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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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véritablement ce droit ?
    – Il le regarde comme un article important de ses privilèges, milord ; et il est vrai que c’est un de ses plus puissans moyens pour maintenir son autorité. En effet, quand le duc Hildebrod et son sénat s’aperçoivent que quelqu’un des principaux habitans de Whitefriars devient mécontent et factieux, ils n’ont qu’à lui donner pour locataire quelque gros banqueroutier, quelque nouvel arrivé, forcé de trouver un lieu de refuge, et dont la bourse est bien garnie ; et le loup qui hurlait devient doux comme un mouton. Quant aux réfugiés indigens, on les laisse se tirer d’affaire comme ils le peuvent ; mais l’inscription du nom du nouveau venu sur le registre du duc, et le paiement d’un droit d’entrée, proportionné aux moyens de chacun, sont deux formalités dont personne n’est jamais exempt. – Whitefriars serait une résidence peu sûre pour l’étranger qui refuserait de se soumettre à ces deux points de juridiction.
    – Allons, maître Lowestoffe, il faut bien que je cède à l’empire des circonstances qui me font une loi de me cacher ainsi : cependant je ne voudrais faire connaître ni mon nom ni mon rang.
    – C’est un parti fort sage, milord ; et ce cas a été prévu par un des statuts de la république ou du royaume que vous allez habiter, n’importe quel nom vous lui donnerez. Ce statut porte que celui qui désirera qu’on ne lui fasse aucune question sur son nom, son état, le motif de son arrivée, etc., pourra en être dispensé en payant un droit d’entrée double de celui qu’il aurait dû payer après avoir subi l’interrogatoire d’usage. En satisfaisant à ce règlement essentiel, Votre Seigneurie peut se faire enregistrer comme roi de Bantam, si bon lui semble, car on ne vous fera pas une seule question. Mais voici notre vedette qui revient, et par conséquent la paix et la tranquillité sont rétablies. Je vais vous accompagner, et vous présenter au conseil d’Alsace, en vous appuyant de toute mon influence comme un des grands dignitaires du Temple, ce qui n’est pas peu de chose aux yeux des Alsaciens, car ils n’ont marché que d’une jambe toutes les fois que nous avons pris parti contre eux, et ils ne l’ignorent pas. Le moment est propice : le conseil doit être assemblé en ce moment, et les rues du Temple sont désertes. Maintenant, milord, enveloppez-vous de votre manteau pour cacher les vêtemens que vous portez, et vous le donnerez à Jim au bas de l’escalier qui conduit au sanctuaire. Par ce moyen, vous vous dépouillerez de votre noblesse dans le Temple, et vous vous élèverez au rang d’Alsacien dans Whitefriars, de même que la ballade dit que la reine Éléonore tomba à Charing-Cross, et se releva à Queen-Hithe {88} .
    Ils partirent suivis du page, traversèrent les jardins du Temple, descendirent le vieil escalier, et, sur la dernière marche, le jeune étudiant s’écria :
    – Maintenant disons avec Ovide :
    In nova fert animus mulatas dicere formas
    Corpora…
    – À bas ! à bas ! vêtemens empruntés ! continua-t-il du même ton ; – soulevez le rideau qui couvrait Borgia ! dit-il ensuite. Mais s’apercevant que lord Glenvarloch semblait véritablement mortifié de son changement de costume : – J’espère, milord, lui dit-il, que vous n’êtes pas offensé de ma folie poétique ? Je ne voudrais que vous réconcilier avec votre situation actuelle, et monter votre esprit sur un ton qui fût à l’unisson de celui de cet étrange séjour. Allons, un peu de courage ! j’espère que vous n’y resterez que peu de jours.
    Nigel ne fut en état que de lui serrer la main, et lui répondit d’une voix mal assurée : – Je suis sensible à votre bonté ; je sens qu’il faut que je boive la coupe que ma propre folie m’a versée. Pardonnez-moi si, en la portant à mes lèvres, je ne puis m’empêcher d’en sentir l’amertume.
    Reginald Lowestoffe avait un bon cœur, et un désir d’obliger qu’il portait presque à l’excès ; mais, accoutumé lui-même à mener une vie dissipée et extravagante, il ne se faisait pas une idée des réflexions douloureuses de lord Glenvarloch ; et il ne pensait à la retraite forcée qu’il allait faire à Whitefriars que sous le rapport du tour qu’un enfant joue à son précepteur quand il se cache pour s’en faire chercher. Il connaissait trop bien d’ailleurs l’endroit où ils entraient pour que la vue en produisît sur

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