Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale
Mlle Molesworth pourquoi quelqu’un de si intelligent faisait ce genre de travail. Il semblait savoir plein de choses dans tous les domaines. J’en ai parlé à Mlle Molesworth et c’est pour ça qu’il s’est fait prendre. C’était un espion. »
En règle générale, quand on soupçonnait une quelconque indiscrétion, il semble que l’on intervenait rapidement et discrètement. La méthode de Bletchley pour garantir le silence consistait visiblement à dépêcher un agent de renseignement afin d’intimider le coupable. « L’ennui, avec les mesures draconiennes, écrivit le colonel Vivian à Nigel de Grey, c’est que cela a tendance à attirer l’attention plutôt qu’autre chose. »
En dépit de tout le sérieux et de la tension constante entourant les questions de sécurité, certaines affaires prêtaient plutôt à rire. On commettait par mégarde des indiscrétions dans les endroits les plus surprenants : les magazines d’écoles et de paroisses. Il arrivait que l’on écrive un article élogieux sur d’anciens élèves célèbres ou notables de la paroisse, dans lequel on indiquait qu’ils travaillaient à Bletchley Park.
Le cas d’un logeur situé près de Bletchley, le révérend Harry L. Clothier, fut porté à l’attention de Nigel de Grey. Contrairement à la plupart des autres habitants de Bletchley, il n’arrêtait pas d’essayer de soutirer des informations à ses jeunes locataires sur ce qu’ils faisaient. À première vue, cela semblait plutôt sinistre, mais il s’avéra que le vénérable pasteur pensait jouer à une sorte de jeu. « En tant qu’hôte, le révérend Clothier est très gentil, écrivit le colonel Vivian à de Grey. Je pense que le moment est venu de l’avertir officiellement de la boucler. En fait, je crois qu’il a besoin d’une bonne frayeur… Ce n’est pas un mauvais bougre, il est tout simplement bête. »
Curieusement, le MI5 commença à s’inquiéter que l’on puisse avoir recours à l’hypnose afin d’arracher des confessions sur les activités menées à Bletchley. Cette soudaine inquiétude était due à la dépression nerveuse dont avait souffert un officier. Les services de renseignement commencèrent à avoir à l’œil son médecin, qui exerçait sur l’île de Man, quand il devint évident qu’il se servait de l’hypnose comme traitement pour soigner ses patients. Il n’existait aucune preuve confondante, mais certains au sein du MI5 considéraient ce traitement comme de la magie noire. Et le fait est que son utilisation potentielle à des fins d’espionnage frappe indéniablement les imaginations.
La direction de Bletchley Park était en permanence préoccupée par les dangers inhérents à l’ivresse. Par exemple, une vague d’inquiétude déferlait si l’on entendait dire que des membres du personnel avaient évoqué, lors de réceptions chic, des sujets confidentiels. Une autre source d’anxiété concernait ceux qu’ils désignaient sous l’expression de « personnes supérieures », par exemple d’éminents professeurs d’université qui estimaient que ce principe rigoureux de confidentialité « ne s’appliquait pas à eux ». En outre, le courrier personnel était épluché et automatiquement censuré. Un officier de renseignement écrivait ceci : « Je joins six lettres que j’estime devoir être examinées. »
On débattait également des problèmes potentiels que pouvait causer le mariage. Nigel de Grey déclara que le « meilleur moyen est d’avertir les jeunes femmes, concrètement, contre le danger de révéler à leur futur mari la nature de leur travail ». Cette précaution s’avéra extraordinairement bénéfique au fil du temps. Les femmes ne disaient rien à leur mari et inversement. Dans le même temps, il a fallu mettre en garde de jeunes Wrens vulnérables contre des « escrocs », par exemple des soldats américains apparemment de confiance, qui les trompaient en leur disant des choses comme « Je sais tout sur vous ».
En 1942, un communiqué saisissant fut publié à l’intention de tous les employés de la GC&CS, appelant à leur sens des responsabilités personnelles plus qu’institutionnelles :
Le secret. Un sujet peut-être très simple ou tout du moins qui devrait l’être. Mais divers incidents ont révélé qu’il n’en était rien, même pour le plus intelligent d’entre nous, même pour ceux occupant des postes subalternes. Mois après mois, on
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