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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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pour aller s’installer, à peine veuve, sur le théâtre des opérations amoureuses de la reine Jeanne de Navarre, en cette tour de Nesle qui avait conservé sa mauvaise réputation…
    Tandis que les bonnes gens de Paris commentaient ainsi l’attitude de la souveraine, Charles, frère du roi, montait sur le trône.
    Son premier souci, lorsqu’il eut été sacré, fut de rompre son mariage avec Blanche de Bourgogne qui se trouvait toujours, la pauvre, emprisonnée à Château-Gaillard. Il s’adressa au pape, Jean XXII, en invoquant la mauvaise conduite de la reine avec le chevalier Gautier d’Aulnay ; mais, l’adultère n’étant pas alors une cause canonique de divorce, le souverain pontife lui répondit fort courtoisement que Blanche devait rester son épouse, et même qu’il devait l’aimer davantage, « justement pour cette raison qu’elle avait été coupable… ».
    Cette réponse ne satisfit pas du tout Charles IV.
    Il n’avait, en effet, aucune envie de pardonner à Blanche, surtout depuis qu’il savait que la jeune femme, malgré la surveillance étroite dont elle était l’objet, était devenue enceinte dans sa cellule [97] …
    Alors, il écrivit de nouveau au pape en invoquant, cette fois, un prétexte différent. Il allégua qu’il était parent au quatrième degré avec son épouse et que, dans ces conditions, son mariage était nul. Après enquête, Jean XXII lui accorda enfin ce qu’il demandait.
    Charles IV fut tellement heureux d’être débarrassé de Blanche qu’il donna aussitôt des ordres pour que sa peine fût adoucie. On la transféra de Château-Gaillard au château de Gauray, près de Coutances ; puis elle obtint la permission de prendre le voile à l’abbaye de Maubuisson où elle finit ses jours.
     
    Quelques mois après l’annulation de son mariage, Charles IV épousa à Provins Marie de Luxembourg, « une aimable jeune fille », dit Guillaume de Nangis, âgée de dix-sept ans.
    Un accident abrégea malheureusement les jours de cette gracieuse reine. Alors qu’étant enceinte elle se rendait à Montargis pour retrouver le roi, son chariot versa, et la chute qu’elle fit provoqua un accouchement prématuré dont elle mourut.
    L’année suivante, en 1325, Charles IV, qui n’aimait pas vivre seul, épousa en troisièmes noces Jeanne d’Évreux, lui installa des appartements somptueux et décida qu’une grande partie du temps serait consacrée à la tendresse…
    Tout alla bien jusqu’au jour où parvint au Louvre une nouvelle qui rendit le roi de mauvaise humeur : Isabelle, sa sœur, et femme d’Édouard II d’Angleterre, annonçait sa visite. Elle arriva le 16 octobre 1326 et fut reçue assez fraîchement par les Parisiens, qui n’avaient pas oublié le rôle ignoble qu’elle avait joué dans l’arrestation des trois brus de Philippe le Bel.
    Quelques fêtes furent organisées cependant en son honneur par Charles IV et Jeanne d’Évreux. Isabelle, habituée aux fréquentations un peu spéciales de son mari, fut ravie d’y rencontrer des hommes qui s’intéressaient aux femmes… Un soir, au cours d’un bal donné au Louvre, elle retrouva un de ses anciens vassaux, Roger Mortimer, baron de Wigmore, comte de March, qui s’était réfugié en France. Elle savait qu’il avait participé à la révolte des barons anglais contre Édouard II, qu’il avait été emprisonné et qu’il s’était évadé ; néanmoins, comme il était beau, elle se montra fort aimable avec lui.
    Et, le lendemain soir, elle devint sa maîtresse.
    Ainsi donc, par une savoureuse ironie du destin, Isabelle imitait la conduite des princesses qu’elle avait fait châtier quelques années auparavant…
    Cette liaison fut cimentée par de telles turpitudes qu’il apparut bientôt à la reine d’Angleterre qu’elle ne pourrait jamais quitter son amant. Aussi lui demanda-t-elle de l’accompagner à Londres.
    — Et le roi ? répondit Mortimer, un peu inquiet.
    Isabelle sourit.
    — N’ayez crainte ! Car, si vous voulez me donner aide, je le ferai détrôner !
    Une semaine plus tard, ayant mis au point son projet et obtenu de son frère Charles les subsides nécessaires à la réussite du complot, elle s’embarqua pour l’Angleterre en compagnie de Mortimer.
    À Londres, elle n’eut aucun mal à faire admettre l’infamie du roi dont les vices étaient connus de tous. Et, grâce à la complicité des barons dont elle s’était acquis l’amitié, elle

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