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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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râpé de drap gris, sa démarche française et le regard espagnol. Il porte à sa ceinture un livre d’un côté et un couteau de chasse de l’autre, sans doute pour faire voir qu’il est moitié pédant, moitié tapageur. Comment appelez-vous cette pièce curieuse, Frank ?
    – Un franc Écossais nouvellement débarqué, je suppose, pour aider le reste de ses compatriotes à ronger jusqu’aux os la vieille Angleterre ; une chenille qui vient dévorer ce que les sauterelles ont épargné.
    – C’est cela même, Frank ; et, comme le dit fort bien le poète :
    Puisqu’en Écosse il a reçu naissance,
    Tout gueux qu’il est il lui faut sa pitance.
    – Chut, Vincent ! songez à notre maître.
    – Bon ! il sait de quel côté son pain est beurré ; et je réponds qu’il a vécu trop long-temps parmi les Anglais et aux dépens des Anglais, pour nous faire un crime d’avoir l’esprit anglais. – Mais voyez ! notre Écossais a fini de regarder Saint-Dunstan, et le voici qui vient de ce côté. De par le ciel ! c’est un gaillard bien vigoureux et bien fait, en dépit de ses taches de rousseur et de son teint brûlé par le soleil. – Le voilà près de nous ; il faut que je lui dise deux mots.
    – Et si vous vous en avisez, vous attraperez quelque bonne taloche. Il n’a pas l’air d’un porteur de sacs à charbon {18} .
    – Je m’en moque, répondit Vincent ; et s’adressant sur-le-champ à l’étranger : – Achetez une montre, très-noble Thane du nord, lui dit-il, pour compter les heures d’abondance depuis l’heureux instant où vous avez laissé Berwick derrière vous ! achetez des lunettes pour voir l’or d’Angleterre que vous n’avez qu’à vous baisser pour prendre. Achetez tout ce qu’il vous plaira, et l’on vous fera crédit pendant trois jours, car vous êtes un Écossais à Londres, et, quand vos poches seraient aussi vides que celles du père Fergus, elles seront remplies au bout de ce temps.
    L’étranger regardait le mauvais plaisant en fronçant le sourcil, et semblait saisir son bâton d’une manière un peu menaçante.
    – Achetez une médecine, dit l’intrépide Vincent, si vous ne voulez acheter ni temps ni lumière ; une médecine pour un estomac fier ! Monsieur, il y a une boutique d’apothicaire de l’autre côté de la rue.
    Ici le disciple apprenti de Galien qui était à la porte de son maître, la tête couverte de son bonnet plat, les bras entourés de ses bouts de manche de toile, et tenant en main un grand pilon de bois, ramassa la balle que lui jetait Jenkin, et s’écria : – Que désirez-vous, monsieur ? achetez un onguent calédonien de première qualité : – Flos sulphur, cum butyro quant. suff… {19} .
    – Dont il faut se servir, ajouta Vincent, après s’être fait doucement frotter avec une serviette de chêne d’Angleterre.
    Le brave Écossais avait donné beau jeu à cette décharge d’esprit de la Cité, en ralentissant son pas majestueux, et en regardant de travers, tour à tour, chacun de ses deux assaillans, comme s’il eût voulu les menacer d’une repartie ou d’une vengeance plus sérieuse ; mais son flegme ou sa prudence l’emporta sur son indignation, et secouant la tête en homme qui méprisait les railleries dont il venait d’être l’objet, il continua d’avancer dans Fleet-Street, poursuivi par les bruyans éclats de rire de ses persécuteurs.
    – L’Écossais ne se bat que lorsqu’il voit son sang, dit Tunstall, que sa naissance dans le nord de l’Angleterre avait rendu familier avec tous les proverbes dirigés contre ceux qui vivaient encore plus au nord.
    – Je n’en sais ma foi rien, dit Jenkin ; le drôle a l’air de méditer un coup, et il fera payer les pots cassés à quelqu’un avant d’aller bien loin. – Écoutez ! écoutez ! voilà le signal !
    Effectivement le cri bien connu : – Apprentis ! apprentis ! aux bâtons ! aux bâtons ! retentissait déjà dans Fleet-Street, et Jenkin, saisissant son arme, qui était toujours à portée sur le comptoir, et criant à Tunstall d’en faire autant et de le suivre, sauta par-dessus la demi-porte au loquet qui fermait l’échoppe, et se mit à courir vers le lieu de la scène, en répétant le même cri, et en poussant et coudoyant tout ce qui se trouvait sur son passage. Son camarade, après avoir appelé son maître pour qu’il veillât sur sa boutique, suivit Jenkin en courant aussi vite qu’il le pouvait, mais

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