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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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À telle enseigne que vous n’avez pas hésité
non plus, et plus promptement que moi, vous avez, au péril de vos
jours, sauvé la vie de ce Barba-Roja que vous avez, vous aussi, si
j’en crois ce que j’ai entendu dire autour de moi, de bonnes
raisons de détester cordialement.
    Sans répondre à ce qu’il venait d’entendre, Pardaillan fit
paisiblement :
    – Savez-vous à quoi je pense ?
    – Non ! dit le Torero surpris.
    – Eh bien, je pense qu’il est fort heureux pour vous que
notre ami Cervantès ne soit pas ici présent.
    De plus en plus ébahi par ces brusques sautes d’esprit
auxquelles il n’était pas encore habitué, le Torero ouvrit des yeux
énormes et demanda machinalement :
    – Pourquoi ?
    – Parce que, dit froidement Pardaillan, il aurait eu, à
vous entendre, une belle occasion de vous donner, à vous aussi, ce
nom de don Quichotte dont il me rebat les oreilles à tout bout de
champ.
    Et comme le Torero demeurait muet de stupeur, il
ajouta :
    – Mais, dites moi, où avez-vous pris que je déteste le
Barba-Roja ?
    – Ma foi, je l’ai entendu dire dans le couloir où j’étais
si bien écrasé que je n’ai pu en sortir.
    Pardaillan haussa les épaules.
    – Voilà comme on travestit toujours la vérité, murmura le
chevalier. Je n’ai pas de raisons d’en vouloir à Barba-Roja. C’est
bien plutôt lui qui me veut la male-mort.
    – Pourquoi ? fit vivement le Torero. Que lui avez-vous
fait ?
    – Moi ! dit Pardaillan avec son air ingénu, rien du
tout. Ce Barba-Roja me fait l’effet d’avoir un bien mauvais
caractère. Il s’est permis de vouloir me faire une bonne
plaisanterie. Moi, j’ai très bien pris la chose. À sa plaisanterie,
j’ai répondu par une plaisanterie de ma façon. Il s’est fâché.
C’est un sot. Que voulez-vous que j’y fasse ?
    « Singulier homme ! pensa le Torero. Bien fin sera
celui qui lui fera dire ce qu’il ne veut pas dire. »
    À ce moment, une main souleva la portière qui masquait l’entrée
de la tente et un personnage entra délibérément.
    – Hé ! c’est mon ami Chico ! s’écria gaiement
Pardaillan. Sais-tu que tu es superbe ! Peste ! quel
costume ! Regardez donc, don César, ce magnifique pourpoint de
velours, et ces manches de satin bleu pâle, et ce haut-de-chausse,
et ces dentelles, et ce superbe petit manteau de soie bleue, doublé
de satin blanc. Bleu et blanc, ma parole, ce sont vos couleurs. Et
cette dague au côté ! Sais-tu que tu as tout à fait grand
air ? Et je me demande si c’est bien toi, Chico, que je vois
là.
    Pardaillan ne raillait pas, comme on pourrait croire.
    Le nain était vraiment superbe.
    Habituellement il affectait un dédain superbe pour la toilette.
Il ne pouvait en être autrement, d’ailleurs, habitué qu’il était à
courir la campagne. Puis, pour tout dire, quand il allait implorer
la charité des âmes pieuses, il était bien obligé d’endosser un
costume qui inspirât la pitié. Car il ne faut pas oublier que le
Chico était un mendiant, un simple et vulgaire mendiant. Au reste,
à l’époque, la mendicité était un métier comme un autre. Nous
devons même dire que la corporation des mendiants avait des règles
assez sévères et qu’au surplus ne faisait pas partie qui voulait de
cette honorable corporation.
    Le Chico donc était habituellement en haillons. Très propres, il
est vrai, depuis la leçon que lui avait infligée la petite
Juana ; mais des haillons, si propres qu’ils soient, sont
toujours des haillons. Le nain n’endossait de beaux habits que
lorsqu’il allait voir Juana. Mais ces beaux habits eux-mêmes
n’étaient que de la friperie, en comparaison du magnifique costume,
flambant neuf, qu’il arborait ce jour-là.
    Le Torero, qui achevait rapidement de s’habiller, se chargea de
renseigner le chevalier.
    – Figurez-vous, chevalier, dit-il, que le Chico, qui s’est
mis dans la tête qu’il m’a de grandes obligations, alors qu’en
réalité c’est moi qui suis son obligé, le Chico est venu me
demander, comme une faveur, de m’assister dans ma course. Il a fait
les frais de ce magnifique costume, aux couleurs de celui que
j’endosse moi-même, comme vous l’avez fort bien remarqué, et du
diable si je sais avec quel argent il a pu faire ces frais
considérables ! Je ne pouvais vraiment pas lui refuser, après
tant d’attentions délicates. Ce qui fait qu’on me verra dans
l’arène avec un page portant mes

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