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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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capitale. Il avait alors environ vingt ans, était de petite taille, mais fortement constitué, et il s’était fait remarquer par ses hauts faits les jours de congé, à la balle au pied et à d’autres exercices gymnastiques. À peine avait-il son égal dans le maniement du sabre, quoiqu’il ne s’y fût encore exercé qu’avec un simple bâton. Il connaissait tous les passages, toutes les allées borgnes et toutes les cours des environs, mieux qu’il ne savait son catéchisme. Il ne déployait pas moins d’activité dans les affaires de son maître que dans les aventures que lui attirait son caractère malin et pétulant ; et il arrangeait si bien les choses, que le crédit qu’il acquérait par le premier moyen le tirait d’affaire, ou du moins lui servait d’excuse, lorsque quelque incartade le mettait dans l’embarras. Il est juste d’ajouter qu’il ne s’était encore compromis dans aucune affaire déshonorante. Il était certains de ses écarts pour lesquels son maître, David Ramsay, le rappelait à l’ordre ; mais il en était d’autres sur lesquels il fermait les yeux, supposant qu’il en était de même que de l’échappement d’une montre, qui dispose de l’excédant de cette force mécanique dont l’impulsion met le tout en mouvement.
    La physionomie de Jin Vin, abréviation familière sous laquelle il était connu dans le voisinage, répondait à l’esquisse que nous venons de tracer de son caractère. Sa tête, sur laquelle sa toque d’apprenti était ordinairement posée de côté, d’un air de négligence, était couverte de cheveux épais, noirs comme du jais, et bouclés naturellement, qui auraient atteint une grande longueur si l’usage modeste du poste qu’il occupait, et auquel son maître exigeait strictement qu’il se conformât, ne l’eût forcé à les tenir courts. Ce n’était pas sans regret, et il regardait d’un œil d’envie les cheveux flottans et frisés que les courtisans et les étudians aristocratiques du Temple, ses voisins, commençaient à porter, en signe de noblesse et de supériorité. Ses yeux profonds étaient noirs, vifs, pleins de feu, de malice et d’intelligence, et avaient une expression de sarcasme, même quand il ne faisait que tenir le langage du métier, comme s’il eût cherché à tourner en ridicule ceux qui étaient disposés à écouter sérieusement ses lieux communs. Il avait pourtant assez d’adresse pour y ajouter de son cru quelques touches qui donnaient une sorte de drôlerie même à la routine ordinaire de la boutique, et sa vivacité, son empressement, son désir évident d’obliger, son intelligence et sa civilité, quand il croyait la civilité nécessaire, avait fait de lui le favori de toutes les pratiques de son maître. Ses traits étaient loin d’être réguliers, car il avait le nez épaté, la bouche un peu trop fendue, et le teint plus brun qu’on ne l’estimait alors convenable à la beauté, même dans un homme ; mais aussi, quoiqu’il eût toujours respiré l’air d’une cité populeuse, son teint brillait des couleurs de la santé ; son nez retroussé donnait un air d’esprit et de raillerie à tout ce qu’il disait, et ses lèvres vermeilles et bien formées laissaient voir, quand il riait, un double rang de dents aussi blanches que des perles. Tel était l’apprenti en chef de David Ramsay, fabricant de montres et d’horloges de Sa Majesté très-sacrée Jacques I er .
    Le compagnon de Jenkin n’occupait que le second rang, quoiqu’il pût avoir le premier du côté des années. Du reste, il était d’un caractère plus rassis et plus tranquille. Frank Tunstall descendait d’une de ces fières et anciennes familles qui réclamaient le titre d’ irréprochable , parce qu’au milieu de toutes les chances des longues et sanglantes guerres des deux Roses, elles étaient, avec une loyauté toujours pure, restées fidèles dès l’origine à la maison de Lancastre. Le plus mince rejeton d’un tel arbre attachait de l’importance à la souche dont il sortait, et l’on supposait que Tunstall nourrissait en secret quelques germes de cet orgueil de famille qui avait arraché des larmes à sa mère, veuve et presque indigente, quand elle se vit forcée de le lancer dans une carrière bien inférieure, d’après ses préjugés, à celle qu’avaient suivie ses ancêtres.
    Cependant, malgré ce préjugé aristocratique, David Ramsay trouvait le jeune homme bien né plus docile, plus

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