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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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nouvel ami, après avoir remercié la
petite Juana avec une effusion émue, après l’avoir voir assurée de
son éternelle gratitude, il entraîna le chevalier dans une petite
salle où il lui serait possible de s’entretenir librement avec lui
et sans témoin et en même temps de surveiller de près l’entrée du
cabinet où il laissait la Giralda avec Juana. Une sorte d’instinct
l’avertissait en effet que sa fiancée était menacée. Il n’aurait pu
dire en quoi ni comment, mais il se tenait sur ses gardes.
    Lorsqu’ils se trouvèrent seuls, attablés devant quelques flacons
poudreux, le Torero dit :
    – Vous savez, cher monsieur de Pardaillan, que la maison où
nous nous sommes introduits cette nuit et où j’ai trouvé ma fiancée
appartient à une princesse étrangère ?
    Pardaillan savait parfaitement à quoi s’en tenir. Néanmoins, il
prit son air le plus ingénument étonné pour répondre :
    – Non, ma foi, J’ignorais complètement ce détail.
    – Cette princesse prétend connaître le secret de ma
naissance. J’ai voulu en avoir le cœur net. Je suis allé la
voir.
    Pardaillan posa brusquement sur le bord de la table le verre
qu’il allait porter à ses lèvres, et malgré lui s’écria :
    – Vous avez vu Fausta ?
    – Je reviens de chez elle.
    – Diable ! grommela Pardaillan, voilà ce que je
craignais.
    – Vous la connaissez donc ? demanda curieusement le
Torero.
    Sans s’expliquer autrement, Pardaillan se contenta de
dire :
    – Un peu, oui.
    – Quelle femme est-ce ?
    – C’est une jeune femme… Au fait, quel âge a-t-elle ?
Vingt ans, peut-être, peut-être trente. On ne sait pas. Elle est
jeune, elle est remarquablement belle, et… vous avez dû le
remarquer, je présume, dit Pardaillan, de son air le plus ingénu,
en fixant sur le jeune homme un regard aigu.
    Le Torero hocha doucement la tête.
    – Elle est jeune, elle est fort belle, et je l’ai remarqué
en effet, dit-il. Je désire savoir quelle sorte de femme elle
est.
    – Mais… j’ai entendu dire qu’elle est colossalement riche,
et généreuse en proportion de sa fortune. Ainsi un de mes amis m’a
assuré l’avoir vue donner à un pauvre ménage de mariniers [2] , en remerciement d’une hospitalité d’une
heure accordée dans leur misérable cabane, une boucle de ceinture
en diamants. La boucle valait bien cent mille livres.
    – Cent mille livres ! s’exclama le Torero ébloui.
    – Oui, elle a de ces générosités. On la dit très puissante
aussi. Ainsi le même ami, qui la connaît bien, m’a assuré qu’elle
donnait ses ordres à ce pauvre duc de Guise, qui est mort si
misérablement après avoir été à deux doigts de conquérir le trône
de France, le plus beau du monde. C’est elle qui a renversé le
pauvre Valois, mort misérablement, lui aussi. Elle fait trembler
sur son trône le jouteur le plus terrible de cette époque, le pape
Sixte Quint. Et ici même, je ne serais pas surpris qu’elle réussît
à dominer votre roi, Philippe, un bien triste sire, soit dit sans
vous fâcher, et M. d’Espinosa lui-même, qui me paraît
autrement redoutable que son maître.
    Le Torero écoutait avec une attention passionnée. Il sentait
confusément que le chevalier en savait, sur le compte de cette
princesse, beaucoup plus long qu’il ne voulait bien le dire. Il le
soupçonnait fortement d’être lui-même cet ami bien renseigné sous
le couvert duquel il donnait des bribes de renseignements. Et ce
qu’il disait, le ton grave avec lequel il le disait, faisait passer
sur sa nuque un frisson de terreur. Il eût bien voulu en savoir
davantage. Mais c’était une nature très fine que celle de Torero,
et quoi qu’il ne connût le chevalier que depuis peu, il n’avait pas
été long à remarquer que cet homme ne disait que ce qu’il voulait
bien dire. Il était parfaitement inutile de l’interroger,
Pardaillan ne dirait que ce qu’il avait décidé de dire.
    – Vous ne comprenez pas, chevalier, dit-il. Je vous demande
si on peut avoir confiance en elle.
    – Ah ! très bien ! Que ne le disiez-vous tout de
suite. Avoir confiance en Fausta ! Cela dépend d’une foule de
considérations qu’elle est seule à connaître, naturellement. Si
elle vous promet, par exemple, de vous faire proprement daguer dans
quelque guet-apens bien machiné – et elle a parfois la franchise de
vous prévenir – vous pouvez vous en rapporter à elle. Si elle vous
promet aide et

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