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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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se demandait s’il avait bien fait de se fiancer, en quelque sorte, par correspondance et s’il n’allait pas regretter cette imprudence jusqu’à la fin de ses jours. Dès qu’il vit la fille du grand-duc, ses craintes s’évanouirent. Elle était encore plus belle et plus gracieuse qu’il ne l’espérait…
    Il en devint immédiatement fort épris.
    La légende veut qu’au moment où elle descendit de son chariot, le roi, incapable de se maîtriser plus longtemps, se soit précipité sur elle pour l’embrasser avec une belle ferveur. La princesse n’ayant pas protesté contre cette ardeur un peu hâtive, la foule, nous dit-on, put contempler des fiancés, qui ne s’étaient jamais vus encore, serrés l’un contre l’autre comme des amants.
    On assure également que, lorsqu’ils eurent fini de s’embrasser, Anne se dégagea et dit à Henri, en rougissant un peu :
    — Je suppose que c’est vous, n’est-ce pas, qui êtes le roi ?…
    Et qu’il la rassura.
     
    Le mariage eut lieu à Reims le 19 mai 1051. Henri avait à ce moment trente-neuf ans et Anne vingt-sept.
    Heureux d’avoir enfin une épouse délicieuse, le roi retrouva sa bonne humeur et, en 1052, Anne mit au monde un fils que l’on baptisa Philippe. Par la suite, Henri, de plus en plus touché par le charme slave de sa compagne, fit tant (et si bien) qu’elle lui donna encore trois enfants.
    Hélas ! cette première alliance franco-russe ne devait pas être longue. Le roi Henri mourut brusquement à Vitry-aux-Loges, près d’Orléans, le 4 août 1060, après neuf années de bonheur.
    Aussitôt, Anne alla se retirer au château de Senlis avec son fils Philippe, qui avait été sacré roi du vivant de son père, le 23 mai 1059.
     
    Le jeune roi n’étant âgé que de huit ans, Baudouin, beau-frère de Henri I er , avait été nommé régent du royaume. Anne vivait donc libre de tout souci politique dans son domaine valoisien. Un chroniqueur nous dit qu’elle aimait beaucoup Senlis, « tant par la bonté de l’air qu’on y respirait que pour les agréables divertissements de la chasse à laquelle elle prenait un singulier plaisir ». Elle y ajouta rapidement d’autres agréments.
    En effet, malgré son veuvage récent, la reine Anne se mit à organiser des réceptions mondaines qui furent très courues.
    De nombreux seigneurs des environs prirent l’habitude de venir lui faire leur cour et plus d’un parmi eux, nous dit le vicomte de Caix de Saint-Aymour, « apportait [sic] ses hommages non seulement à la reine, mais aussi à la femme ». Il est vrai qu’Anne avait alors trente-cinq ans, et que sa beauté « s’auréolait d’un éclat incomparable ». Tous ses invités étaient amoureux d’elle. L’un d’eux pourtant paraissait plus empressé que les autres et Anne le préférait. Il s’appelait Raoul, était son aîné de quelques années et possédait de nombreux titres : comte de Crépy, de Valois, du Vexin, d’Amiens, de Bar-sur-Aube, de Vitry, de Péronne et de Montdidier. En fait, c’était un des plus puissants seigneurs de France. Il se plaisait même à dire qu’il ne craignait ni les armes du roi, ni les censures de l’Église.
    Anne allait parfois se promener en forêt avec lui, ravie de l’écouter raconter ses récits de chasse ou de guerre en regrettant peut-être un peu que ce beau compagnon fût marié…
    Un jour de juin 1063, comme ils étaient seuls et qu’ils se regardaient dans une fontaine, il s’approcha d’elle et l’embrassa.
    Après avoir savouré ce baiser un long moment, la reine se sauva sans mot dire vers le château. Raoul, qui venait d’acquérir la certitude que la belle Anne était ardente, rentra précipitamment à Crépy, sa capitale, et, sur-le-champ, répudia son épouse, la tendre et juvénile Haquenez.
    — Allez-vous-en ! dit-il simplement.
    — Mais pourquoi ? cria la malheureuse qui ne s’attendait pas du tout à cela.
    — Parce que vous me trompez, répliqua Raoul, un peu pris de court.
    La pauvre comtesse, qui était un modèle de fidélité, fondit en larmes, fit ses bagages et partit le lendemain se réfugier dans un couvent.
    Ayant ainsi fait place nette, Raoul retourna à Senlis quelques jours après, bien décidé à mener rondement les choses. Là, on lui apprit que la reine faisait une promenade en forêt. Il y courut, la trouva en train de cueillir des fleurs, la prit dans ses bras, la hissa sur son cheval, monta en selle et enleva la

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