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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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est, je crois, très attaché. J’espère que
ce renvoi n’est pas définitif et que je le reverrai bientôt
ici.
    – Oh ! fit en riant Juana, il saura bien revenir sans
qu’on ait besoin de l’y convier. Le Chico, monsieur le chevalier,
quand je lui interdis la porte, il revient par la fenêtre, et tout
est dit. Jamais je n’ai vu drôle aussi éhonté, aussi dépourvu
d’amour-propre.
    – Avec vous, peut-être, dit Pardaillan, en riant
franchement de l’air dépité avec lequel elle avait dit ces paroles.
Il ne faudrait pas trop s’y fier toutefois, et je crois que si tout
autre que vous se permettait de lui manquer, le Chico ne se
laisserait pas malmener aussi bénévolement que vous dites.
    – Il est de fait qu’il a la tête assez près du bonnet. Et
ce n’est pas à sa louange, convenez-en.
    – Je ne trouve pas.
    Juana parut étonnée. Le sire de Pardaillan avait des manières
d’apprécier les choses qui étaient en contradiction flagrante avec
tout ce qu’elle entendait journellement formuler par la sainte
morale représentée par son vénérable père, le digne Manuel. Et le
plus fort, ce qui l’étonnait bien davantage encore et bouleversait
toutes ses idées acquises, c’est qu’elle se sentait portée à voir,
à juger et à penser comme ce diable de Français. Elle en était
sincèrement honteuse, mais c’était plus fort qu’elle.
    – En attendant, reprit Pardaillan, voyant qu’elle restait
bouche close, en attendant il ne manque, à moi, le Chico. Quelle
que soit sa faute, j’implore son pardon, ma jolie hôtesse.
    Comme bien on pense, Juana aurait été bien en peine de refuser
quoi que ce soit à Pardaillan. La grâce fut donc magnanimement
accordée. Bien mieux, on courut à la recherche du Chico. Mais il
demeura introuvable.
    Pardaillan comprit que le nain avait dû se terrer dans son gîte
mystérieux et il n’insista pas davantage.
    Réduit à la seule conversation des deux jeunes filles, il
commençait à trouver le temps quelque peu long lorsque le Torero
vint le délivrer.
    La Giralda se doutait bien que son fiancé avait dû se rendre
chez cette princesse qui prétendait connaître sa famille et se
disait en mesure de lui révéler le secret de sa naissance. Mais
comme don César était parti sans lui dire où il allait, elle crut
devoir garder pour elle le peu qu’elle savait.
    Cela d’autant plus aisément que Pardaillan, avec sa discrétion
outrée, s’abstint soigneusement de toute allusion à l’absence du
Torero. Il pensait que pour que don César fût résolu à s’absenter
alors qu’il croyait sa fiancée en péril, c’est qu’il devait y avoir
nécessité impérieuse. De deux choses l’une : ou la Giralda
savait où était allé don César, et toute allusion à ce sujet eût pu
lui paraître une amorce à des confidences qu’il n’était pas dans sa
nature de solliciter, ou elle ne savait rien, et alors des
questions intempestives eussent pu jeter le trouble et l’inquiétude
dans son esprit. |
    Le Torero lui avait fait demander de veiller sur sa
fiancée : il veillait. Il se demandait bien, non sans
inquiétude, où pouvait être allé le jeune homme, mais il gardait
ses impressions pour lui. Pardaillan estimait que la meilleure
manière de témoigner son amitié était de ne pas assommer les gens
par des questions. Lorsqu’il plairait au Torero de parler,
Pardaillan l’écouterait d’une oreille complaisante et
attentive.
    Quoi qu’il en soit, l’arrivée du Torero lui fut très agréable à
un double point de vue. D’abord parce que, n’étant pas sans
inquiétude, il était content de voir qu’il ne lui était rien arrivé
de fâcheux. Ensuite, parce que son retour le délivrait d’une
faction, qu’il eût endurée jusqu’à la mort sans murmurer, mais
qu’il ne pouvait s’empêcher de trouver quand même un peu
fastidieuse.
    Il accueillit donc le Torero avec ce bon sourire qu’il n’avait
que pour ceux qu’il affectionnait.
    De son côté, le Torero éprouvait l’impérieux besoin de se
confier à un ami. Non pas qu’il hésitât sur la conduite à tenir,
non pas qu’il eût des regrets de la détermination prise de refuser
les offres de Fausta, mais parce qu’il lui semblait que, dans
l’extraordinaire aventure qui lui arrivait, bien des points obscurs
subsistaient, et il était persuadé qu’un esprit délié comme celui
du chevalier saurait projeter la lumière sur ces obscurités.
    Résolu à tout dire à son

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