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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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machine affectueusement baptisée « Heath Robinson » 46 .
    Certains anciens de Bletchley avaient dit de cette machine qu’elle « tenait par des élastiques et des bouts de ficelle ». Malgré son allure comique, elle était capable de faire fonctionner à grande vitesse des bandes de télescripteur, comme une bombe ultrarapide, avec un débit de 1 000 caractères à la seconde. Cette machine devait ouvrir la voie à la naissance de son successeur, la Colossus.
    La Heath Robinson fit de son mieux, surtout grâce à sa vitesse exceptionnelle, démontrant qu’elle pouvait servir à trouver les paramètres des rotors de la machine générant les codes « Tunny ». Comme il s’était avéré impossible de craquer manuellement ces codes et que la machine présentait l’avantage d’être très rapide, Bletchley en commanda douze modèles perfectionnés.
    Malgré l’assistance de la machine, le travail demeurait laborieux. Voici ce qu’en dit le capitaine Jerry Roberts :
     
    Ils [dans le baraquement] plaçaient le message à déchiffrer sur la table et si vous ne parveniez pas à le mettre en clair, vous le placiez sur une pile et quelqu’un d’autre pouvait alors faire à son tour une tentative. Et s’ils parvenaient à le déchiffrer, c’était parfait.
    Mais cette pile de messages non déchiffrés n’était jamais haute. J’en déduisais que nous percions plus de quatre-vingt-dix pour cent des messages que nous recevions.
    Cela demandait assurément de la patience, mais n’oubliez pas que le taux de réussite était élevé et que, même s’il fallait quatre, cinq ou huit heures pour déchiffrer le trafic d’une journée, la récompense était exceptionnelle car les informations découvertes permettaient de déchiffrer encore plus de messages.
     
    L’entreprise pouvait s’avérer décourageante. En 1944, un casseur de codes légèrement réticent, Roy (qui devint par la suite Lord) Jenkins, fut retiré du service actif pour être placé dans la Newmanry. Il semble que d’autres brillants personnages assistaient à ce cours intensif de cryptanalyse sur les codes « Tunny » se déroulant à Bedford. Lord Jenkins écrit ainsi dans ses Mémoires :
     
    J’ai reçu des instructions de la part du ministère de la Guerre me demandant de fournir un travail de renseignement spécial et de suivre, à partir de janvier, un « cours » à Bedford dont la nature n’était pas spécifiée. À Bletchley Park, je donnais dans la cryptographie et je travaillais sur des messages provenant du haut commandement allemand de Berlin et destinés aux différents chefs sur le terrain, à savoir Rundstedt, Kesselring, Mannstein, Rommel et plusieurs autres. A. D. Lindsay avait été impliqué et avait décidé que le rôle traditionnel des Masters of Baillol […] consistant à placer des hommes issus de Baillol 47 à des postes qu’ils jugeaient adaptés, l’emportait sur l’irritation que pouvaient provoquer mes mauvaises notes en philosophie. J’ignorais pourquoi il estimait que je ferais un meilleur cryptographe que philosophe, mais le fait est que son intervention fut décisive.
    Les participants au cours de Bedford donnaient l’impression d’avoir été réunis de manière incongrue. Il y avait Charles Buckingham, conservateur érudit du British Museum qui portait un uniforme de soldat […] On y trouvait également Francis Dashwood, de West Wycombe Park, civil recruté directement à l’école, un sous-lieutenant universitaire très terne de la région des North Middlands, qui était mon colocataire, un sous-officier raffiné, élève du collège d’Eton, qui vivait sur Sloane Street, ainsi que dix autres personnes dont je n’ai pas un souvenir précis.
    Comme l’a rappelé Jenkins dans une interview : « Des nuits entières n’aboutissaient à rien. Pas un seul message déchiffré. On faisait des tentatives, on retournait le problème dans tous les sens par une triste nuit bien longue. La frustration nous gagnait et on avait le cerveau en ébullition. Je me souviens d’une nuit où j’ai déchiffré treize messages. Mais il y avait aussi plein de nuits affreuses où, avec un peu de chance, je n’en perçais qu’un. C’était épuisant. » Et comment ! Un autre ancien se souvient que Jenkins, même s’il était d’une intelligence exceptionnelle, « n’était pas le plus doué des casseurs de codes ».
    Mais, quand on était dans une bonne passe, le travail était extrêmement

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