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Les autels de la peur

Les autels de la peur

Titel: Les autels de la peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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Convention, ce grondement convainquit les compagnies bourgeoises que l’Assemblée s’accordait avec la Commune. Dès lors, la fraternisation fut complète. On se mit à défiler par les rues en chantant la Marseillaise et Veillons au salut de l’empire.
    Or la Convention n’avait nullement rendu ce décret, faute duquel le commandant du Pont-Neuf se refusait à tirer. Prévenu par ses aides de camp, Hanriot l’avait destitué, ordonnant lui-même le feu. Quand on entendit, aux Tuileries, ces détonations, la Gironde, outrée, réclama l’arrestation immédiate des impudents qui bravaient ainsi la loi. Les tribunes huèrent. « Cette infraction, lança Valazé, est la preuve du complot que la commission des Douze n’a cessé de dénoncer. Je demande que l’on entende son rapport. »
    Cambon intervint, s’efforçant de calmer les esprits. Après lui, Vergniaud prononça des paroles conciliantes, cependant il ajouta : « Il importe de savoir qui a donné l’ordre de tirer le canon d’alarme. Il faut mander à la barre le commandant de la force armée.
    — Ce qu’il faut avant tout, répliqua Danton, c’est supprimer la commission des Douze. Elle n’a été instituée que dans cet esprit de modérantisme qui perdrait la Révolution et la France. Vous-mêmes, vous avez élargi les hommes qu’elle avait emprisonnés. Pourquoi la gardez-vous si vous annulez ses actes ?… Le canon a tonné, le peuple s’est levé. Si vous êtes des législateurs politiques, vous applaudirez à son ardeur, vous vous réformerez vous-mêmes, vous abolirez votre commission. Je m’adresse aux hommes doués d’intelligence politique, et non à ceux qui, dans ces grands mouvements, ne savent écouter que leurs passions. Ne balancez pas à satisfaire le peuple.
    — Quel peuple ? cria-t-on, à droite.
    — Ce peuple immense, notre sentinelle. Il hait la tyrannie et le lâche modérantisme qui la ramènerait. Sauvez-le de sa propre colère. Lorsqu’il sera satisfait, si des hommes pervers, quel que soit leur parti, voulaient prolonger un mouvement devenu inutile, Paris lui-même les ferait rentrer dans le néant. »
    Les girondistes ne voulaient pas comprendre. « Rien n’était plus politique, riposta Rabaut-Saint-Étienne, que de charger une commission de découvrir les complots de Pitt et de l’Autriche. Les fauteurs du mouvement sont payés par eux.
    — À bas ! clama la gauche. Ôtez la parole à Rabaut !
    — Non, protesta Bazire, laissez-le mentir. Je prouverai que sa commission a organisé la guerre civile.
    — Oui, dit Marat, il y a là une députation de la Commune. Elle le prouvera. Qu’on l’introduise.
    — Laissez-moi donc terminer, protestait Rabaut.
    — Non. La Commune, la Commune ! »
    Au milieu du hourvari, il parvint enfin à conclure. « Supprimez la commission, si vous voulez, mais qu’alors le Comité de Salut public soit chargé de continuer les recherches.
    — La Commune ! la Commune ! » scandaient la Montagne et les gradins. Mallarmé, président, fit introduire la députation, accueillie par des bravos. « Un grand complot était formé, dit le porte-parole. Il a été découvert. Le Conseil général nous envoie pour vous communiquer les mesures qu’il a prises. La première a été de mettre les propriétés sous la sauvegarde des patriotes, la seconde, de donner quarante sous par jour aux républicains sous les armes, la troisième, de former une commission qui s’associe à vous dans ce moment de danger. Le Conseil vous demande de lui attribuer une salle où elle puisse siéger et se concerter avec vous.
    — Le Conseil général, rétorqua Guadet, ne se trompe que d’un mot en prétendant avoir découvert un complot. C’est lui-même qui l’a exécuté. »
    Tout autour de la salle et aux deux bouts, les tribunes et les gradins répondirent par de violentes clameurs. Comme Vergniaud demandait l’expulsion du public, le vacarme devint furieux. Tout le monde hurlait. Le président, debout, couvert, menaçait d’appeler la garde. Guadet se déchirait la gorge à lancer des lambeaux de phrases : «… Convention interrompe ses travaux… jusqu’à ce que… liberté soit assurée… Commission des Douze… chargée de poursuivre sur-le-champ ceux qui ont sonné le tocsin… tiré le canon d’alarme. » Le tumulte s’accrut encore, renforcé par les échos. C’était infernal. Claude se bouchait les oreilles. Aphone, Guadet descendit de la tribune.
    Les

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