Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film
L’émotion la gagne et sa voix se trouble quelque peu.
— Monsieur le Président, Espérandieu est un grand Professeur, et ses travaux font tous les jours avancer la science ! En lui prenant la vie, vous condamnez toutes celles qu’il aurait pu sauver !
Le Président semble ne pas être insensible à l’émotion d’Adèle. Il se frotte doucement la moustache, signe d’un profond embarras.
— Je… je vous promets d’y réfléchir.
— Merci, dit Adèle.
Mais l’émotion est brisée à cause du petit chien, qui au lieu de courir après sa baballe est resté dans leurs pattes à japper comme un malade.
— Raah, fait Fallières énervé. Nelson ! Qu’est-ce qui t’arrive ce matin ? Elle est là-bas ta balle ! Regarde !
Le Président se dirige vers le bout de la pelouse pour récupérer le dit objet. Mais Nelson reste aux pieds d’Adèle, continuant à aboyer comme un sauvage.
— Qu’est-ce que t’as ? T’as vu la Vierge ? lance notre héroïne au petit clebs, d’un ton agressif bien compréhensible. Elle lui en veut d’avoir ruiné l’instant d’émotion où elle avait presque emporté la décision du Président. Tout est à recommencer.
Soudain, elle aperçoit une ombre qui tombe sur les marches du perron. Elle lève la tête et voit le ptérodactyle, posé sur la gouttière de l’Élysée ! Elle reste un instant interdite, car entendre parler d’un tel animal est une chose, mais se trouver quasiment nez à nez avec son bec acéré, sa peau rougeâtre au cuir luisant, son œil froid de reptile et ses serres fort menaçantes, c’est tout à fait autre chose.
Adèle comprend en une demie seconde que Nelson tentait de prévenir tout le monde depuis un bon moment. Elle aperçoit le Président, là-bas, sur la pelouse qui ramasse la balle.
— Voilà, dit Fallières. Elle est là, Nelson ! Allez ! Viens chercher la baballe !!
Le ptérodactyle, prenant probablement l’invitation pour lui, ouvre grand ses ailes, mais le Président, en contre jour, ne voit rien. Nelson, affolé, part en courant. Adèle aussi, en direction du Président.
Le ptérodactyle décolle en une fraction de seconde et se lance aussi dans la course. Le Président Fallières ne l’a toujours pas vu et il arbore une mine réjouie, la balle à la main.
— Elle est pour qui, la baballe ? dit-il au petit fox-terrier.
Mais Nelson, arrivé en premier vers son maître, passe devant lui sans s’arrêter, en aboyant comme un dément. Adèle arrive seconde, aussi vite que le lui permet sa robe longue.
— Dans mes bras ! dit-elle au Président qui ouvre de grands yeux interloqués.
Il l’est encore plus quand Adèle se jette sur lui, bras grand ouverts et le fait tomber sur la pelouse. Le Président lâche la balle.
Le ptérodactyle leur passe juste au-dessus dans un grand souffle d’air et attrape Nelson dans ses griffes avant de filer vers le ciel, à une vitesse stupéfiante.
La garde rapprochée du Président sort de tous côtés, presque de derrière chaque arbre. Un de ces gros balaises décroche un téléphone accroché à un tronc d’arbre.
— Attentat sur le Président !! crie le garde dans le téléphone.
Mais des hommes se sont déjà jetés sur Adèle et l’entraînent sans ménagement, avant qu’elle puisse expliquer quoi que ce soit, car l’un des mastards a collé sa grosse patte sur sa bouche délicate.
Le Président se relève et s’époussette. Il est un peu perdu, et ne comprend pas trop ce qui s’est passé. Adèle a disparu au coin du Palais.
Soudain, la balle de Nelson tombe du ciel, juste devant lui.
Stupéfait, le Président Fallières la ramasse et lève les yeux vers le ciel : Rien.
— Nelson ?…. Nelson ?…. trouvez-moi Nelson ! ordonne le Président aux mastards de sa garde rapprochée.
Les gardes partent en courant dans tous les sens, en vain.
Car dans le ciel déjà rougi par le soleil qui descend vers le Mont Valérien, l’effrayante silhouette de l’animal préhistorique se dessine au-dessus des toits de Paris, tenant fermement Nelson dans ses griffes. Et le pauvre petit fox-terrier n’ose même plus émettre le moindre son, sans doute surpris d’être encore vivant et de voler, comme ces pigeons qu’il s’amuse en général à courser dans les jardins de l’Élysée, sans jamais parvenir à les attraper… À moins qu’il ne soit tout simplement paralysé par la terreur…
Chapitre 21
À mouflon, chasseur et
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