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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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irrité, – et autant de sorciers et de sorcières qui les lèvent pour vous ! – Sur mon ame ! Geordie Tintin, vous vous êtes mis en tête de faire tinter votre bourse sur un joli air. Comment vous ferais-je compter cent cinquante livres pour ce qui ne pèse pas autant de marcs ? Et ne savez-vous pas que les serviteurs de ma maison et les officiers de ma bouche sont en arrière de six mois ?
    L’orfèvre, accoutumé à de pareilles objections, soutint le choc avec fermeté, et se contenta de répondre que si la pièce d’argenterie plaisait à Sa Majesté, et qu’elle désirât l’acheter, il était facile de s’arranger pour le paiement. Il était vrai que le propriétaire avait besoin d’argent comptant ; mais il pouvait, lui Georges Heriot, avancer cette somme pour le compte de Sa Majesté, si tel était son bon plaisir ; et il attendrait la convenance du roi pour le remboursement de cet objet comme de plusieurs autres ; l’argent, en attendant, rapporterait l’intérêt ordinaire.
    – Sur mon ame ! dit Jacques, voilà ce qui s’appelle parler en marchand honnête et raisonnable. Il faut que nous obtenions un autre subside des communes, et une partie sera employée à payer cette somme. – Emportez la salière, Maxwell ; emportez-la, et placez-la dans un endroit où Steenie et Bambin Charles puissent la voir quand ils reviendront de Richemont. – À présent que nous sommes seuls, mon vieil ami Geordie, je vous dirai que je crois véritablement, en parlant de vous et de Salomon, que toute la sagesse du pays a abandonné l’Écosse quand nous en sommes partis pour venir vers le sud.
    Georges Heriot fut assez courtisan pour répondre que les sages suivent naturellement le sage, comme les daims suivent celui qui leur sert de chef.
    – Il y a quelque chose de vrai, sur mon ame ! dans ce que vous dites, répliqua le roi ; car nous-même, avec les gens de notre cour et ceux de notre maison, comme vous par exemple, les Anglais, quelque bonne opinion qu’ils aient d’eux-mêmes, conviennent que nous ne manquons pas d’esprit ; mais pour tous ceux que nous avons laissés derrière nous, la cervelle leur a tourné ; ils ne savent pas plus ce qu’ils font qu’autant de sorciers et de sorcières, la veille du sabbat du diable.
    – Je suis fâché de vous entendre tenir ce langage, sire. – Oserais-je demander à Votre Majesté ce qu’ont fait nos compatriotes pour mériter un tel reproche ?
    – Ils sont devenus fous, fous à lier. Nos hérauts ont beau s’enrouer àforce de publier nos proclamations, nous ne pouvons les écarter de notre cour. Pas plus tard qu’hier, comme nous venions de monter à cheval, et que nous allions partir, arrive un vrai matou de gouttières d’Édimbourg, un drôle dont les haillons qui le couvraient semblaient se dire adieu les uns aux autres, dont le chapeau et l’habit auraient pu servir d’épouvantail pour les oiseaux, et qui, sans crainte et sans respect, nous jette brusquement dans la main une supplique où il était question de je ne sais quelle dette de notre gracieuse mère, et d’autres sottises semblables. Sur cela, notre cheval prend l’épouvante et se cabre ; et, si nous n’avions été assez habile dans l’art de l’équitation, art dans lequel on convient que nous l’emportons sur la plupart des princes souverains de l’Europe et de leurs sujets, je vous réponds que nous étions renversé sur le pavé.
    – Vous êtes leur père commun, sire, et c’est ce qui leur donne la hardiesse de se montrer en votre gracieuse présence.
    – Je sais que je suis assez pater patriæ, mais on croirait qu’ils veulent m’arracher les entrailles pour se partager l’héritage. Par la mort ! Geordie, il n’y a pas un de ces manans qui sache seulement comment on doit présenter une supplique à son souverain.
    – Je voudrais en connaître la manière la plus convenable et la plus respectueuse, sire, ne fût-ce que pour apprendre à nos pauvres compatriotes à se mieux comporter.
    – Sur mon ame ! vous êtes un homme civilisé, Geordie, et je veux bien perdre quelques instans à vous instruire. D’abord, voyez-vous, il faut vous approcher de nous de cette manière, en vous couvrant les yeux de la main, pour montrer que vous savez que vous êtes en présence du vice-roi du ciel. – Bien, Geordie, voilà qui est fait avec grâce. – Ensuite vous vous agenouillez, et vous faites comme si vous vouliez baiser le pan de notre habit,

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