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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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satisfaction sur tous les points s’il me laisse ma femme.
    Le pape refusa le compromis et ordonna, une fois encore, à Robert de quitter Berthe.
    L’ambassadeur, très penaud, revint à la cour de France, où le roi accueillit son message avec une grande colère.
    — Jamais je ne me séparerai de ma femme, dit-il. Elle m’est plus chère que tout au monde ! Je veux que l’univers entier le sache !
     
    Quelques mois passèrent, et le pape, en voyant l’obstination de Robert, convoqua à Rome un concile général qui rendit les graves sentences suivantes. Canon I : « Le roi Robert quittera Berthe, sa parente, qu’il a épousée contre les lois. Il fera une pénitence de sept années, selon la discipline de l’Église. S’il refuse, qu’il soit anathème. La même sentence est rendue contre Berthe. » Canon II : « Archambaud, archevêque de Tours, qui a consacré cette union, et tous les évêques qui ont assisté à ce mariage incestueux sont suspendus de la sainte communion jusqu’à ce qu’ils soient venus à Rome pour y donner satisfaction. »
    Cette décision de Grégoire V frappa Robert de stupeur. Malgré sa désobéissance au pape, il était resté profondément pieux. Or non seulement l’excommunication le rejetait hors de l’Église, mais l’anathème, qui était la plus forte peine que le pape pût prononcer, le condamnait vivant à la damnation éternelle.
    Torturé dans son cœur, il ne céda point pourtant et garda près de lui la femme qu’il préférait au salut de son âme.
    Cette attitude fut, comme bien on pense, diversement commentée. Certains reprochaient au roi de faire passer ses satisfactions personnelles avant l’intérêt du pays qui était de demeurer bien avec le Saint-Siège ; d’autres accusaient Robert d’entraîner la France entière dans le péché.
    — Nous serons tous damnés par la faute de cette femme, criaient-ils.
    Car, lorsqu’il est indigné, le gentil peuple est toujours porté à l’exagération…
     
    Après la cérémonie d’excommunication, Robert et Berthe, glacés d’épouvante, s’enfermèrent dans leur palais.
    Lorsque, par hasard, le roi sortait, tout le monde fuyait devant lui comme devant un pestiféré. On traçait des signes de croix sur les enfants qu’il avait pu voir et l’on brûlait les objets dont il s’était servi.
    Bientôt, il demeura seul avec sa femme. Leur nourriture était préparée par deux serviteurs qui devaient, après chaque repas, purifier à la flamme les vases et les coupes auxquels les souverains avaient touché.
    Cependant, malgré les tourments terribles que la sentence pontificale pouvait lui causer, Robert demeurait tendre et aimable avec Berthe, cette femme ardente pour qui il avait sacrifié plus que sa vie et qui lui avait appris l’amour.
    Cinq années atroces passèrent.
    Berthe, torturée par cette situation, commença à dépérir. Alors, le roi annonça au pape qu’il était prêt à se soumettre.
    Ce retournement subit étonna et donna à penser au petit peuple que les deux époux ne s’entendaient plus. Le petit peuple se trompait. Robert voulait simplement permettre à Berthe d’avoir une vie normale et de ne plus être enterrée vivante dans un palais lugubre. Il la répudia donc officiellement, fournissant pour prétexte qu’elle ne lui avait pas donné d’enfant [39] . Toutefois, il la conserva dans son palais, où chaque nuit, secrètement, elle partageait sa couche.
    Le pape, ravi d’avoir gagné la partie, admit de nouveau les deux amants dans le sein de l’Église ; mais, comme il était malin, il posa une question à Robert :
    — Quand comptes-tu épouser une autre femme ?
    Les tourments de Berthe n’étaient pas terminés…
    Le roi, sommé de prendre une épouse, choisit Constance d’Aquitaine.
    Cette femme dure, avare, vaniteuse et méchante était tellement occupée d’elle-même qu’elle ne s’aperçut jamais de la liaison qui dura entre Berthe et Robert jusqu’à leur mort.
    Elle avait amené avec elle quelques-uns des poètes qui hantaient les cours du Midi. C’étaient les premiers troubadours. Ils avaient un air efféminé et des manières étranges qui choquèrent profondément les gens du palais. Voici comment un chroniqueur les décrit : « Leurs cheveux descendaient à peine au milieu de la tête. Vrais histrions chez qui le menton rasé, les hauts-de-chausse, les bottines ridicules, terminées par un bec recourbé, et tout l’extérieur

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