Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions
facilite le travail
soulage les esprits fatigués
dénoue l’angoisse des deuils
33.
Doucement, je retrouvais mes sentiments pour ta servante. Son attitude, son amour sincère pour toi, et comme elle était tendre, sainte et
soumise avec nous – elle qui m’avait brutalement abandonné.
J’ai pleuré avec bonheur sous tes yeux, sur elle et pour elle, sur moi
et pour moi. J’ai laissé couler mes larmes que je retenais, couler autant
qu’elles voulaient, et mon cœur s’y vautrer. Y trouver son repos. Tu
étais là. Tu m’écoutais. Toi et pas un autre qui aurait interprété avec
condescendance mes pleurs.
Maintenant, Seigneur, je t’écris cet aveu. Lise qui voudra. Qu’on
interprète comme on voudra. Si quelqu’un trouve que j’ai commis une
faute en pleurant ma mère un petit quart d’heure, cette mère que pour
un temps j’ai considérée comme définitivement morte, elle qui tant
d’années avait pleuré pour me faire vivre à tes yeux, ne riez pas de moi
mais plutôt, si vous avez grand amour, pleurez pour mes fautes devant
toi, père de tous les frères de ton christ.
34.
Moi, le cœur enfin guéri de cette plaie qu’on pouvait mettre sur le
compte d’une sensibilité trop charnelle, je verse devant toi, notre Dieu,
pour ta servante, de tout autres larmes. Elles coulent d’un esprit dérangé
qui a vu les dangers que court chacun qui meurt en Adam. C’est vrai,
elle a repris vie dans le Christ avant même de quitter la chair. Sa vie a fait
honneur à ton nom par sa confiance et sa conduite. Mais je n’ose dire
que jamais, depuis sa renaissance dans le baptême, aucune parole
contraire à ton commandement n’est sortie de sa bouche. La vérité, par
ton fils, a dit : qui traite son frère d’écervelé sera passible du feu de l’enfer. Une vie humaine a beau être honorable, elle est misérable si tu la
juges sans pitié. Mais non, tu ne t’acharnes jamais sur les erreurs. Nous
espérons avec confiance une place près de toi. Et quiconque énumère
ses vrais mérites ne fait qu’énumérer ce que tu lui as donné. Oui, les
hommes devraient savoir qu’ils ne sont que des hommes. Ils n’ont de
gloire que dans la gloire du Seigneur.
35.
Ma louange ma vie
Dieu de mon cœur
Je laisse un instant de côté tout ce que ma mère a fait de bien, et dontje te remercie avec joie, et je t’implore maintenant pour les fautes de ma
mère. Écoute-moi. Écoute le guérisseur de nos plaies, pendu sur le bois,
assis à ta droite et qui t’interpelle pour nous. Je sais qu’elle a agi avec pitié.
Qu’elle a courageusement effacé les dettes de ses débiteurs. Efface toutes
ses dettes à ton tour, si elle en a contracté durant toutes ces années après
l’eau de libération. Efface, Seigneur, efface. Je t’en supplie. Ne lui fais pas
un procès. Laisse l’amour excéder la justice. Tes paroles sont vraies. Tu as
promis l’amour à ceux qui aiment. S’ils ont aimé, ils te le doivent. Tu
aimeras qui tu voudras aimer. Tu donneras ton amour à qui tu aimeras.
36.
Je crois que tu auras déjà fait ce que je te demande. Mais approuve
ce qui sort spontanément de ma bouche, Seigneur.
Quand le jour de sa délivrance devint imminent, ma mère n’a pas
imaginé envelopper somptueusement son corps ou le faire embaumer
d’aromates. Elle n’a pas voulu non plus d’un monument remarquable,
et ne s’est pas souciée d’avoir sa tombe dans sa patrie. Non, elle ne nous
a rien demandé. Son unique désir a été que nous fassions mémoire
d’elle à ton autel, au service duquel elle n’a pas manqué un seul jour. Et
où elle savait qu’on dispense la sainte victime qui a effacé l’arrêt écrit à
la main contre nous, et triomphé de l’ennemi – celui qui compte sur nos
erreurs pour nous inculper mais qui ne trouve rien chez Celui avec qui
nous sommes vainqueurs.
Qui lui rendra le sang innocent ?
Qui lui remboursera le prix qu’elle paya pour nous arracher à
l’ennemi ?
Ta servante, liée par sa foi, s’est attachée au serment de nous racheter. Personne ne doit la détacher de ta protection. Que ce soit par la
force ou la ruse, lion ou dragon. Elle ne niera pas ses dettes à l’accusateur retors qui pourrait la confondre et la piéger. Mais elle répondra
que ses dettes ont été effacées par celui à qui personne ne peut rembourser le prix qu’il a payé pour nous alors qu’il ne nous devait rien.
37.
Qu’elle repose en paix avec son mari.
Elle n’a connu
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