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Les autels de la peur

Les autels de la peur

Titel: Les autels de la peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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l’exécutif. Avons-nous fait toutes ces révolutions pour recréer nous-mêmes un despotisme ! Si les deux pouvoirs sont réunis dans les mêmes mains, la République est morte.
    — Il ne s’agit pas de les réunir, répondit Claude, il faut seulement charger quelques commissaires de surveiller et hâter l’exécution des lois. Je crois le moyen sans péril, au contraire de Maximilien qui en paraît effrayé. En revanche, Danton…
    — Parbleu ! Il se voit d’avance en place.
    — Il y rendrait service. Assurément, mon bon ami, des gens comme nous ne peuvent et ne doivent craindre rien tant que de reformer de leurs propres mains une tyrannie. Mais cette crainte, depuis trois ans, nous frappe d’impuissance. Elle nous a fait accepter le leurre de la monarchie constitutionnelle, elle nous a conduits à l’hécatombe du Champ de Mars et aux boucheries de Septembre. Elle nous mène au gouffre où la République et la France vont s’abîmer dans la guerre civile et l’invasion. »
    C’est ce qu’il affirma, une heure plus tard, à la tribune de la Société, et, le lendemain, à celle de la Convention. Les Girondins avaient réfléchi, dans la soirée. Buzot prit vivement la parole. « Le projet que l’on vous présente, dit-il, est dangereux, car il donnerait à un comité le droit que vous seuls devez exercer, celui de faire des lois, puisque ce comité pourrait prendre des mesures provisoires. Ce sont toujours, en matière de salut public, des lois définitives.
    — On a créé, répliqua Thuriot sur la Montagne, un comité de Sûreté générale qui agit pour la Convention contre les particuliers, et sans lui rendre compte. Le comité de salut public sera tenu de vous rendre compte ici de toutes ses opérations. »
    Marat se fit entendre alors : « Les événements désastreux, suite de la trahison des généraux, les forces considérables qui se rassemblent sur nos frontières, la nécessité de sauver la patrie, obligent aujourd’hui à créer un comité énergique. Ce n’est point une autorité constituée, c’est une autorité temporaire, destinée à organiser l’armée nationale, à la précipiter sur les ennemis. On vous fait peur de ce comité en vous disant que c’est une dictature. La dictature est la pleine puissance confiée à un seul homme devant qui toutes les lois se taisent. Au contraire, ce comité vous sera subordonné, et vous conserverez le droit de le dissoudre. Peut-être cependant, avec les moyens que vous lui donnerez, ne sera-t-il pas encore assez fort pour sauver la liberté. C’est par la violence que l’on doit sauver la liberté, écraser le despotisme des rois. Je conclus pour le projet. »
    Le buzotin Biroteau bondit. « Quand on ose dire, à cette tribune, qu’il faut établir la liberté par la violence, certes on peut exprimer quelques soupçons sur le projet ! s’exclama-t-il. Si, derrière le rideau, se cache un ambitieux, que ne fera-t-il pas quand il disposera ainsi de l’armée, du Tribunal révolutionnaire, par ce comité. Pourrez-vous supprimer celui-ci, quand ses arrêts auront été suivis d’une immédiate exécution ? Tout ami de la liberté doit craindre qu’il ne s’élève là un ambitieux, pour usurper, sous le masque du patriotisme, le pouvoir suprême. »
    La majorité était impatiente, le public murmurait. Pourquoi tant de discussions quand le péril était immédiat, effrayant ? Il fallait agir, et vite. En une heure, le décret suivant fut établi :
    « Article 1 er  – Il sera formé, par appel nominal, un Comité de Salut public composé de neuf membres de la Convention nationale. Art. 2. – Ce Comité délibérera en secret. Il sera chargé de surveiller et d’accélérer l’action du Conseil exécutif provisoire dont il pourra même suspendre les arrêtés lorsqu’il les croira contraires à l’intérêt national, à la charge d’en informer sans délai la Convention. Art. 3. – Il est autorisé à prendre, dans les circonstances urgentes, des mesures de défense générale extérieure et intérieure, et les arrêtés signés de la majorité de ses membres délibérant, qui ne pourront être au-dessous des deux tiers, seront exécutés sans délai par le Conseil exécutif. Le Comité ne pourra en aucun cas donner des mandats d’amener ou d’arrêt, si ce n’est contre des agents d’exécution et à charge d’en rendre compte immédiatement à la Convention. Art. 4. – La Trésorerie nationale

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