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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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mal composé annonçaient le dérèglement de l’âme. Hommes sans foi, sans loi, sans pudeur, dont les contagieux exemples corrompirent la nation française, autrefois si décente, et la précipitèrent dans toutes sortes de débauches et de méchancetés [40] . »
    Comme la reine leur laissait faire exactement tout ce qu’ils voulaient, les troubadours en profitèrent pour organiser une cour d’amour d’un genre un peu spécial ; ce qui ne fit pas bon effet auprès des braves gens… Et le roi s’emporta contre Constance.
    D’ailleurs, celle-ci se montra si acariâtre, si cupide, que Robert en fut rapidement las. La cruauté qu’elle manifestait en toute occasion lui était, en outre, particulièrement pénible. Un jour que l’on menait au supplice un groupe d’hérétiques, elle reconnut parmi eux son ancien confesseur et lui creva un œil avec une baguette… Le roi fut très gêné.
     
    Cet incident lui donna un tel dégoût de Constance qu’il partit bientôt pour Rome avec l’espoir d’obtenir du nouveau pape (Grégoire V était mort) l’autorisation de divorcer et de reprendre sa chère Berthe. Il avait d’ailleurs emmené celle-ci avec lui, trouvant plus normal d’aller voir le pape avec la concubine qu’il aimait qu’avec l’épouse qu’il détestait.
    Le pape ne suivit pas Robert dans son raisonnement et refusa tout net de donner son autorisation.
    Tristes, les deux amants rentrèrent à Paris, et la vie à trois recommença.
    — L’Église, dans sa sévérité, disait le roi avec amertume, nous oblige parfois à vivre dans le péché…
    Et cette situation paradoxale le chagrinait profondément.
    En se fondant uniquement sur la dernière période de la vie de Robert II, on pourrait croire que ce roi fut un débauché. Ce serait commettre une erreur car sa pureté était très grande. Pourtant, s’il avait une sainte horreur du vice, il n’était point impitoyable à la faiblesse des autres. Un jour qu’il allait à l’office du matin, il surprit deux personnes qui étaient en train de se livrer, sur le bord du chemin, à des ébats fort tendres. Il ne les injuria pas, comme un autre dévot aurait pu le faire : il se contenta de les couvrir de son manteau royal. Après quoi, il alla tranquillement à la messe.
    Berthe mourut en 1031. Robert, inconsolable, ne lui survécut que quelques mois.

9
    Un jeune homme enlève une reine de France
    La défense des mariages jusqu’au septième
    degré embarrassa extrêmement l’onzième
    et le douzième siècle.
     
    Mézeray
     
    En 1045, par un soir tiède de printemps, le roi Henri I er , fils de Robert le Pieux et de Constance, se promenait dans le parc de son château d’Orléans, en compagnie de Baudouin, son beau-frère. Il était triste et marchait silencieusement.
    Baudouin, qui connaissait les ennuis du souverain, suivait sans dire un mot. Il savait que Henri se demandait présentement avec inquiétude s’il pourrait un jour avoir une femme légitime…
    Jusqu’alors, il est vrai, les essais du jeune roi avaient été plutôt malheureux.
    À vingt-cinq ans, il s’était fiancé avec la fille de l’empereur d’Allemagne Conrad II, et cette jeune princesse était morte avant même de connaître l’époux qu’on lui destinait. À trente-cinq ans, il avait épousé la nièce de l’empereur Henri III d’Allemagne. Trois mois plus tard, la pauvre reine décédait.
    — Vraiment, avait-il pensé, sans aucune ironie, je n’ai pas de chance !
    Or il y avait maintenant deux ans qu’il était veuf, et cet état lui pesait.
    Ajoutons que le printemps était fort doux en 1045, au dire des chroniqueurs, et que cela n’arrangeait pas les choses…
    Depuis quelques jours, le roi avait bien pris une charmante concubine, mais cet expédient, s’il avait apaisé ses nerfs, n’était point parvenu à le libérer de son angoisse. Car c’est une épouse qu’il voulait, une épouse légitime capable d’être reine de France et de lui donner des héritiers…
    C’est donc avec la mort dans l’âme qu’il se promenait, ce soir-là, dans son jardin où fleurissaient les premières roses. La nuit de mai était parfumée, le rossignol chantait, comme dans les chansons de troubadours, et Henri, qui avait laissé sa maîtresse au milieu d’un groupe de poètes, confia soudain ses tourments à son compagnon.
    — Il y a deux ans que je cherche une femme en vain, soupira-t-il. Faudra-t-il donc que je fasse venir une épouse de

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