécurité et liberté d’action. Ensuite,
tout ce que le roi Philippe entreprendra avec ce parchemin tournera
au profit de son successeur. Sans qu’il s’en doute il travaillera
pour le bien et pour la gloire de mon futur époux – car le Torero
acceptera – partant, pour mon propre bien et ma propre gloire.
    Elle réfléchit une seconde et : « Pardaillan !…
Que dira-t-il quand il saura que j’ai remis ce parchemin à
M. d’Espinosa ? Voilà sa mission manquée, lui qui a
promis de rapporter ce parchemin à Henri de Navarre. Qui
sait ? Si d’Espinosa le manque, je me débarrasse peut-être en
même temps de Pardaillan. Avec ses idées spéciales, il est capable
de se croire déshonoré ! »
    Et avec un sourire terrible : « Lorsqu’un homme comme
Pardaillan se croit déshonoré et qu’il ne peut laver son honneur
dans le sang de son ennemi, il n’a qu’une ressource : le laver
dans son propre sang. Pardaillan pourrait bien se tuer !…
C’est à voir !… »
    Elle demeura encore, un moment rêveuse, et ce nom de Pardaillan
appela dans son esprit celui de son fils, et elle songea :
« Myrthis ! Où peut bien être Myrthis ? Et mon fils,
le fils de Pardaillan ? Il serait temps pourtant de rechercher
cet enfant. »
    Elle réfléchit encore un moment et murmura :
    – Oui, tout ceci sera liquidé rapidement, soit que je
réussisse, soit que j’échoue. Il sera temps alors de rechercher mon
fils.
    Ayant pris cette résolution, elle frappa de nouveau sur un
timbre et jeta un ordre à la suivante, accourue.
    Quelques instants plus tard, la litière de Fausta s’arrêtait
devant le vestibule d’honneur du grand inquisiteur, logé au
palais.
    Fausta eut un long entretien avec d’Espinosa, à qui, en échange
de certaines conditions qu’elle posa, elle remit spontanément la
fameuse déclaration du feu roi Henri de Valois proclamant Philippe
II d’Espagne héritier de la couronne de France.

Chapitre 4 ENTRETIEN DE PARDAILLAN ET DU TORERO
    En quittant Fausta, le Torero s’était dirigé en hâte vers
l’auberge de
La Tour,
où il avait laissé celle qu’il
considérait comme sa fiancée confiée aux bons soins de la petite
Juana.
    En cheminant par les rues étroites et tortueuses encore
encombrées du populaire en liesse, il se morigénait vertement. Il
se reprochait comme une trahison le très court et très fugitif
instant d’emballement

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