Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Turing, avait des penchants homosexuels qu’il avait assouvis par le passé.
    Knox est décédé en février 1943 et, avec lui, un certain style disparut. L’ancien univers de la cryptographie, apanage des spécialistes des lettres classiques versés dans les antiquités labyrinthiques, avait laissé place à une nouvelle ère mathématique faisant la part belle aux technologies. C’était la naissance de l’informatique. Knox a su remarquablement se placer entre ces deux univers et ce jusqu’à la fin.
    Aussi ingénieuses que puissent être les machines Enigma, un système de chiffrement plus complexe viendrait immanquablement les supplanter. Il était tout aussi inévitable que, face à de telles exigences, les théoriciens et ingénieurs de génie qui travaillaient pour Bletchley Park seraient à l’origine d’avancées technologiques gigantesques.
    Tommy Flowers, surnommé le « cockney 44 intelligent », est associé à cette ingéniosité technique. Certains affirment que son nom devrait être connu de tous car il est celui qui a réalisé tous les rêves d’Alan Turing et favorisé l’avènement de l’ère informatique.
    En 1943, Bletchley Park avait vu la création d’une nouvelle section baptisée « Newmanry ». Créée sous l’égide du professeur et mathématicien Max Newman du St John’s College de Cambridge, son principe était de trouver des moyens de craquer les codes en utilisant des machines plus évoluées.
    C’était déjà le professeur Newman qui, dans les années 1930, grâce à ses cours sur les « approches mécaniques » destinées à résoudre les problèmes mathématiques, incita Alan Turing à commencer à réfléchir au concept des « bombes de Turing ». Newman avait en effet eu Turing comme étudiant. Né en 1897, il était très populaire au Park. Nombre d’anciens se souviennent de son ouverture d’esprit et de son enthousiasme pour toutes les personnes partageant ses idées. Un sergent américain, George Vergine, dit ceci à son propos :
     
    Max Newman était un type merveilleux et je suis heureux d’avoir fait sa connaissance […] nous prenions régulièrement le thé ensemble […] et nous parlions problèmes de mathématiques, développements, techniques […] un thème était inscrit au tableau et tous les analystes, Newman y compris, venaient, leur tasse de thé à la main, cogiter et voir si cela pourrait être utile pour craquer les codes.
     
    En dehors d’Enigma, le haut commandement allemand utilisait désormais également les télescripteurs Lorenz pour transmettre leurs messages chiffrés. Ils employaient le système Baudot Murray, série de trous (mais ce n’était pas du morse) percés sur des bandes, chaque série de cinq trous, selon différentes configurations, représentant une lettre de l’alphabet. Ces communications (que l’on appela « Fish » ou « Tunny » à Bletchley Park) étaient cruciales parce qu’il s’agissait souvent de messages à destination ou en provenance du haut commandement allemand et pas de simples échanges entre les hommes de terrain. Elles concernaient des ordres donnés par le Führer à ses généraux.
    Un jeune chimiste et mathématicien, W. T. Tutte, fut à l’origine d’une percée capitale de ce système complexe. Pendant ce temps, Alan Turing, de retour d’un séjour aux États-Unis de plusieurs mois, se lança avec enthousiasme dans des discussions sur le sujet, après avoir passé le voyage à lire des ouvrages sur la science des circuits électroniques. Turing passa de nombreuses semaines à bâtir des méthodes de craquage baptisées « Turingismus ». Un certain Dr Charles Wynn-Williams était également présent à Bletchley Park, expert en circuits électroniques évoluant dans la recherche sur les radars, qui avait obtenu les ressources nécessaires pour fabriquer des circuits binaires dotés de valves électroniques permutant mille fois plus vite qu’un relais.
    Ce fut à ce stade que l’on fit appel à l’expertise de la station de recherche du Post Office 45 de Dollis Hill. Dollis Hill est une jolie banlieue du nord-ouest de Londres qui surplombe Wembley et d’où l’on peut voir le centre de Londres. L’établissement en question, qui renfermait également un bunker souterrain à l’intention de Churchill, était situé au sommet d’une colline. C’est là qu’était basé Tommy Flowers. Aux côtés de Wynn-Williams, Flowers entreprit de commencer à bâtir une