Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film
réplique très vite Espérandieu. Il n’y en a qu’un !
Caponi est visiblement soulagé. Les autres flics aussi.
— … Enfin… Je veux dire, reprend Espérandieu, qu’à l’époque, quand ils étaient en couple, la nourriture et la fabrication du nid étaient l’essentiel de leurs activités. L’accouplement avait lieu une fois par an et, pour des raisons encore inconnues, ils ne pondaient qu’un seul œuf à la fois…
Caponi sourit, tout en cassant la coquille de son œuf dur sur le coin de la table. Il trouve tout ça plutôt rigolo, l’inspecteur. Mais pas le ptérodactyle qui vient de passer un œil entre les deux rideaux. Un gros œil effrayant que personne ne remarque, attentif qu’ils sont tous à la passionnante leçon d’histoire naturelle du Professeur Espérandieu.
— … ce qui explique en partie leur agressivité, continue Espérandieu, surtout quand il s’agissait de défendre leur seule et unique progéniture.
Amusé, Caponi saisit son œuf épluché, ouvre la bouche et s’apprête à l’avaler, sous l’œil vengeur et terrifiant du reptile volant.
Tétanisant toute l’assemblée, le ptérodactyle pousse un cri assourdissant, sorti d’un autre âge, et s’élance dans la pièce, arrachant le rideau et frappant Caponi qui, sous le choc, se coince son œuf dur dans le gosier !
L’animal préhistorique bondit et tente de voler dans le salon, dévastant tout sur son passage. La panique est générale. Les flics reculent, effrayés. L’inspecteur Bertrand n’arrive pas à sortir son arme. Caponi s’étouffe de plus en plus, il est violet, il se tient la gorge. Espérandieu s’affole, court en tous sens, et sa voix peine à dominer les cris du monstre volant.
— Calme-toi ! hurle le Professeur d’une voix que l’angoisse rend stridente. Je t’en prie ! Calme-toi !
Mais ces suppliques ne font qu’ajouter à la pagaille. Le ptérodactyle renverse tout sur son passage, flics, meubles, vitrines, livres. Et Espérandieu essaye de le saisir dans ses bras. En vain. C’est comme un tourbillon fatal dans la pièce.
Un des policiers parvient enfin à sortir son arme de service. Il tire quelques coups de feu. N’importe comment, manquant de beaucoup le terrible animal et de très peu l’inspecteur Caponi qui titube toujours, étouffé par son œuf dur !
Le ptérodactyle réussit à trouver la fenêtre ouverte et s’envole dans le ciel de Paris, en poussant un hurlement sauvage.
Les flics sont hébétés. Sauf Caponi qui suffoque. L’inspecteur Bertrand s’en aperçoit soudain. Il vient taper un grand coup dans le dos de son chef. L’œuf dur jaillit du gosier de l’inspecteur, traverse la pièce et s’écrase sur un mur, dans les débris d’une bibliothèque. Caponi reprend difficilement ses esprits.
Espérandieu est affolé, navré, désespéré…
— C’est… c’est à cause de l’œuf, bredouille-t-il… Il n’a pas supporté…
L’inspecteur reprend son souffle, et du violet il passe au rouge d’une énorme colère.
— Embarquez-moi ce malade !!! hurle-t-il, fou de rage.
Chapitre 15
Où Adèle règle quelques détails d’édition
avant de se pencher sur les vrais problèmes…
Q uelques semaines ont passé. Le ptérodactyle continue à faire parler de lui, mais même s’il semble qu’il n’y ait pas d’autres victimes, humaines en tout cas, sa présence sème encore la terreur dans la capitale.
Dans un nuage de fumée et de vapeur, et un grand crissement de roues, une locomotive freine puis ses bielles cessent leur mouvement mécanique, et un train ralentit et s’arrête enfin le long d’un quai de la Gare du Nord. Derrière une petite barrière, des gens attendent l’arrivée des voyageurs, femmes, enfants, époux, amis ou grands-parents.
Plus loin sur le quai, des voyageurs commencent à descendre. La tête d’Adèle Blanc-Sec apparaît à la portière, coiffée d’un élégant chapeau dans les tons verts et mordorés. Adèle semble sur ses gardes. Elle observe le quai. Personne à droite, personne à gauche. Elle disparaît à nouveau dans le wagon pour réapparaître en tirant une longue caisse en bois, qui tape chaque marche du marchepied pour dégringoler bruyamment sur le quai.
Adèle se penche sur la longue boite.
— Désolée, murmure-t-elle.
Un porteur s’avance avec son chariot.
— Un porteur ? demande-t-il avec un imparable sens de l’à-propos.
— C’est préférable, répond
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