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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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suggéra Gérald, frigorifié.
    – Vaut mieux
pas. J’ai pas le goût pantoute d’entendre Crevier nous parler de son Rouleau et
de ce qu’il va faire une fois élu. En plus, si on fait ça, on va avoir de la
misère à endurer le froid en revenant.
    Les chevaux, encouragés par les cris de Clément et d’Eugène, parvinrent
à escalader la rive et à reprendre pied sur le rang Saint-Edmond. Juchés sur la
charge, les trois hommes rentrèrent à la maison pour dîner.
    Ce midi-là, Eugène
Tremblay eut l’idée de boire une petite rasade de caribou avant de passer à
table, histoire de se réchauffer un peu. Après avoir rebouché la bouteille, il
pensa subitement à sa fameuse bouteille de caribou trafiqué et il alla dans la
remise pour vérifier si elle était toujours là.
    – Ah ben, torrieu !
s’exclama-t-il en s’apercevant qu’elle avait disparu. Dis-moi pas que le maudit
voleur est revenu !
    Il
retourna dans la cuisine en se promettant d’installer un loquet sur la porte de
la remise l’après-midi même.
    – Ma
bouteille de caribou dans la remise est disparue, apprit-il à sa femme en entrant
dans la pièce.
    – Ça doit pas
faire longtemps, répondit calmement Thérèse en déposant la soupière au centre
de la table. Je l’ai vue encore hier.
    – Je suis sûr
que notre voleur va ben l’aimer, ricana Eugène en se servant. Il va se rappeler
de cette boisson-là, je te le garantis.
    Tout
le monde autour de la table s’esclaffa. Les enfants étaient au courant de ce
que leur père avait mis dans la bouteille.
    – Ça sent le
Tit-Phège Turcotte à plein nez, cette histoire-là, reprit Eugène. Il aime trop
la boisson et il m’a vu ben des fois aller chercher du caribou dans la remise.
    – Je suis pas
trop certaine de ça, moi, fît Thérèse. T’es mieux d’attendre d’avoir des preuves avant de l’accuser.
    – De toute
façon, p’ pa, on va ben finir par en entendre
parler dans la paroisse, prédit Clément. Pour moi, ça prendra pas de temps.
    Après
le repas, Eugène et ses fils retournèrent à la rivière pour poursuivre la tâche
entreprise le matin même. Il était prévu qu’on découperait de la glace durant
deux ou trois semaines, le temps de remplir la fosse creusée au fond de la
grange et tapissée d’une épaisse couche de bran de scie. Il le fallait si on
voulait conserver au frais de la viande jusqu’au début de l’été. De plus, Eugène
avait accepté de fournir en blocs de glace deux des quatre fromageries de la
paroisse et quelques clients de Pierreville.
    Cependant, il
allait de soi que la durée du travail dépendrait, en grande partie, de la
température qu’il ferait durant le mois de février. Mais s’il fallait découper
encore de la glace au mois de mars, les Tremblay le feraient ; ils avaient
un trop urgent besoin des quelques dollars que cette activité allait leur
procurer.
    Deux jours après
le début de ce travail pénible, Claire Tremblay, qui revenait d’aller lever les
œufs dans le poulailler, aperçut le postier arrêté devant la maison. L’homme s’apprêtait
à déposer du courrier dans leur boîte aux lettres. La jeune femme laissa sur le
balcon son plat rempli d’œufs et se dirigea vers la boîte aux lettres.
    – Bonjour la
belle Claire, fit Philibert Dionne dont le nez bourbonien était enluminé par le
froid. J’ai deux lettres pour vous autres.
    – Bonjour, monsieur
Dionne. Vous allez bien ?
    – Pas mal. Pas
mal mieux que deux des garçons d’Antonius Tougas, en tout cas. Je viens de
parler à leur mère. Il paraît que leur René et leur Emile ont pogné une espèce
de microbe qui fait qu’ils passent leur temps aux toilettes depuis hier. Elle
est pas mal inquiète. Elle se rappelle encore trop comment son vieux père est
mort après avoir attrapé un microbe que le docteur Courchesne a pas été capable
de soigner.
    – C’est
peut-être juste une bonne grippe, avança la jeune femme de vingt-six ans en
réprimant difficilement un sourire.
    – C’ est ce que Germain Fournier vient de me dire, répondit
l’affable postier en reprenant les guides de son attelage. Au fait, je suppose
que vous devez savoir que c’est le grand amour entre votre deuxième voisin et
la petite servante du curé Lussier ? C’est rendu qu’on les voit plus l’un
sans l’autre.
    – Tant mieux,
laissa tomber Claire, peu intéressée par les amours du voisin.
    – Et toi, ma
belle, quand est-ce qu’on va aller à tes

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