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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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l’échoppe qui le précédait ce qu’était la caverne de Robinson Crusoé à la tente qu’il avait élevée devant l’entrée. C’était là que maître Ramsay avait coutume de se retirer pour travailler à ses calculs mathématiques ; car il avait l’ambition de vouloir perfectionner son art, d’y faire des découvertes ; et, de même que Napier et d’autres mathématiciens de ce temps, il poussait quelquefois ses recherches jusqu’à la science abstraite.
    Quand il était ainsi occupé, il abandonnait le poste extérieur de son établissement commercial à deux robustes apprentis à voix de Stentor, qui ne cessaient de crier : – Que désirez-vous ? que désirez-vous ? – sans manquer de joindre à ces paroles un pompeux éloge des objets qu’ils avaient à vendre. Cet usage de s’adresser aux passans pour les inviter à acheter ne subsiste plus aujourd’hui, à ce que nous croyons, que dans Montmouth-Street (si même il en existe encore dans ce dépôt de vieux habits, sous la garde des restes épars des tribus d’Israël) ; mais à l’époque dont nous parlons il était adopté par les Juifs et par les gentils, et remplaçait le charlatanisme de ces avis insérés dans les journaux, par lesquels les marchands sollicitent le public en général, et leurs amis en particulier, d’accorder leur attention à l’excellence sans égale des marchandises qu’ils vendent et qu’ils offrent à si bas prix, qu’on pourrait croire qu’ils ont en vue l’avantage du public, plutôt que leur intérêt particulier.
    Ceux qui proclamaient de vive voix l’excellence de leurs marchandises avaient un avantage sur ceux qui font aujourd’hui servir les journaux au même but : ils pouvaient, en bien des cas, adapter leurs discours à l’air, à la mise et aux goûts apparens des passans. C’était, comme nous l’avons dit, ce qui, de notre mémoire, se pratiquait dans Montmouth-Street. Nous nous rappelons qu’on nous y a fait remarquer à nous-même quelques défauts de continuité dans la partie inférieure de nos vêtemens, et qu’on a pris de là occasion de nous exhorter à nous équiper plus convenablement. – Mais ceci est une digression.
    Ce mode d’invitation directe et personnelle aux passans devenait pourtant une tentation dangereuse pour les jeunes égrillards chargés du rôle de solliciteurs en l’absence du personnage principalement intéressé à la vente. Se fiant sur leur nombre et sur leur union civique, les apprentis de Londres se permettaient des libertés avec les passans, et se laissaient souvent aller à exercer leur esprit aux dépens de ceux dont ils n’avaient pas l’espoir de faire des acheteurs par leur éloquence. Si quelque mécontent voulait se venger par quelque acte de violence, les habitans de toutes les échoppes accouraient en masse au secours de leur camarade ; et, pour me servir de deux vers d’une vieille chanson que le docteur Johnson avait coutume de fredonner :
    Et l’on voyait, grands et petits,
    Accourir tous les apprentis.
    Des querelles sérieuses s’élevaient souvent en pareille occasion, surtout quand les Templiers {14} , ou les autres jeunes gens tenant à l’aristocratie, étaient insultés ou croyaient l’être. L’acier était alors fréquemment opposé au bâton des citoyens ; et la mort enlevait quelquefois des victimes de part et d’autre. L’action de la police était dans ce temps lente et sans efficacité, et l’alderman de l’arrondissement n’avait d’autre ressource que d’appeler à haute voix les habitans pour étouffer la dispute sous le nombre, comme on sépare sur le théâtre les Capulets et les Montaigus {15} .
    À l’époque où telle était la coutume générale des plus respectables marchands, comme des plus petits boutiquiers de Londres, David Ramsay, dans la soirée à laquelle nous prions nos lecteurs d’accorder leur attention, s’étant retiré pour se livrer en particulier à des travaux d’une nature plus abstraite, avait abandonné l’administration de sa boutique extérieure, ou échoppe, aux susdits apprentis, malins, actifs, vigoureux, et doués d’excellens poumons, qui se nommaient Jenkin Vincent et Frank Tunstall.
    Vincent devait son éducation à l’excellente fondation de l’hôpital de Christ-Church. Il avait donc été élevé à Londres, comme il y était né ; et il était doué de cette dextérité, de cette adresse et de cette audace qui caractérisent la jeunesse d’une

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