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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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de l’East End de Londres. Fils de maçon, son histoire illustre à merveille le pouvoir de l’éducation à une époque où la notion de « mobilité sociale » n’était pas du tout en vogue.
    Dès l’enfance, Flowers montra un talent précoce pour la mécanique et la science qui lui permit de remporter une bourse dans une université technique. Dans les années 1920, il participa ainsi à un concours pour devenir ingénieur stagiaire en téléphonie, qu’il remporta. Les premiers téléphones furent mis en place par le Post Office. Grâce aux progrès techniques, il s’agissait du moment idéal pour entrer dans un secteur qui devenait passionnant. Le réseau téléphonique s’automatisait progressivement avec l’arrivée de la composition directe, sans l’intervention d’une opératrice, et on attendait des ingénieurs du Post Office qu’ils suivent les dernières innovations.
    Flowers fut ainsi contraint de suivre des cours du soir car la générosité de ses nouveaux employeurs se limitait à l’attribution de ce poste. Il travaillait donc le jour et étudiait la théorie la nuit. Cette assiduité et son enthousiasme lui valurent d’être détaché à l’institut de recherche du Post Office, au sommet de Dollis Hill.
    Il s’adonnait désormais à de la recherche particulièrement poussée sur des thèmes tels que la composition directe pour les appels internationaux. Il fut donc amené à travailler sur des circuits électriques et à explorer les différentes utilisations de l’électronique, science qui en était encore à ses premiers balbutiements. Des années plus tard, l’électronique fascinerait aussi Alan Turing, au Trinity College de Cambridge.
    Les deux hommes se rencontrèrent pour la première fois à Bletchley Park en 1939. Le Dr Gordon Radley, directeur du département de recherche du Post Office et patron de Flowers, avait demandé à ce dernier de l’accompagner. Ensemble, ils furent les deux premiers membres d’une toute petite équipe d’ingénieurs mis dans le secret des dieux à propos d’Enigma.
    Lors des premières réunions, Flowers et Turing se découvrirent une certaine affinité. Turing trouvait assurément plus facile de parler à Flowers que beaucoup de gens, peut-être en raison de l’enthousiasme très naturel de l’homme, ainsi que de son expertise. Il régnait entre eux un respect mutuel. En dehors des visites de Flowers à Bletchley Park, Turing se rendait à Dollis Hill, dans l’atelier de Flowers.
    Lors de ces premières rencontres, leurs conversations portèrent notamment sur l’éventualité que Flowers construise une machine capable de déchiffrer Enigma grâce à l’électromécanique. Ce genre d’idée n’était pas très réalisable à l’époque car la technologie n’était pas prête. Mais Flowers garda le principe dans un coin de sa tête.
    Cependant, Flowers avait beau s’entendre avec Turing, il subissait le dédain de Gordon Welchman. Cela apparut clairement fin 1941 alors que le spécialiste des circuits Charles Wynn-Williams travaillait sur une nouvelle machine à déchiffrer baptisée Mammouth, l’un des ancêtres de Colossus. Elle nécessitait des sondes électroniques et leur fabrication fut déléguée à Flowers. Mais, plutôt que de travailler sur les modèles fournis par Wynn-Williams, Flowers fabriqua des sondes de son côté, qui ne donnèrent pas satisfaction. Il s’ensuivit une friction. Welchman commença à parler d’un ton sarcastique de « M. Flowers de Dollis Hill ». Il affichait ouvertement sa préférence pour l’expertise de Wynn-Williams.
    Cette dissension, apparemment due à l’utilisation de relais et non de valves électroniques, plus novatrices mais non testées, dura encore plusieurs mois. Welchman laissa en plan Flowers et ses collègues de Dollis Hill, leur préférant l’expertise de la British Tabulating Machine Company et d’Harold « Doc » Keen, lequel avait joué un rôle clé dans la construction des premières bombes cryptographiques britanniques.
    Il semble que cela mit à mal la fierté de l’équipe de Dollis Hill. À l’occasion d’une réunion, Flowers, selon le récit de Welchman, déclara que « l’on ne devait pas laisser passer ça à Keen ». Il semblait faire référence au fait que, depuis les premières bombes, BTM n’avait réalisé aucune avancée.
    Plus Flowers gagnait en assurance, plus Welchman se montrait dédaigneux. Dans une note du 4 juin 1943, il

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