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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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roi. Alors, de crainte en laquelle ils sont, ils passeront en admiration et vous seront soumis. Certes, il ne serait point vertueux de s’engager la première dans cette voie ; mais, quand tous y passent, il serait malhabile, déshonnête et orgueilleux de demeurer hors [112] .
    La reine accepta immédiatement, et sans la moindre hésitation, de participer au désordre général et avoua qu’elle était prête à user de n’importe quel moyen pour réaliser ses ambitions.
    — Le roi, dit-elle, est fort bon et moult le révère. Mais je ne fais compte de sa tête où ne se trouve que faiblesse. Ce pourquoi, il faut que je gouverne.
    Et, sans plus tarder, elle organisa son plan de bataille. Devant Bois-Bourdon, éberlué de voir la jeune souveraine se transformer ainsi en un politique rusé et sans scrupules, elle envisagea froidement de faire disparaître les trois régents qui pouvaient être de grands obstacles à l’accomplissement de ses desseins, et de s’attacher par les liens les plus étroits et les plus solides Louis, duc de Touraine, frère du roi.
    — Celui-ci est jeune et plein d’ardeur, dit-elle, il m’aidera, j’en suis sûre.
    Bois-Bourdon fut très alarmé en entendant ce projet.
    — Quel rival vous me faites craindre là, Madame, se permit-il de dire.
    Isabeau le considéra avec tendresse.
    — Mon ami, dit-elle, point jamais n’y aura pour vous de rival. Même si je dois, par froide raison, ouvrir mon lit à quelques puissants seigneurs, notre accointance sera la plus forte, car notre jeunesse et notre goût nous induisent à volupté.
    Et elle ajouta, animée par une ardeur qui faisait briller ses yeux bleus :
    — Tout le monde, en cette cour, ne pense qu’à prendre argent et plaisir, lesquelles choses me tentent fort comme délectables biens. Pourquoi me les interdirais-je ? Ami, vos avis sont bons, je ferai ainsi que vous dites…
    Après quoi, elle sourit à son amant, et tous deux allèrent sceller leur accord funeste sur un grand lit…
    Un mois plus tard, Charles VI revint passer quelques semaines à Beauté où la reine lui réserva le plus tendre et le plus fougueux accueil. Puis, sans éprouver le moindre soupçon sur ce qui se tramait, il repartit pour les Flandres, se faisant accompagner cette fois d’une partie de la cour.
    Le duc de Touraine, pourtant, ne fut pas du voyage, et Isabeau mit à profit cette nouvelle période de solitude pour s’approcher de lui.
    C’était un beau jeune homme, impétueux et bouillant. Il avait quinze ans, mais en paraissait dix-huit et avait eu déjà de nombreuses aventures fort brillantes avec quelques dames qui fréquentaient le palais…
    Il fut fortement ému de rester ainsi, presque seul, en compagnie de sa troublante belle-sœur.
    Un soir, celle-ci organisa une petite fête à laquelle assista, entre autres, le fidèle Bois-Bourdon. Après un banquet joyeux, on dansa. Isabeau ouvrit le bal avec le duc de Touraine et les invités vinrent faire de très savantes figures sur une musique lente et compliquée.
    Quand tout le monde fut occupé à mettre, en mesure, un pied devant l’autre, Isabeau emmena discrètement le frère du roi, et le malheureux Bois-Bourdon les vit disparaître en direction d’une chambre qu’il connaissait bien…
     
    Le jeune duc de Touraine, assez flatté de ce qui lui arrivait, tint à montrer à sa ravissante belle-sœur qu’il était déjà passé maître dans « l’art du belutage », comme on disait alors.
    Leur nuit s’en trouva fort agitée, d’autant qu’Isabeau, conquise par le savoir-faire du jeune homme, oublia bien vite les raisons politiques qui lui avaient fait choisir ce deuxième amant pour se donner toute au plaisir.
    Et, quand l’approche de l’aube commença à rendre plus fraîche la nuit de printemps, les deux amants, épuisés et « nerveux comme chiffes », tombèrent, encore enlacés, dans un sommeil profond qui leur fut comme une seconde volupté…
    Vers dix heures du matin, la reine s’éveilla et sourit en voyant qu’un beau jour de mai était commencé. Près d’elle, le duc de Touraine dormait toujours. Elle lui caressa doucement les cheveux et fut heureuse de penser qu’il était à sa merci. Par jeu, elle l’embrassa, et il ouvrit les yeux.
    — Bonjour, madame, quelles sont vos pensées ce matin ? dit Louis.
    — Fort triste je suis, bel ami, dit Isabeau à qui le sommeil avait rendu toute sa lucidité. Il m’est venu en la pensée que vous

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