Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions
confiance et par ton
sacrement, chacun peut les entendre ou les lire. Les cœurs sont
réveillés, et ne s’endormiront plus dans le désespoir en disant : je ne
peux pas. Ils sont éveillés à l’amour de ta pitié et à la douceur de ta
faveur qui rend à tous les infirmes leurs capacités en même temps que
la conscience de leurs infirmités.
Si les bons aiment entendre le récit du mal que font ceux qui en sont
libérés, ce n’est pas par amour du mal mais parce que le mal qui a été
n’est plus.
Quel bénéfice donc, mon Seigneur à qui chaque jour ma conscience
se confie, davantage rassurée parce qu’elle espère ta pitié que par son
innocence ? Je demande quel bénéfice attendre si j’avoue devant toi aux
hommes, dans ce livre, ce que je suis et non plus ce que je fus ?
J’ai déjà montré et mentionné le bénéfice de l’aveu du passé. Mais
beaucoup aimeraient aussi savoir ce que je suis encore, au moment précis de faire mes aveux. Qu’ils me connaissent personnellement ou pas,
ils ont appris des choses sur moi directement ou indirectement. Mais ils
n’ont pas une oreille branchée sur mon cœur, là où je suis ce que je suis.
Ils veulent donc entendre dans mes aveux ce que je suis moi-même intimement, et que ne peuvent atteindre ni leurs oreilles ni leurs yeux ni
leur intelligence. Ils veulent bien me croire mais parviendront-ils à me
connaître ?…
C’est l’amour qui a fait d’eux des gens biens, qui leur dit que je ne
mens pas dans mes aveux. C’est l’amour en eux qui me croit.
5.
Mais quel bénéfice veulent-ils en retirer ? Partager ma joie quand ils
entendront que tes dons m’ont rapproché de toi ? et prier avec moi
quand ils entendront que je fus paralysé par mon propre poids ?
Je me dénoncerai à eux. Oui, ce n’est pas rien, Seigneur mon Dieu,qu’il y en ait ainsi beaucoup à te remercier pour nous et beaucoup à te
prier pour nous. Un frère doit aimer en moi ce que tu apprends à aimer,
et à déplorer en moi ce que tu apprends à déplorer. Un frère, pas un
étranger, pas un fils d’ailleurs dont la bouche profère du vide et dont la
main droite est une main arbitraire, mais un frère qui, en m’approuvant,
est heureux pour moi, et en me désapprouvant est triste pour moi. Qu’il
m’approuve ou pas, il m’aime.
Je me dénoncerai à eux. Ils respireront devant ce que j’ai fait de bien
et soupireront au mal que j’ai fait. Mon bien, c’est toi qui l’as institué.
Toi qui me l’as donné. Mon mal, je suis le seul à l’avoir fait. Et c’est toi
qui le juges. Au bien, ils respirent. Au mal, ils soupirent.
Sous tes yeux montent hymnes et pleurs de cœurs fraternels qui sont
tes encensoirs.
Et toi, Seigneur, qui te délectes du parfum de ton temple saint,
prends pitié de moi dans ta grande pitié. En ton nom. Tu n’abandonnes
jamais ce que tu as commencé : achève mes imperfections.
6.
Le bénéfice de mes aveux, ce n’est pas ce que j’ai été mais ce que je
suis. Je fais non seulement mes aveux devant toi, avec une secrète exultation mêlée de tremblement, avec un secret chagrin mêlé d’espérance,
mais également aux oreilles de l’humanité croyante, complice de ma
joie, partageant notre communauté mortelle, mes concitoyens, mes
compagnons de voyage, avant moi ou après moi, les compagnons de ma
vie. Tes esclaves, mes frères. Tu as voulu que tes enfants soient mes
maîtres. Tu m’as ordonné de les servir si je veux avec toi vivre de toi. Ta
parole ne m’aurait pas suffi si elle s’était limitée aux mots et n’avait pas
agi la première. Et pour que je réponde en actes et en paroles, je dois
me mettre sous la protection de tes ailes. Le danger est gigantesque et
sans la protection de tes ailes, si je ne te suis pas soumis, tu ne remarquerais pas ma fragilité.
Je suis un tout petit enfant. Mais mon père vit pour toujours. J’ai le
protecteur qu’il me faut. Oui, c’est le même qui m’a engendré et qui me
protège. C’est toi-même. Tu es tout pour moi. Tout-puissant. Tu es avec
moi avant même que je ne sois avec toi.
Je me dénoncerai à eux. À ceux que tu m’ordonnes de servir. Je
dénoncerai non pas celui que j’ai été mais celui que je suis enfin, et que
je suis encore. Et sans jamais me juger moi-même.
Écoutez-moi.
7.
Seigneur, tu es mon juge. On dit qu’aucun être humain ne sait ce qui
se passe dans l’homme sinon le souffle de l’homme qui est en lui, mais
il y a pourtant
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