Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions
ont refleuri, il en est heureux comme devant la
renaissance d’un champ fertile.
41.
Est-ce que ce sont ses propres besoins (il dit : vous m’avez envoyé ce
dont j’avais besoin) qui causent sa joie ? Non, ce n’est pas à cause d’eux.
Et comment le savons-nous ? De ce qu’il dit ensuite lui-même : je ne
recherche pas les dons mais les fruits.
Tu m’as appris, mon Dieu, à distinguer le don du fruit. Le don c’est
ce qu’on donne pour subvenir aux besoins vitaux : de l’argent, de quoi
manger, de quoi boire, des vêtements, un toit, de l’aide… Mais le fruit
c’est la volonté bonne et droite du donateur. Oui, le bon maître n’a pas
dit seulement : qui accueille un prophète, mais il a ajouté : en sa qualité
de prophète. Il n’a pas dit seulement : qui accueille un juste, mais il a
ajouté : en sa qualité de juste. À cette condition, on est récompensé
comme un prophète, et on est récompensé comme un juste. Il n’a pas
dit seulement : celui qui donnera une verre d’eau fraîche à l’un de cespetits, mais il a ajouté : parce qu’il est un de mes disciples. Et il poursuit : celui-là, croyez-moi, ne perdra pas sa récompense 41 .
Le don c’est accueillir le prophète, accueillir le juste, tendre un verre
d’eau fraîche au disciple. Mais le fruit c’est de le faire en leur qualité de
prophète, en leur qualité de juste, en leur qualité de disciple. Élie s’est
nourri du fruit : la veuve savait qu’elle nourrissait un homme de Dieu,
et elle l’a nourri pour cette raison. Mais quand un corbeau l’a nourri, il
s’est nourri du don simplement. Ce n’était pas l’être intérieur d’Élie
mais l’être extérieur qui se nourrissait, et qui aurait pu dépérir s’il avait
manqué de cette nourriture.
42.
Je dirai encore ce qui est vrai pour toi, Seigneur. Pour initier et
convertir des hommes simples et incroyants, il faut nécessairement passer par des mystères d’initiation et de grands miracles – ce que représentent selon nous les noms de poissons et de monstres marins. Et
quand ces hommes accueillent tes enfants pour les réconforter, leur
apporter une aide matérielle, ils ne se demandent pas ce qu’ils font ni
pourquoi. En réalité, il ne nourrissent personne. Et personne n’est
nourri par eux. Parce que leur volonté n’est ni sainte ni droite et tes
enfants n’éprouvent aucune joie à recevoir leurs dons dont ils ne voient
pas encore le fruit. L’âme se nourrit de la joie qu’elle éprouve. C’est la
raison pour laquelle les poissons et les monstres ne mangent pas des aliments que la terre ne fait germer qu’à partir du moment où elle est distincte et séparée de l’amertume des flots marins.
43.
Tu as vu, Dieu, tout ce que tu as fait. C’est très bon. Nous le voyons
nous aussi. Tout est très bon. Tu as fait par la parole les différents stades
de ton travail. Ce fut fait. Tu as vu que chacun était bon. Sept fois, j’ai
compté, il est écrit que tu as vu que ce que tu avais fait était bon. La
huitième fois, tu as vu tout ce que tu as fait. Non seulement c’était bon,
mais même très bon dans sa totalité. Une à une, les choses n’étaient que
bonnes, dans leur totalité, elles étaient bonnes et même très bonnes. Onle dit aussi d’un beau corps. Et si tous les membres qui le constituent
sont beaux, un corps est bien plus beau que chacun de ses membres
pris isolément. L’ensemble achevé est d’un accord parfait au-delà de la
beauté propre à chacun des membres.
44.
J’ai essayé de découvrir si tu avais vu à sept ou à huit reprises que ce
que tu avais fait était bon quand cela t’a plu. Mais dans ton regard, je
n’ai pas trouvé de dimension temporelle qui m’aurait alors permis de
comprendre pourquoi tu avais vu à plusieurs reprises ce que tu avais
fait.
J’ai dit, Seigneur, ton écriture dit vrai là aussi, puisque c’est toi véritable et vérité qui l’as publiée. Mais pourquoi me dire que ton regard
n’est pas lié à la dimension temporelle alors que ton écriture me dit,
elle, dans ce passage, que jour après jour tu as vu que ce que tu avais
fait était bon, et que j’ai pu compter le nombre de fois ? À cela tu me
réponds, puisque tu es mon Dieu et que tu parles d’une voix forte à
l’oreille intérieure de ton esclave, crevant ma surdité, et criant : homme,
ce que dis mon écriture, c’est moi qui le dis. Mais elle le dit dans la temporalité et le temps n’affecte
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