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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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qu’il avait eu devant la beauté de
Fausta.
    Il allait d’un pas accéléré, sans se soucier des passants qu’il
bousculait, pris soudain d’un sinistre pressentiment qui lui
faisait redouter un malheur. Il lui semblait qu’un danger pressant
planait sur la Giralda, et il se hâtait avec cette idée qu’il
allait apprendre une mauvaise nouvelle.
    Chose étrange, maintenant qu’il n’était plus captivé par le
charme de Fausta, il lui paraissait que toute cette histoire de sa
naissance qu’elle lui avait contée n’était qu’un roman imaginé en
vue d’il ne savait quelle mystérieuse intrigue.
    Les offres de Fausta, ses projets, ce mariage qu’elle lui avait
proposé avec un superbe dédain des convenances, surtout, oh !
surtout, cette couronne entrevue, ces rêves de conquêtes
grandioses, tout cela lui paraissait invraisemblable, faux,
impossible, et il se raillait amèrement d’avoir prêté un moment une
oreille crédule à d’aussi chimériques propos.
    « Quelle vraisemblance tout cela a-t-il ? se disait-il
en marchant. Rien ne concorde avec ce que je sais. Comment ai-je
été assez sot pour me laisser abuser à ce point ? C’est à
croire que cette énigmatique et incomparablement belle princesse
est douée d’un pouvoir surnaturel, susceptible d’égarer la raison.
Moi, fils du roi ? Allons donc ! Quelle folie ! Le
brave homme qui m’a élevé et qui m’a donné maintes preuves de sa
loyauté et de son dévouement m’a toujours assuré que mon père avait
été mis à la torture sur l’ordre du roi et que pour être bien
assuré de la bonne exécution de cet ordre, il avait tenu à assister
lui-même à l’épouvantable supplice. Le roi n’est pas, ne peut pas
être mon père. »
    Et avec une sévérité qui n’avait d’égale que sa sincérité :
« En admettant que le roi soit mon père, quel pouvoir magique
a donc cette princesse Fausta qu’elle ait pu m’amener aussi
aisément à un degré d’aberration telle que j’ai pu, moi, misérable,
envisager froidement la révolte ouverte contre celui qui serait mon
père, et, qui sait, peut-être son assassinat. Puissé-je être dévoré
vivant par des chiens enragés plutôt que de descendre à un tel
degré d’infamie. Quel qu’il soit, quoi qu’il soit et quoi qu’il ait
fait, mon père doit rester mon père, et ce n’est pas à moi à le
juger. Que la malédiction du ciel s’abatte sur moi si l’idée me
vient seulement de me faire complice des sombres projets de cette
Fausta d’enfer ! »
    Et avec une ironie féroce : « Un roi, moi, le dompteur
de taureaux ! C’est une pitié seulement que j’ai pu m’arrêter
un instant à pareille folie ! Suis-je fait pour être
roi ! Ah ! par le diable ! serai-je plus heureux
quand, pour la satisfaction d’une stupide vanité, j’aurai sacrifié
ma liberté, mes amis, mon amour et lié mon sort à celui de
M me  Fausta, qui fera de moi un instrument bon à
tuer des milliers de mes semblables pour l’assouvissement de son
ambition à elle ! Sans compter que je me donnerai là un maître
redoutable devant qui je devrai plier sans cesse. Au diable, la
Fausta ; au diable, la couronne et la royauté. Torero je suis,
Torero je resterai, et vive l’amour de ma gracieuse et tant douce
et tant jolie Giralda ! Celle-là ne me demande que de l’amour
et se soucie fort peu d’une couronne. Et s’il est vrai que le roi
me poursuit de sa haine et me veut la male mort, vive Dieu !
je fuirai l’Espagne. Je demanderai à mon ami,
M. de Pardaillan, de m’emmener avec lui dans son beau
pays de France. Présenté par un gentilhomme de cette valeur, il
faudra que je sois bien emprunté pour ne pas faire mon chemin,
honnêtement, sans crime et sans félonie. Allons, c’est dit, si
M. de Pardaillan veut bien de moi, je pars avec
lui. »
    En monologuant de la sorte, il était arrivé à l’hôtellerie, et
ce fut avec une angoisse, qu’il ne parvint pas à surmonter, qu’il
pénétra dans le cabinet de la mignonne Juana.
    Il fut rassuré tout de suite. La Giralda était là, bien
tranquille, riant et jasant avec la petite Juana. Presque du même
âge toutes les deux, aussi jolies, de même condition, vives et
rieuses, aussi franches, elles étaient devenues tout de suite une
paire d’amies.
    Pardaillan, assis devant une bouteille de bon vin de France
veillait avec son sourire narquois sur la fiancée de ce jeune
prince pour qui il s’était pris d’une

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