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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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célèbre pianiste de renommée mondiale Myra Hess est venue jouer un soir. Le chanteur d’opéra Peter Pears a également franchi les portes du Park.
    Tout aussi impressionnant, Bletchley Park organisa deux ballets, faisant là aussi venir de Londres des professionnels. Lorsque l’on regarde la première scène du film de 1948 de Powell et Pressburger intitulé Les Chaussons rouges (une foule de jeunes gens jouent des coudes pour entrer dans l’opéra de Covent Garden afin de voir la première d’un tout nouveau ballet à la composition et à la chorégraphie spéciales), on pense à toute une génération privée de ce genre de stimulation artistique. On imagine facilement comment les jeunes de Bletchley se précipitaient le cœur en fête sur ces divertissements pour intellectuels afin d’oublier leur travail vital mais souvent extrêmement répétitif et pénible.
    Au cours de la guerre, un Cinéclub fit également son apparition, concurrençant sans doute considérablement les deux cinémas qui animaient le centre-ville de Bletchley. Il s’agissait bien entendu d’une période où la fréquentation des cinémas était encore très élevée en Grande-Bretagne. Les gens y allaient une, voire deux fois par semaine. Oliver Lawn se souvient avoir vu des récits épiques tels que Song of Bernadette au Bletchley Odeon.
    Un film de cette époque nous éclaire non seulement sur l’humeur de la nation, mais illustre également cette soif, affichée si clairement à Bletchley Park, de choses meilleures. En 1944, Laurence Olivier quitta la marine pour venir réaliser lui-même, non sans incidents, Henry V , de Shakespeare. Les commentateurs ont longtemps remarqué comment les motivations politiques de Henry ont été mises en sourdine pour ce film, afin que le public ne passe pas à côté de la dimension patriotique de ce qu’ils voyaient à l’écran : des soldats anglais se préparant à combattre sur le sol français, derrière un leader charismatique.
    Mais cet Henry V allait bien au-delà d’un simple exercice démagogique destiné à regonfler le moral quelques semaines avant le Débarquement. Il s’agissait de reprendre le langage de Shakespeare et, par extension, l’ héritage du public, pour la culture duquel ils s’étaient battus, et de le faire vivre dans toute sa plénitude. Avec la musique de William Walton, il s’agissait presque inconsciemment d’un film destiné à proclamer la persévérance et l’inflexibilité de la culture et de l’art anglais.
    Le Cinéclub de Bletchley Park était, comme le rappelle un ancien, plus du genre à projeter des films tels que Night Train , voire des films allemands étranges. Il faut garder à l’esprit que c’était bien quinze à vingt ans avant que le cinéma ne commence à être considéré comme un art.
    Des cours de langue (en marge des cours formels de japonais donnés à Bedford pour ceux travaillant sur la machine américaine Purple) étaient également dispensés. En dehors des langues vivantes habituelles, il était également possible d’apprendre le latin.
    On ne comptait pas seulement des activités intellectuelles, mais aussi des clubs plus populaires. Sheila Lawn témoigne :
    À Newport Pagnell, nous formions un club très informel. C’était plus un club de marche qui servait du thé et du café. Tout le monde était le bienvenu et nous rencontrions des gens du village. Tous ceux de Bletchley logés là s’y retrouvaient.
    Ensuite, pendant vos jours de repos, si l’un de vos amis ou camarades était lui aussi en repos, vous pouviez convenir de partir avec les autres, visiter Londres, si vous en aviez les moyens, ou faire une balade dans la campagne. Lorsque j’ai rencontré Oliver, je me souviens que nous sommes descendus à Stratford en train pour aller voir une pièce.
     
    Vers la fin de la guerre, cet engouement pour la danse fut la source inattendue d’une faille de sécurité qui créa la panique à Bletchley Park. Les efforts fournis par les autorités de Bletchley pour offrir une salle de danse étaient parvenus aux oreilles d’un journaliste de Londres, Harry Procter, qui travaillait au Daily Mail . En excellent journaliste d’investigation, Procter avait flairé l’histoire, provoquant la publication d’une note sèche et plutôt alarmiste de Bletchley :
     
a) Surveiller un éventuel appel d’Harry Procter, du Daily Mail , qui demandera « Bletchley » ou « l’annexe provinciale du ministère des

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