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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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qu’ils arrêtèrent le ressentiment de lord Glenvarloch, et le forcèrent, après deux ou trois exclamations d’impatience, à observer le silence d’une morne fierté. Enfin maître Heriot reprit ainsi :
    – Écoutez-moi, milord ; il n’est guère possible que ce papier important soit entièrement perdu. Apprenez-moi dans quel coin obscur, et pour quelle misérable somme il a été mis en gage. – On peut encore faire quelque chose…
    – Vos efforts en ma faveur sont d’autant plus généreux, dit lord Glenvarloch, que vous croyez avoir lieu d’en regarder comme indigne celui qui en est l’objet. Mais ils sont tout-à-fait inutiles. La fortune m’a partout déclaré la guerre : je lui abandonne le champ de bataille.
    – Par la mort ! s’écria Heriot avec impatience, vous feriez jurer un saint. Je vous dis que si ce papier, dont la perte vous semble si indifférente, n’est pas retrouvé, adieu à la belle seigneurie de Glenvarloch, – à ses tours et à ses forêts, – à son clos et à ses champs, – à son lac et à son ruisseau, – enfin à tout ce qui a été dans la maison d’Olifaunt depuis le temps de Guillaume-le-Lion.
    – Adieu donc, dit Nigel. – Et mon deuil en est bientôt fait.
    – Morbleu ! milord, il vous en coûtera plus d’un regret avant de mourir, reprit Heriot avec le même ton d’impatience et d’irritation.
    – Non certes, mon vieil ami, répliqua Nigel. Les seuls regrets que je pourrai avoir, maître Heriot, ce sera d’avoir perdu l’estime d’un honnête homme, et ce qu’il y a de plus triste, je mourrai sans l’avoir nullement mérité.
    – Oui, oui, jeune homme, dit Heriot en secouant la tête, faites-moi croire cela si vous pouvez. – Pour conclure, dit-il en se levant de son siège et en s’approchant de celui qu’occupait la femme déguisée, car nos affaires sont maintenant réduites à peu de chose, vous me ferez croire aussi que ce beau masque, à l’égard de qui j’use en ce moment de l’autorité paternelle, est un page français qui ne comprend pas l’anglais.
    En même temps il saisit avec une sorte de douce violence le manteau du prétendu page, et traîna au milieu de l’appartement la belle déguisée, qui essayait en vain de se couvrir le visage, d’abord de son manteau, ensuite de ses mains ; mais Heriot successivement écarta ces deux obstacles sans trop de cérémonie, et montra à découvert la fille du vieux chronologiste , sa charmante filleule, Marguerite Ramsay.
    – Voici une belle équipée ! dit-il ; et en même temps il ne put s’empêcher de la secouer légèrement par le bras ; car nous avons remarqué ailleurs qu’il était rigide dans ses principes. – Comment se fait-il, mignonne, que je vous trouve sous un costume si indécent, et dans une situation si humiliante ? Allons ! votre air de honte est maintenant déplacé ; – il aurait dû venir plus tôt. Parlez, ou je…
    – Maître Heriot, interrompit lord Glenvarloch, quelque droit que vous puissiez avoir ailleurs sur cette jeune fille, tant qu’elle se trouve dans mon appartement elle est sous ma protection.
    – Votre protection, milord ! – Un digne protecteur ! – Et pendant combien de temps, mistress, avez-vous été sous la protection de milord ? Parlez sans mentir.
    – Pendant deux heures, mon parrain, répondit la jeune fille en baissant la tête et en rougissant ; mais j’y ai été contre ma volonté.
    – Deux heures ! répéta Heriot ; – c’est assez pour une mauvaise action. – Milord, c’est, je présume, une autre victime sacrifiée à votre caractère de galanterie ; – une autre aventure dont vous pourrez vous vanter à l’Ordinaire de Beaujeu. Il me semble que le toit sous lequel vous avez rencontré pour la première fois cette petite sotte aurait dû la mettre à l’abri d’un pareil sort.
    – Sur mon honneur ! maître Heriot, vous me rappelez à présent, pour la première fois, que je vis cette jeune personne dans votre propre maison. Quoiqu’il ne soit pas facile d’oublier ses traits, je faisais d’inutiles efforts pour me rappeler le lieu où je l’avais déjà vue. Quant à vos soupçons, ils sont aussi mal fondés qu’injurieux pour elle et pour moi. Je venais seulement de m’apercevoir de son déguisement quand vous êtes entré. Je suis persuadé, d’après toute sa conduite, que sa présence ici, et sous ce costume, était involontaire ; et, Dieu merci, je n’étais pas

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