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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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Turquie, quand il y a de si jolies filles dans notre pays ?
    — Avez-vous vu toutes celles qui pourraient devenir reines ? demanda Baudouin.
    — Oui. Et, parmi elles, j’en ai bien remarqué dix qui me plairaient infiniment. Mais je ne peux les épouser, la loi est formelle.
    Cette loi, Baudouin la connaissait. Elle émanait de l’Église.
    À une époque où les rois se mariaient surtout pour agrandir leurs domaines et prenaient pour femmes leurs parentes les plus proches sans se soucier des inconvénients de tout genre qui pouvaient en résulter, le pape avait jugé utile, en effet, d’interdire les mariages consanguins. Mais, comme il arrive souvent lorsqu’on veut réprimer un abus, on tomba dans l’excès contraire, et l’Église considéra bien vite comme incestueuses toutes les unions entre parents, même très éloignés, et interdit les mariages entre cousins jusqu’au septième degré.
    Cette mesure donna beaucoup d’embarras aux rois. Les pauvres, en effet, qui étaient presque tous parents au-dessous du degré indiqué par l’interdit, ne surent bientôt plus où prendre femme. Il en résulta des problèmes fort délicats à résoudre et pour certains souverains l’impossibilité complète d’épouser une princesse de sang royal.
    C’était précisément ce qui gênait Henri I er .
    Tout en marchant, il murmura encore :
    — L’Allemagne était mon seul espoir. Maintenant, cette famille m’est également interdite.
    C’était vrai. Car l’alliance était assimilée par l’Église à la parenté, et toutes les cousines de la reine morte, jusqu’au septième degré, étaient interdites au malheureux veuf.
    — À mon avis, dit Baudouin, vous devriez demander à quelques voyageurs de confiance de vous signaler toutes les princesses à marier dont ils peuvent entendre parler dans les pays lointains qu’ils visitent. Il serait vraiment étonnant qu’il n’y eût pas quelque part une femme dont vous puissiez faire votre épouse.
    Henri trouva l’idée fort ingénieuse et décida sur-le-champ d’envoyer des observateurs dans tous les royaumes d’Orient. Après quoi, pour oublier ses ennuis matrimoniaux, il alla passer une belle nuit blanche avec sa concubine…
     
    Pendant quatre ans, le pauvre Henri attendit qu’on lui signalât une fiancée possible. Hélas ! toutes les princesses dont on lui parlait étaient peu ou prou ses parentes et il se désespérait.
    À la longue, son humeur s’en trouva modifiée. Il devint coléreux et méchant, même avec ses concubines, et lorsqu’elles manifestaient un désir de tendresse, « il faisait l’agacé, nous dit un chroniqueur, et les battait durement ». Elles finirent par s’enfuir du palais, laissant le roi déçu, amer et sans consolation.
    Un jour d’avril 1049, enfin, un homme à l’air réjoui entra dans la chambre royale. Il était essoufflé, car il venait de l’extrémité de l’Europe à cheval.
    — Assieds-toi, lui dit Henri, et parle.
    L’autre alors révéla que le grand-duc Iaroslav Vladimirovitch, qui régnait à Kiev, avait une fille, prénommée Anne, qui n’avait aucun lien de parenté avec Henri et qui était, en outre, d’une beauté ravissante.
    Le roi fit apporter à boire, s’installa de façon confortable dans un fauteuil et interrogea longuement le voyageur sur la fille du grand-duc. En apprenant qu’on parlait d’elle, de sa grâce, de son esprit, de ses cheveux blonds et de sa bouche sensuelle jusqu’à Constantinople, il eut l’œil pétillant.
    Et, aussitôt, il manda Roger, l’évêque de Châlons-sur-Marne.
    — Allez à Kiev, lui dit-il, portez ces bijoux à Iaroslav de la part du roi de France et demandez-lui la main de sa fille. Je vous attends avec impatience.
    Roger partit incontinent.
    À Kiev, où le grand-duc régnait sur une monarchie plus unie et plus puissante que la France royale du XI e  siècle, l’évêque de Châlons fut reçu de façon fastueuse. Il dormit peu, but beaucoup, mangea énormément. Puis, ayant obtenu, sans peine, la main d’Anne pour son roi, il revint à la cour de France.
    Henri fut enchanté de savoir qu’il était agréé. Il fit préparer des chariots remplis de présents somptueux et chargea deux autres évêques d’aller chercher sa fiancée.
    Anne arriva à Reims au printemps de 1051, apportant une dot considérable en belles pièces d’or frappées à Byzance.
    Henri l’attendait avec une grande émotion et un peu d’inquiétude. Il

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