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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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suivre par compagnie. Je crois que les boxeurs, les meneurs d’ours et tous les charlatans se sont ligués contre moi, mon cher ami, car ils passent devant ma boutique dix fois plus souvent que devant aucune autre de la Cité. Voilà encore qu’il vient d’arriver un coquin d’Italien qu’on nomme Polichinelle ; et tout cela joint ensemble…
    – Fort bien, dit maître Georges en l’interrompant ; mais quel rapport tout cela a-t-il avec votre humeur actuelle ?
    – Ne vient-on pas de crier au voleur ou à l’assassin ? (Je désire que ce soit le moindre des deux maux, au milieu de ces pourceaux d’Anglais gorgés de pouding). J’ai été interrompu dans les plus profonds calculs auxquels un homme se soit jamais livré, maître Georges.
    – Hé bien, ami, il faut prendre patience. Vous êtes un homme qui trafiquez du temps ; vous en avancez ou vous en retardez le cours à volonté. Personne n’a moins de raison que vous de se plaindre d’en perdre un peu par-ci par-là. Mais voici vos jeunes gens ; il faut que l’affaire ait été sérieuse, car ils rapportent un homme mort.
    – Plus le mal est grand, meilleur est le jeu, dit le vieil horloger d’un ton bourru. Je suis pourtant charmé qu’il ne soit arrivé aucun accident ni à l’un ni à l’autre de ces vauriens. – Et pourquoi apportez-vous ici un cadavre, mauvais garnemens ? demanda-t-il à ses apprentis qui portaient le corps, à la tête d’un nombre considérable de leurs compagnons, dont plusieurs étaient chargés d’honorables blessures qu’ils venaient de recevoir.
    – Il n’est pas encore mort, monsieur, répondit Tunstall.
    – Portez-le donc chez l’apothicaire, répliqua son maître. Croyez-vous que je puisse rendre le mouvement à un homme, comme s’il s’agissait d’une montre ou d’une pendule ?
    – Pour l’amour de Dieu, mon vieil ami, dit maître Georges, déposons-le dans l’endroit le plus voisin ; il paraît n’être qu’évanoui.
    – Évanoui ! et qu’avait-il besoin de s’évanouir dans la rue ? Mais au surplus, pour obliger mon ami maître Georges, je recevrais chez moi tous les morts de la paroisse de Saint-Dunstan. Appelez Sam Porter, pour qu’il veille à la boutique.
    En parlant ainsi, il fit transporter dans son arrière-boutique l’homme évanoui ; c’était ce même Écossais qui, peu de temps auparavant, avait été l’objet des sarcasmes des deux apprentis, et qu’on plaça sur un fauteuil, jusqu’à ce que l’apothicaire de l’autre côté de la rue pût venir lui donner des secours. Celui-ci, comme cela arrive quelquefois aux membres des professions savantes, avait plus de mots scientifiques que de science, et il se mit à parler de sinciput et d ’occiput , de cerebrum et de cerebellum , jusqu’à épuiser toute la patience de David Ramsay, qui n’en avait pas beaucoup.
    – Bel homme ! bel homme ! répéta-t-il avec indignation ; et qu’importe que ce soit un bel homme ! c’est un emplâtre qu’il-lui faut à la tête.
    Maître Georges, avec un zèle mieux dirigé, demanda à l’apothicaire si une saignée ne serait pas utile. Le docteur hésita, balbutia, et, ne trouvant, dans l’urgence du moment, rien de mieux à ordonner, il dit que, dans tous les cas, cette opération soulagerait le cerveau, le cerebrum, si par hasard il y avait tendance à un dépôt de sang extravasé, qui pourrait occasioner une compression sur cet organe délicat. Heureusement il était en état de saigner, et il fut puissamment aidé par Jenkin Vincent, qui était passé maître en fait de têtes cassées. On employa l’eau froide et le vinaigre, suivant la méthode scientifique suivie de nos jours par ceux qui servent de seconds à nos boxeurs ; et enfin le blessé commença à se soulever sur son fauteuil, serra son habit autour de lui, et montra tous les symptômes d’un homme qui cherche à recouvrer ses sens et sa mémoire.
    – Il faudrait le porter sur le lit dans le petit cabinet, dit maître Georges, qui semblait connaître parfaitement toutes les distributions de la maison.
    – Il peut prendre ma place sur le lit de camp, s’écria Jenkin, car le lit du petit cabinet servait aux deux apprentis ; je puis bien dormir sous le comptoir.
    – Et moi aussi, dit Tunstall, et le pauvre diable aura le lit tout entier.
    – Le sommeil, dit l’apothicaire, est, suivant l’opinion de Galien, un restaurant et un fébrifuge, qu’on le trouve naturellement ou sur un

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