Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
Vom Netzwerk:
bon effet. Jehan le Bel nous le dit clairement dans ses Chroniques  : « Toutes gens furent dolents et courroucés ; et le roi durement blâmé et moins aimé ; et ne sut-on pourquoi ce fut fait, sauf les plus privés du roi ; mais aucunes gens devinaient que le roi avait été informé d’aucunes amours, lesquelles avaient été ou devaient être entre M me  Bonne et le gentil connétable. »
    Que s’était-il donc passé ? Rien qu’un banal drame de la jalousie dont on put reconstituer les détails par la suite : lorsque le connétable s’était présenté au Louvre, Jean l’avait entraîné dans un salon particulier et lui avait tendu un papier, en disant :
    — Regardez cette lettre ; la vîtes-vous jamais autre part qu’ici ?
    Le connétable s’était senti fort déprimé en reconnaissant une lettre plus que tendre qu’il avait adressée, quelque temps avant sa captivité, à la reine Bonne de Luxembourg, première épouse du roi Jean.
    Cette lettre, le roi l’avait découverte dans les papiers personnels de la reine après que celle-ci eut été emportée en vingt-quatre heures par la peste. Il s’était alors juré d’en faire expier les termes à son expéditeur.
    L’arrivée du connétable avait réveillé sa colère, et le malheureux Raoul était allé vers le bourreau sans même avoir pu fournir un semblant d’explication.
    Le roi aimait d’ailleurs ce genre de justice sommaire et expéditive. Brutal, incapable de contenir ses passions, peu intelligent, il est merveilleusement dépeint par cette phrase de Froissart : « Il était lent à informer et dur à oster en opinion », c’est-à-dire lent à comprendre et fort entêté…
    Dans ces conditions, on pourrait s’étonner que Jean II ait été surnommé le Bon par ses contemporains. C’est que Bon , au XIX e  siècle, signifiait Brave , et que le roi montra en différentes occasions une vaillance digne d’admiration.
    Malheureusement, cette intrépidité et cette ardeur remplaçaient chez lui la finesse et le sens politique. Après avoir perdu du temps, injurié ses ministres, fait preuve de la plus grande indécision et d’une désastreuse incompétence, il partait, sourcils froncés, se battre comme un héros et comme une brute…
     
    Jean II vécut cinq ans fort agréables avec Jeanne d’Auvergne. Ils passaient leur temps à organiser des fêtes fastueuses et des divertissements fort coûteux dont s’entretenaient avec étonnement les cours étrangères.
    — C’est la trêve ! disait le roi en riant, il faut savoir en profiter !
    En effet, la France et l’Angleterre avaient signé une trêve, après la prise de Calais ; mais, tandis que le roi de France ne songeait qu’à s’amuser, Édouard III, lui, organisait minutieusement son armée en vue de prochaines batailles.
    Soudain, en 1355, la guerre recommença. Et, l’année suivante, les troupes britanniques se rencontraient avec les soldats de Jean II le Bon sur le plateau de Maupertuis, à quelques kilomètres de Poitiers. Le combat fut rude. Après une heure de corps à corps terrible, trois mille Français étaient étendus par terre, cinq cents s’étaient enfuis, et le roi Jean, au milieu d’une mêlée épouvantable, se battait avec une hache…
    Son fils Philippe, âgé de quatorze ans, qui ne l’avait pas abandonné, l’avertissait du danger :
    — Père, gardez-vous à gauche !… à droite !
    Et Jean, d’un coup précis, ouvrait le crâne de tout Anglais qui s’approchait un peu trop.
    Mais cette héroïque résistance n’avait d’autre utilité que de sauver l’honneur. Finalement, quelqu’un cria au roi de France :
    — Rendez-vous ou vous êtes mort !
    Jean II, qui venait d’être blessé au visage pour la deuxième fois, demanda :
    — Où est mon cousin, le prince de Galles ? C’est lui que je veux voir.
    — Sire, répondit un personnage en s’avançant, rendez-vous à moi et je vous conduirai jusqu’à lui.
    — Qui êtes-vous ? dit le roi.
    — Denis de Morbecque, chevalier de l’Artois. Je sers l’Angleterre parce que je ne peux plus servir la France, où j’ai perdu mon bien.
    Cet homme était un chevalier meurtrier qui avait dû quitter la France pour échapper à des poursuites judiciaires. Jean II le connaissait. Il lui tendit son gantelet.
    — C’est à vous que je me rends !
    Aussitôt, le roi fut conduit vers le prince de Galles qui le reçut avec une grande courtoisie et tint, le

Weitere Kostenlose Bücher