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Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film

Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film

Titel: Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benjamin Legrand
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à fait relatif, dans cette situation de crise qui secoue la capitale, et la France tout entière. Le Président Fallières est dans le parc et il joue à la balle avec son petit fox-terrier noir, paradoxalement baptisé Nelson, qui même s’il y a succombé, n’en reste pas moins le vainqueur de Trafalgar, sinistre souvenir de l’Histoire de France. Le petit chien revient avec sa balle et la dépose aux pieds de son maître, en le fixant de ses petits yeux impatients que celui-ci la relance.
    Un des hommes chargés de la sécurité du Président s’approche de l’illustre homme d’État. C’est un mastard à la moustache martiale. L’homme de la sécurité, pas le Président, bien sûr.
    — Mademoiselle Blanc-Sec est sur le perron, monsieur le Président, dit le mastard. Elle n’a rien sur elle.
    — Comment ça, elle n’a rien sur elle ? ! s’étonne Fallières, éberlué.
    — Je veux dire, fait l’homme de la sécurité d’un air confus… On l’a fouillée. Elle n’a pas d’arme.
    Le Président apprécie visiblement cette précision, et son sourire s’élargit même encore plus quand il aperçoit Adèle qui lui fait un signe de loin. Elle s’est faite toute belle. Les femmes sont souvent comme ça quand elles ont quelque chose à demander aux hommes. Elle est tout en blanc et en dentelles, avec quelques discrets rappels de vert, sa couleur favorite, et elle porte un grand chapeau avec une magnifique plume d’autruche. Pourtant, Adèle n’est pas du tout une femme comme les autres et s’il ne s’agissait pas d’une question de vie ou de mort, gageons qu’elle n’aurait pas mis une tenue aussi « chic », comme on dit dans certains milieux un peu snobs du Paris de cette Belle Epoque.
    Le Président Fallières s’avance vers elle, tout souriant.
     
    Derrière lui, Nelson regarde sa balle posée dans l’herbe, un peu déçu. Puis il la ramasse dans sa petite gueule et décide de suivre son maître. Peut-être cette nouvelle arrivante voudra-t-elle jouer avec lui ? Les chiens ont souvent ce genre de pensée.
     
    Dans les buissons, d’autres hommes de la sécurité veillent au grain.
    Adèle se fend d’une petite révérence.
    — Monsieur le Président…
    — Vous savez, chère Adèle, que je garde un souvenir ému de notre premier entretien, dit Fallières en lui faisant un petit signe amical de la main pour qu’elle se dispense de toute autre forme de politesse. C’était quand déjà ?
    — Le 18 janvier 1906, le lendemain de votre élection, répond Adèle.
    — Oui, c’est cela !
    — Je m’en souviens. C’était ma première interview ! fait Adèle avec un sourire qui en dit long.
    Le Président sourit également à cette évocation.
    — Moi aussi, dit-il, car je n’ai pas le souvenir d’avoir autant ri depuis ce jour !
    — J’étais affligeante !
    — Vous étiez charmante, corrige le Président… Alors ? Que puis-je faire pour vous ?
    — C’est à propos du Professeur Espérandieu. Depuis votre élection, vous n’avez cessé de clamer votre indignation contre la peine de mort.
    — J’en ai effectivement gracié 17 depuis le début de mon mandat ! dit Fallières, non sans une certaine fierté.
    — Alors, je vous demande d’en gracier un de plus, cet homme est innocent.
    — Mademoiselle Blanc-Sec, nous avons quand même trois morts sur les bras, dont un préfet ! Sans compter les disparus attribués à ce monstre par une certaine presse !
    On sent, au ton de Fallières, qu’il prend cette situation très au sérieux. On le serait à moins, avec un ptérodactyle rôdant depuis des semaines dans le ciel de Paris. Et qui a été surpris dans le propre appartement du Professeur par les forces de Police de la république !
    — Ce n’est pas lui qui les a tués, c’est cette bestiole du fond des âges et le Professeur est le seul à pouvoir la contrôler. Si Espérandieu disparaît, Dieu seul sait combien de victimes vous aurez sur les bras !
     
    Aux pieds de son maître, Nelson aboie de plus en plus fort, réclamant apparemment qu’on joue avec lui, malgré la présence de cette intruse. Le Président se penche, ramasse la petite balle et la lance.
    — Nos meilleurs hommes sont sur cette affaire, chère Mademoiselle. Nous avons même fait appel à un professionnel revenu spécialement d’Afrique pour s’occuper de l’animal.
    On sent dans le regard d’Adèle qu’elle commence à être à court d’arguments.

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