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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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même temps il avait toujours soin de redresser son grand squelette sec et maigre, d’étendre ses deux mâchoires de manière à faire une grimace effrayante, et d’indiquer par un signe de son visage long d’une demi-aune, et par le clignement d’un petit œil gris, qu’il pouvait exister dans Fleet-Street d’autres figures aussi bonnes à voir que celles de Frank et de Jenkin.
    Sa vieille voisine, la veuve Simmons la couturière, qui, dans son temps, avait fourni à la plus fine fleur des tapageurs du Temple des manchettes, des jabots et des tours de col, faisait une distinction plus profonde de l’espèce d’attention que les femmes de qualité qui visitaient si régulièrement la boutique de David Ramsay, accordaient à ceux qui l’habitaient. – Le jeune Frank, disait-elle attirait les regards des jeunes dames, parce qu’il avait dans la physionomie quelque chose de noble et de modeste ; mais il ne savait pas se faire valoir, car le pauvre jeune homme n’avait pas une parole à jeter à un chien. Or Jin Vin avait en réserve tant de saillies et de reparties, il était si rempli de bonne volonté, si preste, si serviable, et joignait des manières si engageantes à une démarche aussi leste que celle d’un daim dans la forêt d’Epping ; enfin ses yeux noirs comme ceux d’une Égyptienne, lançaient un tel éclat, qu’aucune femme connaissant le monde ne pouvait hésiter entre eux. Quant au pauvre voisin Ramsay, c’était un brave homme, un homme savant sans doute, et qui pourrait être riche si sa science était doublée d’un peu de sens commun : sans contredit, le voisin Ramsay n’était pas un méchant homme, tout Écossais qu’il était ; mais il était si constamment noirci de fumée, couvert de limaille de cuivre, et barbouillé d’huile, qu’il faudrait sa boutique pleine de montres pour décider une femme sensée à le toucher autrement qu’avec des pincettes.
    Une autorité encore plus haute, dame Ursule, femme du barbier Benjamin Suddlechops, était exactement du même avis.
    Tels étaient, sous le rapport de leurs qualités naturelles et de l’opinion publique, les deux jeunes gens qui, dans un beau jour d’avril, remplaçaient leur maître dans les soins de la vente, après s’être acquittés de leur devoir en servant à table M. Ramsay et sa fille pendant leur dîner, à une heure, et s’être régalés des restes avec deux servantes dont l’une était cuisinière et faisait tout l’ouvrage de la maison, et dont l’autre avait le titre de femme de chambre de mistress Marguerite. C’était là en effet, jeunes apprentis de Londres, c’était là cette discipline à laquelle vos prédécesseurs étaient soumis. Ceux de notre horloger, suivant la coutume établie, se mirent donc à faire aux passans l’éloge des marchandises de David Ramsay, et à les engager à y accorder leur attention.
    On peut bien supposer que, dans ce genre de service, Jenkin Vincent laissait fort en arrière son compagnon, plus timide et plus réservé. Celui-ci n’articulait qu’avec difficulté, et comme un acte de devoir dont il était presque honteux de s’acquitter, la formule ordinaire : – Que désirez-vous ? que désirez-vous ? des pendules, des montres, des lunettes ? Que désirez-vous ? des montres, des lunettes, des pendules ? Que désirez-vous, monsieur ? que désirez-vous madame ? des lunettes, des pendules, des montres ?
    Mais cette répétition sèche et ennuyante, quelque variée qu’elle pût être par la désinence et l’arrangement des mots, semblait encore plus plate quand on la comparait aux recommandations pompeuses que faisaient entendre les talens oratoires du hardi Vincent, qui avait toujours une réplique prête. – Que désirez-vous, noble seigneur ? que désirez-vous, belle dame ? disait-il d’un ton hardi et insinuant en même temps, et qu’il savait nuancer avec assez d’adresse pour plaire à ceux à qui il adressait ces paroles, et pour faire sourire les autres personnes qui les entendaient.
    – Que Dieu vous bénisse, dit-il à un ecclésiastique bénéficier ; le grec et l’hébreu ont affaibli la vue de Votre Révérence ; achetez une paire de lunettes de David Ramsay. Le roi, que Dieu bénisse Sa Majesté très-sacrée ! le roi n’en prend jamais d’autres pour lire de l’hébreu et du grec.
    – En êtes-vous bien sûr ? dit un gros ministre de la vallée d’Evesham. Si le chef de l’Église en porte ! que Dieu

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