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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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nos dames allons vous soigner du mieux que nous pourrons. Pour commencer, je vous ai fait préparer un excellent bain en nos étuves.
    L’évêque, qui connaissait les sentiments de Jeanne à son égard, se méfia. Il alla trouver le fils aîné du roi et, très franchement, lui fit part de ses craintes.
    — C’est bien simple, lui dit le jeune prince Jean, je vais me baigner avec vous, nous verrons ce qui arrivera.
    Puis il demanda qu’on voulût bien préparer un deuxième bain pour lui. Lorsque les deux baquets furent prêts, la reine, un peu inquiète, vint rôder près des deux étuves. C’est alors que le prince dit à l’évêque de Beauvais :
    — Bon Père, je vous propose un échange. Vous entrerez dans mon bain et j’entrerai dans le vôtre.
    En entendant cette proposition qui déjouait ses plans, la reine s’affola et bondit pour empêcher son fils d’entrer dans le bain de l’évêque.
    — Pourquoi ? dit le prince Jean. Ce bain est donc dangereux ?
    Et, pendant que la reine commençait à se sentir mal à l’aise, il se saisit du chien qu’elle traînait toujours à sa suite et le jeta dans le baquet préparé pour le prélat. L’animal se mit à hurler de douleur et mourut en quelques secondes, agité par d’atroces convulsions.
    La reine rentra dans sa chambre en courant. Mais le roi, instruit de l’affaire, alla la retrouver et lui administra une nouvelle correction qui l’empêcha de paraître en public pendant quelques semaines.
     
    On comprend, dans ces conditions, que Philippe VI n’ait pas eu la tranquillité d’esprit voulue pour se préparer sérieusement à chasser les Anglais de son royaume.
    C’est pourquoi la flotte française fut anéantie à L’Écluse lorsque Édouard III, tenant parole, débarqua le jour de la Saint-Jean ; c’est pourquoi aussi notre chevalerie fut sévèrement défaite à Crécy, quelques années plus tard.
    Au cours de cette dernière bataille, l’infanterie anglaise, armée d’arcs légers à tir rapide, montra sa supériorité sur les fantassins français, gênés par leurs lourdes et encombrantes arbalètes. Tandis que les soldats de Philippe tiraient un « carreau », ceux d’Édouard III tiraient sept flèches. En outre, le roi d’Angleterre, nous dit Froissart, avait placé à côté des archers « des bombardes qui, avec du feu, lançaient de petites balles de fer pour effrayer et détruire les chevaux ; et les coups de ces bombardes causèrent tant de tremblement et de bruit qu’il semblait que Dieu tonnait avec grand massacre de gens et renversement de chevaux ». Cette première apparition de l’artillerie effraya énormément nos soldats : la France était déjà en retard d’une guerre dans ses armements…
     
    Deux ans après le désastre de Crécy, un deuil vint frapper la cour de France : Jean, fils aîné du roi, perdit sa femme, la douce et charmante Bonne de Luxembourg. Immédiatement Philippe songea à le remarier et fixa son choix sur Blanche de Navarre, dont la beauté faisait alors rêver les princes d’Europe. Ayant obtenu sa main, il envoya chercher la jeune fille par des ambassadeurs. Elle était en route pour Paris, attendue avec impatience par le prince Jean, lorsque la reine Jeanne de Bourgogne mourut subitement de la peste bubonique. Sans même verser une larme, Philippe fit enterrer prestement cette épouse acariâtre qui l’avait tant ennuyé et attendit sa future bru.
    Lorsque Blanche arriva au Louvre, tout le monde fut émerveillé par sa grâce.
    — Jamais je n’ai vu plus belle femme ! s’écria Jean.
    Le roi acquiesça discrètement, en se gardant bien de dire qu’il en était lui-même, à l’instant, tombé amoureux. Mais quelques jours plus tard, il envoya son fils faire un petit voyage en province et profita de ce qu’il était seul avec Blanche pour lui démontrer que, si elle voulait être reine de France, il était plus simple – et plus rapide – d’épouser le roi plutôt que son héritier. La jeune fille se laissa facilement convaincre. Elle accepta même que Philippe fît avec elle, sur-le-champ, ce que certains historiens appellent « un petit essai matrimonial ». Sans doute celui-ci fut-il satisfaisant, car ils se considérèrent désormais comme fiancés.
    On imagine la surprise de Jean lorsqu’il rentra à Paris et qu’on lui apprit la nouvelle. Il rapportait un cadeau pour Blanche. Il le brisa sur le sol.
    — Traîtres ! cria-t-il.
    Et il quitta

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