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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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à Antonius Tougas debout devant la fenêtre.
    – Attendez-moi
ici, ordonna Eugène à ses fils, avant de se diriger vers l’étable située au
fond de la cour.
    L’homme
à la stature imposante entra dans le bât iment
et trouva Emile et René Tougas en train de pelleter du fumier qu’ils déposaient
dans une brouette. Ils sursautèrent en apercevant Eugène Tremblay debout devant
eux. Ils ne l’avaient pas entendu entrer.
    – Vous deux, écoutez-moi
ben parce que je me répéterai pas, leur dit-il d’une voix sévère.
    Les
deux frères se regardèrent, surpris. René, l’aîné, voulut dire quelque chose, mais
un geste coupant de la main du visiteur l’incita à se taire.
    – Prenez-moi
pas pour un gnochon, poursuivit Eugène. C’est vous deux qui êtes venus me voler
du caribou deux fois dans ma remise. Les pistes menaient jusqu’à ch ez vous , mentit-il.
    – Mais…, voulut
protester René.
    – Laisse
faire, le coupa Eugène. Vous avez été malades parce que j’ai mis de l’huile de
ricin dans la dernière bouteille que vous êtes venus me voler. La prochaine
fois que vous aurez envie de venir chez nous sans être invités, la surprise qui
va vous attendre va vous faire ben plus mal que ça, je vous le garantis. Est-ce
que c’est clair ?
    – Oui, monsieur
Tremblay, balbutia René.
    – Est-ce que
c’est clair ? répéta Eugène Tremblay en enflant la voix et en tournant son
regard vers Emile.
    – Oui, monsieur
Tremblay, répondit finalement l’adolescent.
    – Là, j’ai
rien dit à vos parents. La prochaine fois, je vais vous faire arrêter par la
police provinciale, ajouta-t-il pour faire peur aux deux jeunes.
    Sur
ces mots, Eugène Tremblay tourna les talons et sortit de l’étable. Il monta à
bord du traîneau et Clément cria « Hou donc ! » pour inciter les
chevaux à se mettre en marche.
    – Est-ce que
c’est eux autres, p’ pa ? demanda le jeune homme à son
père.
    – Ouais. Mais
je pense leur avoir fait assez peur pour leur enlever l’envie de recommencer.
    – On pourrait
leur sacrer une volée, suggéra Gérald, agressif.
    – Non. Ça va
faire comme ça. Ils ont eu leur leçon.
    Dans
l’étable, les deux adolescents restèrent figés un court moment après le départ
du voisin.
    – Qu’est-ce
que t’as fait du reste de la bouteille ? demanda à voix basse René à son
jeune frère.
    – Je l’ai
caché dans le berlot, dans la vieille couverte. P’ pa
avait là une moitié de bouteille qu’on a bue dans le temps des fêtes. Là, je l’ai
remplacée.
    – Tu te
débarrasseras de cette cochonnerie-là, lui conseilla son frère. Il manquerait
plus qu’on oublie ce qu’il y a dedans et qu’on en boive encore.
    – Ouach !
fit Emile, dégoûté.
    Le
dimanche matin suivant, la température était passablement plus clémente que les
jours précédents. Le soleil brillait dans un ciel sans nuages et pas un souffle
de vent ne venait soulever la neige tombée l’avant-veille. Il faisait si beau
qu’à la sortie de la grand-messe, les paroissiens étaient peu pressés de
regagner l’abri de leur maison. Des groupes se formèrent sur le parvis et devant
l’épicerie de Hélèna Pouliot pour échanger les dernières nouvelles.
    – C’est une
vraie honte ! s’exclama à mi-voix Hélèna Pouliot en jetant un coup d’œil
prudent autour d’elle afin de s’assurer que seules les trois commères qui l’entouraient
pouvaient entendre ses paroles. Je me demande à quoi pense Agathe Cournoyer en
laissant faire des affaires comme ça !
    – C’est vrai
que laisser la petite servante aller s’asseoir dans le même banc que le Germain
Fournier, ça se fait pas, fit une dame bien en chair engoncée dans un épais
manteau de drap noir.
    – Oui, mais
Agathe le sait peut-être pas que ça se fait pas. Il faut pas oublier qu’elle a
pas eu d’enfant à élever.
    – Quand même !
protesta Hélèna. Et monsieur le curé qui laisse faire ça. Ça me surprend qu’il
ait encore rien dit à sa petite dévergondée de servante.
    – Hélèna, il
faut tout de même pas exagérer, intervint une paroissienne âgée à l’air pincé. Il
peut rien se passer dans l’église, devant tout le monde.
    – Je parle p as de l’église, mais des fréquentations
entre ces deux-là, reprit Hélèna. Je les vois passer bras dessus bras dessous
le dimanche après-midi. Ils se promènent dans le village sans chaperon, comme
un couple marié.
    – Bah !

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