Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale
Affaires étrangères » et souhaitera parler au secrétaire du club.
b) S’il reçoit cet appel, l’opérateur devra répondre après un temps d’attente que le secrétaire du club est absent et demander le numéro de Procter afin de le rappeler.
c) Le « magnifique dancing » sera tourné en plaisanterie et nous expliquerons que nous avons construit une petite salle temporaire dans l’enceinte du bureau pour nous divertir.
Il est agréable de voir, à travers cette manœuvre, que la « manipulation » est plus ancienne que certains ne le croient.
Mais la couverture médiatique des activités de loisirs de Bletchley n’était pas systématiquement vue d’un mauvais œil. Les productions théâtrales semblent avoir eu un impact considérable sur les habitants de Bletchley et de la région. Dès la fin de la guerre, la Bletchley Gazette écrit avec regret que le Bletchley Park Drama Group produisait sa dernière pièce et revient avec bienveillance sur les dernières années de production. Le journaliste, qui n’a pas signé son article, écrit ceci :
Les premiers temps, le Group était extrêmement demandé dans la région et parcourait la campagne à l’aide des moyens de transport de BP afin de donner des spectacles, conjointement avec The Musical Society, dans les salles des fêtes des villages […] par la suite, les demandes furent si nombreuses qu’elles ne purent être satisfaites […]
Le Group devait beaucoup aux gens et particulièrement aux commerçants de Bletchley, qui leur avaient toujours apporté un soutien massif sous forme de prêt de couverts et de meubles et, en une occasion, de gargarismes !
Le Group rendit la pareille en entreprenant une reconstitution historique mobilisant 600 personnes en costume…
Cet article de la Bletchley Gazette souligne les reproches de quelques habitants de Bletchley concernant la vie oisive des recrues du Park, car il devait assurément falloir beaucoup de temps pour parvenir à cette excellence théâtrale. Le journaliste prit parti pour le Park, sans pour autant fournir d’indices sur les activités qui y étaient menées :
L’opinion selon laquelle les gens du Park avaient tout le temps de répéter […] fut rapidement battue en brèche. La vie au sein du Park n’avait rien d’amusant. Le transport vers et depuis leur lieu d’hébergement, des horaires de travail difficiles, l’étrangeté de la vie collective. Et le Drama Group avait permis à de nombreuses personnes d’échapper à une existence consistant simplement à « travailler, manger et dormir ».
Mais ça ne se résumait pas à cela. Il s’agissait de jeunes gens à la créativité spontanée qui, malgré leurs responsabilités terrifiantes, avaient à cœur de maintenir l’art et la culture, autant d’éléments qui seraient cruciaux une fois le conflit terminé et la phase de reconstruction de la nation entamée.
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1943-1944 : l’avènement de Colossus
Début 1943, Dilly Knox était mourant. L’année précédente, dans l’obligation de se faire opérer face à la récidive de son cancer, il avait été hospitalisé mais avait rechigné à remonter sur la table d’opération car il estimait que le corps d’un homme n’était pas « de la plomberie ». Les derniers mois, il avait donc travaillé depuis son domicile, une maison située près de Chilterns, où il vivait en compagnie de sa femme Olive (qu’il avait rencontrée lors de la Première Guerre mondiale dans les couloirs de l’Amirauté ; ils s’étaient mariés en 1920 et avaient eu deux garçons).
Soigné par sa femme, il se savait condamné à brève échéance, mais ne souhaitait aucune compassion de la part de ses proches et amis. Il écrivit ainsi :
A wanderer on the path [Errant sur le chemin]
That leads through life to death [Qui parcourt la vie jusqu’au trépas]
I was acquainted with [J’ai découvert]
The tales they tell of both [Les histoires que l’on raconte à leur propos]
But found in them no truth [Mais qui ne renferment aucune vérité]
Mais c’est à ce moment qu’il apprit qu’on l’avait élevé au rang de Compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges (CMG). Son fils Oliver écrit ceci sur Knox à propos de cette période :
Il n’était pas du genre à se laisser abattre. À l’époque, je devais avoir 18 ou 19 ans. On m’a accordé une permission exceptionnelle pour que je sois à ses côtés pour ses derniers
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