Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
Vom Netzwerk:
noces ? Une belle fille comme toi,
ça doit pas manquer de prétendants.
    – Il y a rien
qui presse, répondit sèchement la jolie célibataire en repoussant sous sa tuque
une boucle de cheveux châtains.
    – Bon. Il
faut que j’y aille, dit Philibert Dionne. Tu salueras tout le monde ch ez vous pour moi.
    – J’y
manquerai pas, monsieur Dionne, promit la jeune fille.
    Elle
rentra dans la maison et enleva son manteau qu’elle suspendit à l’un des
crochets vissés au mur, derrière la porte d’entrée.
    – M’man, je
pense qu’on vient peut-être de découvrir qui est venu voler la boisson de p’ pa, déclara-t-elle à sa mère occupée à
éplucher les pommes de terre qui allaient être servies au dîner.
    – Qui est-ce ?
demanda Thérèse Tremblay, en repoussant d’une main impatiente une mèche qui s’était
échappée de son chignon.
    – Les deux
petits Tougas.
    Claire
entreprit de lui raconter tout ce que le postier venait de lui dire.
    – Ça prouve
encore rien, déclara Thérèse Tremblay. Mais attends que ton père apprenne ça. Je
pense pas que ça va lui faire plaisir. Il aime ben les Tougas.
    – Je veux
bien le croire, m’man, mais vous savez comme moi que leurs gars sont pas des
anges.
    – C’est sûr
qu’ils auraient eu besoin d’une bonne volée de temps en temps pour les faire
marcher droit, dit Thérèse. Mais on change pas le monde. Leur père et leur mère
sont des doux, ajouta-t-elle, réprobatrice.
    – Le père
Dionne m’a aussi dit que Germain Fournier était en amour par-dessus la tête
avec la servante du curé.
    – Avec la
fille qui vient d’un orphelinat ?
    – Bien oui, m’man,
pas avec Agathe Cournoyer, quand même, rétorqua sa fille. On peut pas dire qu’elle
est bien difficile, cette fille-là.
    Le
silence tomba dans la cuisine durant un court moment avant que Thérèse ne reprenne :
    – Je te l’avais
bien dit, ma fille, que tu devrais t’occuper un peu de Germain Fournier. C’est
encore un bon parti qui risque de te filer sous le nez.
    – M’man, je
vous l’ai dit que le voisin m’intéressait pas. Je l’ai toujours trouvé laid et
insignifiant.
    – Si tu
continues à te montrer aussi difficile, tu vas mourir vieille fille, Claire. Oublie
pas que tu viens d’avoir vingt-six ans.
    – Je mourrai
vieille fille, et ce sera pas la fin du monde, déclara Claire sur un ton
définitif en déposant devant sa mère les deux enveloppes remises par le postier.
    Dès
son retour ce midi-là, Eugène fut mis au courant du malaise qui frappait les
deux fils d’Antonius Tougas.
    – Pour moi, c’est
eux autres qui sont venus deux fois nous voler, finit-il par déclarer. Je pense
que je vais arrêter parler à leur père en passant cet après-midi.
    – Mais t’as
pas de preuve de ça, rétorqua sa femme. Ils peuvent aussi être malades à cause
d’un microbe. Fais-toi pas haïr par Antonius. Il y a déjà assez d’Ernest
Veilleux.
    – Prends-moi
pas pour un niaiseux, s’emporta son mari. Je vais juste aller leur dire deux
mots.
    Après
le repas, le cultivateur arrêta son attelage devant la maison des Tougas et
alla frapper à leur porte, en compagnie de Gérald et de Clément.
    Antonius Tougas, un
grand homme décharné à la tête grise et hirsute vint ouvrir.
    – Entrez, dit-il
aux trois hommes en s’effaçant. Ven ez vous réchauffer un peu.
    Les
Tremblay entrèrent dans une pièce pauvrement meublée où Emma Tougas, une femme
toute menue, était occupée à ranger de la vaisselle dans ses armoires.
    – On veut pas
te déranger, Antonius, fît Eugène
qui avait vu son voisin lors d’une assemblée de cuisine chez Giguère, la
semaine précédente. On s’est juste arrêtés pour prendre des nouvelles de tes
garçons. On a entendu dire qu’ils étaient pas mal malades.
    – En fin de
compte, ça a pas l’air d’être ben grave, les rassura le cultivateur en replaçant
l’une de ses larges bretelles qui avait glissé de son épaule. Déjà, à matin, ils
allaient mieux.
    – C’est ben
tant mieux.
    – Ils sont
déjà tous les deux à l’étable en train de nettoyer.
    – Bon. Je
suis ben content pour vous autres, conclut Eugène, ayant déjà la main sur la
poignée de la porte. Si ça te dérange pas, j’ai deux mots à dire à tes garçons.
Après ça, nous autres, on s’en retourne couper de la glace. On vous souhaite le
bonjour, dit-il à ses hôtes avant de sortir.
    Eugène
et ses fils envoyèrent la main

Weitere Kostenlose Bücher