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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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profonde avec lequel Fausta avait
parlé.
    – Nous allons bien voir, murmura-t-il à l’oreille du
roi.
    Si bas qu’il eût parlé, Fausta l’entendit.
    – Voyez et soyez convaincu, dit-elle simplement.
    Le taureau cependant, en voyant se dresser soudain devant lui
cet adversaire inattendu, s’était arrêté comme s’il eût été étonné.
Et c’est pendant l’instant très court où il resta ainsi face à face
avec Pardaillan que le dialogue que nous venons de transcrire se
déroulait dans la loge royale.
    Après cet instant de courte hésitation, il baissa la tête, visa
son adversaire, et presque aussitôt il la redressa et porta un coup
foudroyant de rapidité.
    Pardaillan attendait le choc avec ce calme prodigieux qu’il
avait dans l’action. Il s’était placé de profil devant la bête,
solidement campé sur les pieds bien unis en équerre, le coude levé,
la garde de la dague, longue et flexible, devant la poitrine, la
tête légèrement penchée à droite, de façon à bien viser l’endroit
où il voulait frapper [6] .
    Le taureau, de son côté, ayant bien visé son but, fonça tête
baissée, et vint s’enferrer lui-même.
    Pardaillan s’était contenté de le recevoir à la pointe de la
dague en effaçant à peine sa poitrine.
    Enferré, le taureau ne bougea plus.
    Et alors ce fut un instant d’angoisse affreuse parmi les
innombrables spectateurs de cette lutte extraordinaire.
    Que se passait-il donc ? Le taureau était-il blessé ?
Était-il touché seulement ? Comment et pourquoi demeurait-il
ainsi immobile ?
    Et le téméraire gentilhomme qui semblait mué en statue !
Que faisait-il donc ? Pourquoi ne frappait-il pas de
nouveau ? Attendait-il donc que le taureau se ressaisît et le
mît en pièces ?
    Des foules de points d’interrogation se posaient ainsi à
l’esprit des spectateurs. Mais nul ne comprenait, nul ne savait,
n’aurait pu donner une explication plausible.
    Et le silence angoissant pesait lourdement sur tous. Les
respirations étaient suspendues, et depuis le roi, jusqu’au plus
humble des hommes du peuple, pour des faisons différentes, tous
haletaient.
    À vrai dire, le chevalier n’était guère plus fixé que les
spectateurs.
    Il voyait bien que la dague s’était enfoncée jusqu’à la garde.
Il sentait bien tressaillir et fléchir le taureau. Mais,
diantre ! avec un adversaire de cette force, qui pouvait
savoir ? La blessure était-elle suffisamment grave ?
N’allait-il pas se réveiller de cette sorte de torpeur et lui faire
payer par une mort épouvantable le coup qu’il venait de lui
porter ?
    C’est ce que se demandait Pardaillan…
    Mais il n’était pas homme à rester longtemps indécis. Il résolut
d’en avoir le cœur net coûte que coûte. Brusquement, il retira
l’arme qui apparut rouge de sang, et s’écarta, au cas, improbable,
d’une suprême révolte de la bête.
    Brusquement, le taureau foudroyé tomba comme une masse.
    Alors ce fut une détente dans la foule. Les traits convulsés
reprirent leur expression naturelle, les gorges contractées se
dilatèrent, les nerfs se détendirent. On respira largement :
on eût dit qu’on craignait de ne pouvoir emmagasiner assez d’air
pour actionner les poumons violemment comprimés.
    Sous l’influence de la réaction, des femmes éclatèrent en
sanglots convulsifs ; d’autres, au contraire, riaient aux
éclats, les unes et les autres sans savoir pourquoi, sans qu’il
leur fût possible de réprimer leur accès. Des hommes qui ne se
connaissaient pas se congratulaient en souriant.
    Ce fut un soulagement universel d’abord, puis un étonnement
prodigieux et puis, tout à coup, la joie éclata, bruyante, animée,
et se fondit en une acclamation délirante à l’adresse de l’homme
courageux qui venait d’accomplir cet exploit. N’eût été le respect
imposé par la présence du roi, la foule, sans se soucier des
gardes, qui d’ailleurs n’étaient pas les derniers à crier :
Noël ! la foule eût envahi la piste pour porter en triomphe le
chevalier de Pardaillan, vainqueur de la brute.
    Pardaillan, sa dague sanglante à la main, resta un bon moment à
contempler d’un œil rêveur et attristé l’agonie du taureau que, par
un coup de maître prodigieux à l’époque, il venait de mettre à
mort.
    En ce moment il oubliait le roi et sa haine, et sa cour de
hautains gentilshommes qui l’avaient dévisagé d’un air provocant.
Il oubliait Fausta et son trio

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