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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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répondez avec vérité.
    – Je ne vois pas quel avantage je trouverais à vous parler autrement.
    – Eh bien donc, pour commencer, je soupçonne que vous êtes le fils du vieux Mungo Moniplies, boucher au West-Port.
    – Votre Honneur est sorcier, à ce que je crois.
    – Et comment osez-vous, monsieur, vous donner pour noble ?
    – Je n’en sais trop rien, monsieur, répondit Richie en se grattant la tête. J’entends beaucoup parler dans ces environs d’un comte de Warwick, je crois que c’est Guy qu’on le nomme, qui s’est rendu célèbre à force de tuer des vaches sauvages, des sangliers et d’autres animaux. Or je suis sûr que mon père a tué plus de vaches et de cochons, pour ne rien dire des bœufs, des veaux, des moutons, des brebis et des agneaux, que tous les hauts barons de l’Angleterre pris ensemble.
    – Vous êtes un fin matois ; mais veillez sur votre langue, et prenez garde à vos réponses. Votre père était un honnête bourgeois, syndic de sa corporation ; je suis fâché de voir à son fils de tels vêtemens.
    – Ils ne sont pas des meilleurs, monsieur, dit Richie Moniplies en y jetant un coup d’œil, ils ne sont pas des meilleurs ; mais c’est la livrée ordinaire des enfans des pauvres bourgeois de notre pays ; ils sont tels que la vieille Misère nous les donne. Il faut de la patience. Depuis que le roi a quitté l’Écosse, il n’y a plus rien à faire à Édimbourg. On fait du foin au carrefour de la Croix, et l’on pourrait couper l’herbe sur Grass-Market. Les bestiaux que mon père tuait trouveraient à paître à l’endroit où était son abattoir.
    – Cela n’est que trop vrai, dit maître Georges ; et tandis que nous faisons ici notre fortune, nos anciens voisins meurent de faim chez eux ainsi que leurs familles. On devrait y songer plus souvent. – Mais pourquoi vous a-t-on rossé de cette manière ? Ne mentez pas, surtout.
    – Pourquoi vous conterais-je des mensonges, monsieur ? Je passais par cette rue, et chacun s’amusait à me jeter son lardon. Vous êtes trop nombreux pour moi, me dis-je en moi-même ; mais que je vous rencontre dans le parc de Barford, ou au Vennel, et je vous ferai chanter une autre antienne. Si bien donc qu’un mauvais diable de potier s’approcha de moi tout doucement, et me présenta un vieux tesson, en me disant que je pourrais y mettre mes parfums d’Écosse. Je le poussai, comme c’était bien naturel, et le coquin, tombant sur ses pots, en brisa une vingtaine. Ce fut alors un cri général contre moi ; et si ces deux braves jeunes gens n’étaient venus à mon aide, j’aurais été assassiné sans remède. Et justement comme ils me prenaient par le bras pour me tirer de la bagarre, j’ai reçu d’un batelier gaucher le coup qui m’a étourdi.
    Maître Georges regarda les apprentis comme pour leur demander s’il devait ajouter foi à cette narration.
    – C’est la vérité, monsieur, dit Jenkin. Seulement je n’ai pas entendu parler du tesson. On disait qu’il avait brisé quelques pots, et que… je vous demande pardon, monsieur, qu’on ne pouvait réussir à rien dans le voisinage d’un Écossais.
    – Peu importe ce qu’on disait. Vous êtes un honnête garçon d’avoir pris le parti du plus faible. Et vous, drôle, continua maître Georges en s’adressant à son compatriote, venez me voir demain matin, voici mon adresse.
    – Je me rendrai chez Votre Honneur, répondit l’Écossais en s’inclinant jusqu’à terre, c’est-à-dire si mon honorable maître me le permet.
    – Serait-ce d’un autre maître que de la Misère que vous portez la livrée, dites-nous ?
    – Dans un certain sens, je puis dire que j’en ai deux, s’il plaît à Votre Honneur, car mon maître et moi nous sommes également les esclaves de la vieille Misère, et nous espérions lui montrer les talons en venant d’Écosse en Angleterre. Vous voyez donc, monsieur, que je suis en quelque sorte un noir tenancier , comme on dit au pays, n’étant que le serviteur d’un serviteur.
    – Et comment se nomme votre maître ? demanda maître Georges. Si c’est un secret, ne me le dites pas, ajouta-t-il en voyant qu’il hésitait à répondre.
    – C’est un secret qu’il n’est pas bien utile de garder. Seulement vous savez que, nous autres estomacs du nord, nous sommes trop fiers pour appeler des témoins de notre détresse. Ce n’est pas que mon maître éprouve autre chose qu’une gêne du moment,

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