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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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hauteur qu’il put en témoigner en voulant conserver une froide réserve, je pensais vous avoir dit que mon nom était maintenant Nigel Grahame.
    Là-dessus son excellence de Whitefriars fit entendre un rire bruyant et plein d’impudence, en répétant le mot jusqu’à ne pouvoir plus l’articuler.
    – Nigle Green, – Nigle Green, – Nigle Green ! – quoi donc, milord, vous criez avant d’être touché ! c’est vouloir se noyer dans un verre de malvoisie {99} . Eh ! vous m’avez dit votre secret, vous venez de me le dire ; mais je l’avais bien su deviner déjà. Quoi donc ! monsieur Nigel, puisque c’est là votre nom, je vous appelais milord, parce que nous avons fait de vous un pair de l’Alsace la nuit dernière, au milieu des flots de la liqueur que nous avons bue. – Eh bien ! que direz-vous à présent ? Ah ! ah ! ah !
    Nigel sentant qu’il s’était trahi inconsidérément et sans nécessité, se hâta de répondre – qu’il lui était très obligé des honneurs qu’on lui conférait, mais qu’il ne se proposait pas de rester assez long-temps dans le sanctuaire pour en jouir.
    – Eh bien ! ce sera comme vous le voudrez, et suivant qu’il vous plaira d’écouter un sage avis, reprit le duc Hildebrod ; et quoique Nigel restât debout dans l’espoir d’accélérer le départ de cet importun, celui-ci se jeta dans une chaise qui cria sous son poids, et se mit à appeler le vieil usurier.
    La servante parut au lieu de son maître ; le duc la traita de vieille sorcière, pour n’avoir pas versé le coup du matin à un gentilhomme étranger, à un hôte honorable comme monsieur Grahame.
    – Je ne bois jamais le matin, monsieur, dit Glenvarloch.
    – Il est temps de commencer, temps de commencer, répéta le duc. – Ici, vieux rebut de Satan ! allez à mon palais, et apportez le coup du matin pour le lord Green. Voyons, que sera-ce, milord ? un pot de double ale avec une pomme grillée y surnageant comme une barque sur la Tamise ; ou bien, car les jeunes gens ont les dents molles, un verre de vin brûlé au sucre ? c’est délicieux contre les brouillards. Ou que dites-vous d’une eau distillée ? Allons, nous ferons venir de tout, et vous choisirez. – Jésabel, que l’on apporte la bière, le vin des Canaries, la liqueur, du pain, tout ce qu’il faut, et qu’on l’apporte au compte du nouveau-venu.
    Glenvarloch réfléchissant qu’il valait tout autant souffrir pour quelque temps l’insolence de cet homme que de s’engager dans de nouvelles querelles, le laissa continuer après lui avoir fait une seule observation.
    – Vous vous mettez à votre aise chez moi, monsieur, mais pour le moment faites comme il vous plaira. Je voudrais pourtant bien savoir ce qui me procure l’honneur de votre visite inattendue.
    – C’est ce que vous saurez quand la vieille Débora aura apporté la liqueur. Je ne parle jamais affaires le gosier sec. Mais comme elle tarde. – Je crois qu’elle s’humecte les lèvres en route. En attendant, regardez ce chien, regardez Belzebuth en face ; fut-il jamais une bête plus douce ? il ne saute qu’à la gorge des gens.
    Et après ce panégyrique, il allait faire une histoire qui n’eût pas été des plus courtes, quand il fut interrompu par le retour de la vieille et de deux de ses propres garçons, chargés des diverses liqueurs qu’il avait demandées ; seule interruption peut-être qu’il eût pu supporter avec patience.
    Quand les verres et les pots furent symétriquement arrangés sur la table, et que Débora, que son altesse ducale gratifia d’un penny en forme de rémunération, se fut retirée avec ses satellites, le digne potentat invita lord Glenvarloch à goûter la liqueur qu’il devait payer. Après avoir observé qu’il était lui-même à jeun, excepté trois œufs pochés, une pinte de bière et un verre de vin clairet, il se mit à prêcher d’exemple.
    Glenvarloch avait vu les libations bachiques des lairds d’Écosse et des bourguemestres hollandais ; mais leurs exploits (quoique ces deux peuples puissent être considérés comme étant d’une race des plus altérées) n’étaient rien auprès de ceux du duc Hildebrod, qui semblait un véritable banc de sable capable d’absorber telle quantité qu’on voudrait de liquide, sans en être ni fertilisé ni inondé. Il avala d’abord l’ale pour éteindre une soif, dit-il, qui lui donnait la fièvre depuis le matin jusqu’au soir, et du soir

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