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Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
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n’était pas institué,
l’instituer. Il est bien permis à un roi dans la cité où il règne d’ordonner
quelque chose que personne avant lui ni jamais lui-même n’avait
ordonné, et obtempérer n’est pas alors s’opposer à l’alliance de cette
cité. Bien au contraire, ne pas obtempérer serait s’opposer à cette
alliance. Le pacte général d’une société humaine est bien d’obéir à son
roi. Alors à plus forte raison, Dieu souverain universel de sa création
donnant un ordre, il faut s’y soumettre sans douter. Oui, de même que
dans les pouvoirs de la société humaine, le pouvoir supérieur a préséance sur l’inférieur qui lui doit obéissance, comme Dieu sur tous.
    16.
    Même chose pour les crimes. L’outrage ou la méchanceté révèlent
l’action nuisible de la libido. Ou les deux à la fois dans la vengeance,
comme un ennemi contre son ennemi, ou pour s’emparer d’un objetappartenant à autrui, comme un bandit contre un voyageur, ou pour
éviter d’avoir mal, quand on a peur de quelqu’un, ou par envie, comme
un misérable devant plus heureux que lui, ou comme celui qui a réussi
devant celui dont il craint qu’il ne l’égale ou dont l’égalité le fait souffrir, ou encore par seule jouissance de la souffrance d’autrui, comme les
spectateurs des combats de gladiateurs ou les gens caustiques et les
mystificateurs.
    Ces principaux crimes pullulent avec l’ambition, la cupidité et la
concupiscence, avec une seule de ces passions, deux à la fois ou les trois
ensemble. On vit dans le mal, en s’opposant aux dix cordes – trois et
sept – du psaltérion, ton Décalogue, Dieu très haut et très doux.
    Mais quels scandales pourraient t’atteindre ? Tu es incorruptible. Ou
quels crimes contre toi à qui rien ne peut nuire ?
    En réalité, tu punis ce que les hommes s’infligent à eux-mêmes. Parce
que même quand ils s’opposent à toi, ils s’opposent à eux-mêmes. Leur
crime est son propre mensonge quand ils pervertissent et dépravent
leur nature que tu as faite et harmonisée, quand ils abusent des choses
permises, ou qu’ils se livrent passionnément à des interdits contre
nature. Ils sont coupables quand ils parlent furieusement contre toi et
se braquent contre ton aiguillon, ou quand ils brisent les protections de
la société humaine, qu’ils jouissent effrontément d’unions ou de dissidences personnelles, selon leur plaisir ou leur irritation.
    C’est ce qui se passe quand on t’abandonne, source de vie, seul vrai
créateur et guide de l’univers, et que par orgueil personnel, un amour
particulier fait croire à une fausse unité.
    Un humble attachement fait retourner en toi.
    Tu nous purges des mauvaises habitudes.
    Tu es bienveillant pour les fautes qu’on avoue. Tu écoutes les plaintes
des enchaînés. Tu nous libères des entraves que nous nous sommes
faites, à la condition de ne plus dresser contre toi les cornes d’une
fausse liberté, toujours avides de posséder davantage au risque de tout
perdre, en aimant notre bien plus que toi, le bien de tous.
    17.
    Or parmi les scandales, les crimes, et tant de méchancetés, il peut y
avoir des fautes utiles à ceux qui les font. Les juges sérieux les réprimandent en vertu de la règle de la perfection, mais en même temps ils
font valoir leurs mérites parce qu’ils espèrent un jour en récolter
quelque chose comme le blé en herbe que l’on moissonne.
    Il y a aussi certaines fautes qui ressemblent à des scandales ou à des
crimes, mais qui ne sont pas des fautes parce qu’elles n’offensent ni toi,
Seigneur notre Dieu, ni la communauté sociale. Il peut arriver, par
exemple, qu’on amasse certaines choses, en prévision des aléas de la vie,
sans pour autant agir par cupidité, ou encore qu’on punisse quelqu’un
avec l’intention zélée de le corriger au nom d’un pouvoir fort, sans forcément par désir de nuire.
    Beaucoup d’actions qu’on voit condamnées par les hommes sont
approuvées par ton jugement, et beaucoup qui sont approuvées par les
hommes sont rejetées par ton jugement. Souvent l’apparence d’une
action est différente de l’intention de son agent et de l’articulation
secrète des circonstances.
    Mais quand c’est toi qui commandes soudain quelque chose d’inaccoutumé et d’imprévu, même si tu l’as interdit à une époque, et que
pour un temps tu caches la raison de ton commandement, et que cela
s’oppose même au pacte d’une quelconque

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