Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
Vom Netzwerk:
arrogance et non à une vision qu’ils
auraient eue.
    Oui, Seigneur, tes jugements sont redoutables. Ta vérité n’est pas
plus à moi qu’à d’autres mais à nous tous. Tu nous appelles publiquement à la partager et tu nous fais cet avertissement terrible de ne pas se
l’approprier à titre privé si on ne veut pas précisément en être privé.
Quiconque revendique pour lui-même ce que tu proposes à la jouissance de tous, et veut accaparer pour lui ce qui appartient à tous,
s’exclut de la communauté, passant ainsi de la vérité au mensonge. Car
celui qui ment ne parle que de lui.
    35.
    Fais attention, excellent juge, Dieu, vérité même. Fais attention à ma
réponse à ce contradicteur. Fais attention. Je réponds devant toi, devant
mes frères qui font légitimement recours à la loi pour faire aboutir
l’amour. Fais attention, et vois ma réponse, s’il te plaît. Une réponse fraternelle et pacifique.
    Si nous reconnaissons tous les deux, lui dis-je, à la fois que ce que tu
dis est vrai, et que ce que je dis est vrai, d’où nous vient cette certitude ?
Je ne la trouve pas en toi et tu ne la trouves pas en moi. Mais nous
l’avons trouvée ensemble dans quelque chose de supérieur à nos intelligences : l’immuable vérité. On ne met pas en doute la lumière de notre
Seigneur notre Dieu, et pourquoi mettre en doute la pensée de notre
prochain ? Elle ne se voit pas comme se voit l’immuable vérité. Imaginons. Moïse en personne nous apparaît et nous dit : voilà ce que je
pense. Nous ne voyons rien de plus mais nous y croyons. Ne prenons
donc pas le parti de l’un contre l’autre, au-delà de ce qui est écrit.
Aimons le Seigneur notre Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme,
de tout notre esprit, et notre prochain comme nous-mêmes. C’est en
vertu de ces deux commandements de l’amour que Moïse a pensé tout
ce qu’il a pensé dans ces livres. Ne pas y croire revient à faire mentir le
Seigneur en prêtant à son serviteur, notre semblable, un sentiment différent de celui de l’enseignement qu’il a reçu. Oui, ce serait idiot,
devant l’abondance des affirmations parfaitement véridiques que l’on
peut tirer de ces paroles, d’affirmer avec témérité laquelle correspond à
la pensée de Moïse, et de saper par de regrettables disputes cet amour
même, unique raison de tout ce qu’il a dit et que nous nous efforçons
d’interpréter.
    36.
    Mon Dieu, tu élèves mon abaissement, tu reposes mon travail, tu
entends mes aveux, tu pardonnes mes fautes.
    Tu me donnes l’ordre d’aimer mon prochain comme moi-même, et je
ne peux croire que tu aies moins donné à Moïse, ton fidèle serviteur,
que ce que j’aurais souhaité et désiré pour moi-même, si j’étais né à son
époque, et que tu m’avais confié sa mission : révéler avec mon cœur et
ma langue ces écritures, encore utiles si longtemps après à tous lespeuples, et dont l’autorité écraserait dans l’univers entier les paroles de
toutes les fausses et prétentieuses doctrines. Oui, si j’avais été Moïse,
j’aurais voulu – nous sommes tous issus de la même masse, et qu’est-ce
que l’homme si tu ne te souviens pas de lui ? – si donc j’avais été qui il
a été, et si tu m’avais attelé au travail d’écrire la Genèse, j’aurais voulu
recevoir la même faculté d’expression, cette même façon de tisser les
mots, qui permet aux lecteurs encore incapables de comprendre comment Dieu crée de ne pas être dépassés, et aux lecteurs déjà, eux, en
mesure de comprendre, de pouvoir découvrir que la vérité à laquelle ils
sont arrivés est implicitement présente dans les quelques paroles de ton
serviteur. Et que si un autre y reconnaît encore une autre pensée, dans
la lumière de la vérité, elle ne manque pas non plus à l’intelligence des
mêmes paroles.
    37.
    Une source, qui n’occupe qu’un tout petit espace à l’origine, est
pourtant plus abondante, et distribue son eau à de plus vastes espaces
que n’importe lequel de ces ruisseaux qu’elle engendre et qui traversent
tant de régions. C’est comparable au récit de celui qui répand ta parole,
utile aux nombreux interprètes postérieurs. Quelques petits discours, à
l’origine, font jaillir des flots de vérité limpide. Chacun en tire à son
profit la vérité qu’il est capable d’y trouver, ceci ou cela, et la développe
en de longues circonlocutions. Il y en a, lisant ou entendant ces

Weitere Kostenlose Bücher