Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec: Le roman du film
demi…
D ans la semi pénombre du soir qui descend, le monstre volant, portant toujours sa proie, pique sur le Jardin des Plantes. Il passe au-dessus des mouflons de Corse qui paissent paresseusement dans leur enclos. Le ptérodactyle ne semble pas très intéressé pour l’instant.
Caché non loin de cet enclos, Saint-Hubert, camouflé sous une peau de mouton Afghan se soulage un peu plus loin contre un arbre. Caponi, la même peau bouclée sur les épaules, s’est assoupi près d’un buisson.
Saint-Hubert remonte sa braguette et rejoint l’inspecteur. Le terrifiant reptile lui est passé au-dessus de la tête sans que l’expert ès grands fauves, ne s’en aperçoive le moins du monde.
Saint-Hubert tapote l’épaule de l’inspecteur pour le réveiller.
— Ouvrez l’œil, Caponi ! dit le vaillant chasseur à voix basse.
Le policier sursaute et se réveille, éberlué.
— Hein ? Oui ! Bien sûr ! Les deux sont grand ouverts, croyez-moi !
— Vigilance et patience sont les deux maîtresses du chasseur, dit Saint-Hubert, sentencieux.
— Ah ? fait Caponi, puis il se rend compte qu’il faut qu’il parle à voix basse comme son illustre interlocuteur.
Et c’est avec une certaine obséquiosité qu’il murmure : « Dites-moi, ça vous dérangerait si je m’absentais une minute, histoire de m’alimenter ?
— Hors de question ! chuchote Saint-Hubert ! Nous sommes en guerre mon jeune ami !
— Ah ?
— Une fois, je suis resté trois jours sans manger à traquer un tigre qui s’était réfugié dans un temple Bengali !
— Ah ?… Trois jours ?
On sent une terrible inquiétude dans le murmure de l’inspecteur. La simple idée de ne pas manger pendant trois jours le fait transpirer d’angoisse, lui qui n’a rien réussi à avaler depuis la veille déjà, et qui en général ne peut pas rester deux heures sans se sustenter !
— Mais ce n’est rien par rapport au monstre que nous traquons aujourd’hui ! La bataille sera rude, croyez-moi !
Pendant ce temps, le ptérodactyle et sa proie se posent en douceur au milieu d’un bouquet d’arbres. Le reptile volant lâche le chien qui s’ébroue, fait quelques pas pour se dégourdir les pattes, et semble finalement plutôt content de sa balade aérienne. Le jeune ptérodactyle s’approche d’un début de nid, et arrange quelques branches.
Derrière un buisson, le Professeur Ménard et son fidèle assistant Zborowsky observent cette scène effarante.
— Incroyable ! chuchote Ménard… Mais comment avez-vous réussi ?
— Eh bien, chuchote Zborowsky avec modestie, j’ai commencé par feuilleter tous les ouvrages que nous possédons à la bibliothèque et j’ai eu la confirmation que l’animal était particulièrement sédentaire…
Le ptérodactyle se couche au milieu de son nid de fortune et Nelson vient se mettre entre ses pattes, tenant fièrement un os dans sa gueule.
— … Alors, poursuit le jeune Zborowsky tout en guettant les réactions éventuelles de son patron, l’idée m’est venue de récupérer les coquilles de son œuf et de les rassembler dans un endroit calme, plutôt à l’abri des regards indiscrets. Après, je lui ai mis quelques morceaux de bœuf bien choisis, afin d’éviter qu’il ne décime notre troupeau de mouflons corses.
Le ptérodactyle s’enfile un steak de deux kilos, d’un seul coup de gosier. Ménard est stupéfait. Il se tourne vers son assistant.
— Zborowsky… vous êtes un génie !
— Non, c’est rien, c’est juste un peu d’intuition, murmure Zborowsky, gêné par ce compliment disproportionné.
— Avec une intuition pareille, vous devez faire des ravages chez la gent féminine, hein, mon jeune ami ? fait Ménard avec un petit sourire égrillard.
— Ben… ça dépend des femmes, réplique Zborowsky.
Une pensée pour Adèle vient de lui traverser l’esprit. Pourquoi est-il amoureux à ce point de cette incroyable journaliste écrivain ? De ce mystère fait femme ? Et pourquoi ne répond-elle jamais à ses lettres ?
Chapitre 22
Où, alors que l’heure est grave,
le temps piétine…
ou plutôt comme disait Karl Marx,
l’Histoire bégaie… au plus grand dam d’Adèle…
L e soir tombe et Adèle a été emmenée dans le commissariat le plus proche à fin d’interrogatoire. Elle y attend depuis des heures en rongeant son frein et l’on vient enfin de l’amener dans les bureaux pour répondre aux questions
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