Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
Vom Netzwerk:
qu’elle portait sur la bière de ses pensées.
    Jeune homme, je te le dis, lève-toi, dirais-tu au fils de la veuve.
    Il revivrait, il parlerait de nouveau, et tu le rendrais à sa mère  1 .
    Non, son cœur n’a pas vacillé sous le coup de l’émotion en apprenant
qu’une si grande part du chemin avait été accomplie – alors même
qu’elle te le demandait chaque jour en se lamentant. Je n’avais pas
encore atteint la vérité mais j’étais déjà arraché aux erreurs. Mieux
encore : elle était certaine que tu lui accorderais le reste, toi qui avais
tout promis. Très calme, avec une grande sérénité de cœur, elle m’a
répondu qu’elle avait confiance en Christ, et qu’avant d’émigrer de
cette vie, elle me verrait catholique et fidèle. Cela, c’était pour moi.
Mais pour toi, source de compassion, elle priait et pleurait davantage
encore pour accélérer ton aide et éclairer ma nuit. Elle courait à
l’assemblée avec plus de passion, suspendue aux lèvres d’Ambroise, à
la source d’où jaillit la vie sans fin. Elle aimait cet homme comme un
ange de Dieu. C’est lui, elle le savait, qui m’avait conduit à cet entre-deux équivoque et flottant. Elle prévoyait que je passerais de la maladie
à la santé, que ce serait un passage dangereux et très étroit – la période
critique, selon les médecins.
    2.
    Un jour, elle apporte de la bouillie, du pain et du vin sur les tombes
des saints, selon la coutume africaine. Elle se heurte à l’opposition du
gardien. Elle apprend que l’interdiction vient de l’évêque. Elle l’accepte
avec tant d’amour et d’obéissance que je suis stupéfait de la facilité avec
laquelle elle préfère condamner alors sa propre habitude plutôt que de
braver l’interdiction.
    Le vin, chez elle, n’était pas une addiction. Elle n’allait pas jusqu’à
mentir par amour du vin, comme tant d’hommes et de femmes qui, aumoment du refrain sur la sobriété, sont pris de nausée comme des
ivrognes devant une tisane. Quand elle apportait sa corbeille d’offrandes,
qu’elle goûtait avant la distribution, son palais très sobre se contentait
d’un petit verre de vin allongé qu’elle s’accordait par convenance. Si plusieurs tombes lui paraissaient mériter le même honneur, elle se servait
partout de son unique et même verre qu’elle portait à la ronde. Le vin
était non seulement largement coupé d’eau mais complètement tiède
aussi quand elle le partageait en toutes petites gorgées avec sa famille. Elle
suivait ainsi son devoir et non son plaisir. Elle a compris les raisons de
l’interdiction du brillant prédicateur, inégalable serviteur de l’amour.
interdiction qui s’appliquait aussi à ceux qui restaient sobres. Il ne fallait
pas donner un prétexte de beuverie aux ivrognes, et ces fêtes familiales
s’apparentaient trop aux superstitions des païens. Elle y renonça donc
avec plaisir. Plutôt qu’un panier rempli des fruits de la terre, elle apprit à
apporter sur les tombes des saints un cœur rempli de pures prières. Pour
donner ainsi ce qu’elle pouvait aux pauvres et faire célébrer dans ces
lieux la communion du corps du Seigneur dont la passion a servi de
modèle au sacrifice et au couronnement des martyrs. Mais il me semble,
mon Seigneur Dieu – et du fond de mon cœur, sous ton regard –, que
peut-être ma mère n’aurait pas facilement accepté d’être privée de cette
habitude si l’interdiction était venue d’un autre qu’elle n’eût pas aimé
comme Ambroise. À cause de moi, elle l’aimait à la folie. Et lui l’aimait
pour sa très grande confiance intérieure, pour le bien qu’elle faisait avec
ferveur en fréquentant l’assemblée. Souvent quand il me voyait, il se
répandait en éloges sur elle, en me félicitant d’avoir une mère comme elle.
Il ne savait pas quel fils j’étais pour elle. Je doutais de tout. Je n’imaginais
pas une seule seconde pouvoir découvrir le chemin de la vie.
    3.
    Je ne t’appelais pas encore à mon secours en gémissant. J’étais concentré sur ma recherche. Raisonnant sans repos. Pour moi, Ambroise était un
homme heureux, selon les critères du monde. Avec tous les honneurs dus
à ses hautes fonctions. Seul son célibat me paraissait douloureux. Mais il
faisait preuve d’un tel espoir. Il devait lutter contre les épreuves de sa
propre grandeur, mais quelles consolations dans l’adversité que la joiedélicieuse de la bouche secrète de son cœur qui

Weitere Kostenlose Bücher