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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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anglaise, et maintint les très vétustes principes de guerre français, au lieu de prendre modèle sur l’organisation impeccable de l’ennemi qu’il allait avoir à combattre.
    Depuis longtemps déjà, les rois d’Angleterre avaient établi, dans leur royaume, le service militaire obligatoire, auquel tout homme était soumis, de seize à soixante ans. En France, au contraire, il n’y avait pas d’armée organisée, mais seulement des chevaliers, dont l’idéal était de se battre avec beaucoup de bravoure, à condition qu’on ne les commandât point. L’idée d’une discipline semblable à celle que les soldats anglais, bien encadrés, acceptaient sans murmurer, les eût fait sourire. Ils avaient, d’ailleurs, une curieuse façon de concevoir l’engagement d’un combat. Dès que l’adversaire était en vue, ils s’élançaient sur lui, tous en même temps, chacun voulant être le premier à ferrailler. Il s’ensuivait une grande bousculade, et, souvent, « la fleur de la chevalerie française » était par terre avant d’avoir atteint l’ennemi…
    Philippe VI fut donc bien coupable en ne mettant pas sur pied une véritable armée.
    Mais peut-être avait-il quelques excuses. Car, au moment où il eût dû concentrer tout son effort et toute son attention sur la défense du royaume des lys, le roi était tourmenté par de graves soucis domestiques. Son épouse, que les chroniqueurs appelèrent la « male reine de France », lui en faisait voir, comme on dit, de toutes les couleurs…
     
    Philippe VI avait épousé, je l’ai dit, Jeanne de Bourgogne, propre sœur de la fameuse Marguerite. C’était une femme volontaire, méchante, acariâtre, laide et insupportable. Sa cruauté était si grande que Froissart n’hésite pas à écrire qu’elle faisait mourir « sans merci » tous ceux qu’elle prenait en haine. Aussi le roi passait-il son temps à empêcher sa femme de commettre des crimes…
    Je me bornerai à quelques exemples particulièrement significatifs.
    Dans sa Chronique normande , Pierre Cochon nous dit que la reine détestait, pour des raisons obscures, un des « chevaliers du royaume que le roi aimait le mieux », qui se nommait Robert Bertrand. Celui-ci étant venu à Paris, Jeanne résolut de le faire disparaître. Elle fit écrire une lettre adressée au prévôt de Paris, ordonnant de conduire messire Robert Bertrand au gibet de Montfaucon, « sur l’heure, sans délai et quels que soient les mandements qui pourraient suivre, et de le pendre par le col ».
    Le soir, en se couchant, elle s’étira comme une chatte et fit comprendre à son époux qu’elle était en humeur de lui préparer un héritier. Philippe, sans méfiance, se montra galant homme. Par sept fois, elle le remit en appétit et, par sept fois, le roi lui manifesta sa tendresse. Finalement, quand il fut complètement épuisé au fond du lit, elle se leva sans bruit, fouilla dans le coffre secret de son époux, y prit le cachet royal et scella sa lettre, qu’elle envoya, dès l’aube, au prévôt.
    Celui-ci, qui se trouvait être un ami de Bertrand, fut très peiné en recevant cet « ordre de mission ». Les yeux pleins de larmes, il se rendit chez le chevalier qui s’étonna de lui voir une mine si lugubre.
    — C’est, lui dit le prévôt, que je vous apporte une bien triste nouvelle.
    Et il lui montra la lettre. L’ayant lue, Bertrand resta un moment hébété.
    — Je vous jure, dit-il enfin, que je n’ai rien à me reprocher. Aussi, je vous demande une grâce : avant de me conduire à Montfaucon, menez-moi auprès du roi, je veux savoir au moins pourquoi l’on me pend.
    Une demi-heure après, ils arrivaient au Louvre où Philippe les accueillit fort bien.
    — Que me voulez-vous de si bonne heure, ami Bertrand ? demanda-t-il joyeusement.
    Pour toute réponse, le chevalier tendit au roi la lettre que le prévôt avait reçue.
    Philippe devint très pâle.
    — C’est une erreur dont je vais châtier le coupable, dit-il.
    Puis, ayant deviné d’où venait l’infamie, il rentra dans sa chambre, fit venir la reine et la battit copieusement.
     
    Cette correction ne servit d’ailleurs pas de leçon à Jeanne, puisque, quelque temps après, elle tenta de se débarrasser d’un autre ami du roi, l’évêque de Beauvais, par un procédé différent, mais aussi mal imaginé.
    Alors que le prélat était l’hôte de Philippe, la reine lui dit :
    — Soyez ici le bienvenu. Nous et

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