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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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jamais elle devenait ivre, à l’idée de lâcher des informations confidentielles susceptibles de parvenir aux oreilles de n’importe qui. Une autre développa la phobie de parler dans son sommeil.
    Il y avait cependant des entorses au principe de la discrétion absolue. Certains se confiaient pour des raisons des plus innocentes et humaines. Ainsi, J. B. Perrott a rapporté l’incident suivant à l’administrateur de Bletchley Park, Nigel de Grey. Appartenant aux Transmissions, Perrott déposa un rapport officiel qui figure aujourd’hui encore dans les archives :
     
    Le 18 février 1943, j’ai fait la connaissance de [la Wren] Gwen Knight à un récital de la Gramophone Society de Harpenden. À la fin de la représentation, une fois à la gare de Harpenden, elle a déclaré qu’elle savait quel type de travail était effectué dans cette institution. Elle a mentionné des termes tels que « requin », « cafard », « pinson », ainsi que l’expression « BP » […] J’ai vérifié si elle évoluait d’une manière ou d’une autre dans le domaine du chiffre […] À ma connaissance, la Wren Knight donne des garanties sur le plan de la sécurité. Il semblerait que ses parents ne sachent pas du tout quelle est la nature de son travail. Elle est soi-disant en train de suivre une formation de « rédactrice ». J’estime que les remarques superflues qu’elle a faites le 18 février n’étaient destinées qu’à m’impressionner.
     
    Nigel de Grey était enclin à partager ce point de vue. Il répondit au colonel Wallace en faisant les remarques suivantes :
     
    J’ai personnellement interrogé la Wren en question et je ne pense pas qu’elle transgresse de nouveau les règles. Je lui ai donné le nom de l’officier qui a fait un rapport sur elle et je pense que cela suffira à refroidir un peu leur relation. Elle a commis l’erreur fatale de penser que quiconque en liaison avec nos services était en droit de partager les informations qu’il avait en sa possession…
    Il est toujours extrêmement utile pour moi de savoir quand les gens font fausse route.
     
    Plus inquiétant encore, il semblerait que, parfois, des informations aient pu filtrer en dehors du cercle des Wrens et garçons des Transmissions, comme l’atteste ce rapport angoissé d’un certain M. Fletcher, du Bâtiment D, adressé à de Grey :
     
    M. Chicks, employé de la British Tabulating Machine, chargé de l’assemblage final des bombes cryptographiques, était récemment chez lui à Chelmsford, où son père est chef d’atelier. Son père lui a dit qu’il avait rencontré un homme, inspecteur du ministère de l’Air, qui a déclaré en apprenant que son fils travaillait chez BTM, à Letchworth : « Oh, je sais ce qu’ils font là-bas. Ils fabriquent des machines à décoder. » Chicks n’a pas confirmé ni infirmé l’information à son père, mais il lui a dit qu’il valait mieux qu’il n’en parle pas.
     
    Comme il le montra dans sa réponse, ce cas posait quelque peu problème à de Grey : « Il va falloir suivre cette affaire, encore que Travis souhaite que j’insiste sur le fait qu’il est délicat de partager, même avec le MI5, le secret de ces bombes… »
    Un peu plus tard, un petit nombre d’officiers américains trouvaient apparemment difficile eux aussi de ne pas faire allusion à ce qu’ils faisaient. Un certain lieutenant Skalak semblait loquace de façon alarmante lorsqu’il était en compagnie d’officiers britanniques ou qu’il dansait avec des Wrens, à tel point que Bletchley Park réussit à persuader le FBI d’enquêter minutieusement sur ses antécédents. La loyauté de Skalak ne pouvait être remise en cause. Il avait simplement fait preuve d’un excès d’enthousiasme. C’était apparemment le cas d’un jeune opérateur de machine de Letchworth qui avait évoqué à demi-mot, en société, l’importance de son travail : « Il semble être un type bien, écrivit un colonel à la suite d’une enquête fouillée. N’empêche qu’une petite frayeur salutaire ne lui ferait pas de mal. »
    Un ancien du Park se souvient de l’arrestation d’un agent administratif situé au bas de l’échelle : « Je me souviens de John Harrington parce qu’il a disparu. Lorsque je me suis rendu au Service comptabilité, j’ai eu le choc de ma vie. Deux grands gaillards du MI5 l’entouraient. C’était un homme d’une grande intelligence et j’avais demandé à

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